Rémy Chabbouh est pompier professionnel et syndicaliste. Il a été le porte-voix zélé des pompiers du Rhône durant une grève historique de cinq mois, suspendue jusqu'en octobre, dont les doléances sont remontées jusqu’aux oreilles du ministre de l’Intérieur.
Pompier professionnel et secrétaire national Sud SDMIS (Service départemental-métropolitain d’incendie de secours de Lyon), Rémy Chabbouh a été le porte-voix zélé des pompiers du Rhône durant une grève historique de cinq mois, dont les doléances sont remontées jusqu’aux oreilles du ministre de l’Intérieur. Le mouvement social, sans précédent, a été “suspendu” fin février, en attendant l’application, en octobre, des mesures annoncées par la Métropole de Lyon, principal financeur de soldats qui “mouraient à petit feu”. Un préavis de grève a d’ailleurs été déposé à cette date pour “maintenir la pression et l’épée de Damoclès” sur la collectivité qui, “en jouant avec les allumettes”, a embrasé une situation tendue depuis des années.
Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ?
Rémy Chabbouh : Je dirais plutôt une vraie gueule car je dis les choses que je pense. C’est la réputation que j’ai dans le milieu des pompiers volontaires. Au moins, ils savent à quoi s’en tenir (rires).
Quand on est dans le syndicalisme, qui plus est représentant syndical, avoir le verbe haut est-ce une option ou une exigence ?
C’est absolument nécessaire, mais pas que. Il faut être capable de manier la caresse et le fouet avec ses interlocuteurs, capable de mobiliser cinq cents personnes, capable de se retrouver autour de la table de négociation, de faire des propositions et trouver un consensus. Et puis surtout, quand on nous balade, il faut être en mesure de dire : “Là, vous nous prenez pour des cons !”
Comment chez Sud, redouté et considéré comme constitué de meneurs d’actions qui entravent le système, concevez-vous le syndicalisme ?
C’est moi qui ai créé le syndicat Sud SDMIS au printemps 2004, avec des collègues, et on est aujourd’hui ultra majoritaires chez les pompiers du Rhône. Sud, c’est un syndicalisme différent. Mobiliser dans la rue, c’est bien, ça marchait il y a trente ans, mais aujourd’hui, il faut de l’argumentaire juridique pour pouvoir convaincre. Moi, la justice, j’ai de moins en moins confiance. Elle est totalement acquise aux administrations et aux collectivités qui nous épuisent financièrement, et, il faut le redire, grâce aux contribuables qui crachent ! Du coup, on cherche des militants qui savent manier à la fois le verbe et la plume. On n’est plus simplement dans le rapport de force de terrain pur et dur, comme la CGT qui dit trop souvent “non”, ni des intellos comme la CFDT, incapables de mobiliser dans la rue. Et puis Sud, c’est l’horizontalité, pas comme la verticalité absolue des organisations traditionnelles.
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