Mardi 13, à 20h, les Cheminots entrent en action contre le gouvernement par une grève reconductible, pour préserver leurs régimes spéciaux. Le 20 novembre, ce sera au tour des fonctionnaires. Quant aux étudiants, ils entendent aussi bloquer leurs facs. Lyon Capitale a rencontré Pierre Coquan, secrétaire général de l'Union départementale CGT du Rhône, l'un des principaux artisans de cette mobilisation.
Lyon Capitale : Les étudiants veulent montrer leur solidarité avec les cheminots en allant sur les piquets de grève. Qu'en pensez-vous ?
Pierre Coquan : La première chose à faire, c'est aider les cheminots à gagner la bataille de l'opinion publique, en montrant ce qu'ils vont perdre avec ces réformes des régimes spéciaux. Pour eux, c'est un mois ou deux de pension en moins. Qui accepterait de travailler plus pour gagner moins ? Pour le reste, les cheminots sont assez grands pour faire la grève et mener l'action telle qu'ils l'envisagent.
Un front commun des différentes revendications est-il possible et souhaitable ?
Aujourd'hui il y a plein de mécontentement. Quand il y a 7 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté et que le président de la République s'octroie une importante augmentation de salaire alors qu'il gagnait déjà 10 fois ce seuil de pauvreté, il y a les d'ingrédients pour qu'il y ait un mouvement social d'importance. Mais cela ne se décrète pas. Au niveau de l'Union Départementale CGT, nous travaillons à des rapprochements, notamment en faisant circuler l'information, en montrant qu'il y a des possibilités de relever la tête. En France, il y a la nécessité d'avancées sociales. Les moyens existent quand on sait que la loi de programmation militaire représente 60 milliards d'euros. Ça couvre facilement le déficit de la sécurité sociale. Nous obtiendrons des avancées par le rapport de force.
Sarkozy et Fillon ont promis qu'ils ne céderaient pas aux différentes grèves et manifestations prévues en novembre. Ne tombez-vous pas dans un piège en lançant tous ces mouvements en même temps ?
Un autre, en 1995, était lui aussi droit dans ses bottes. Il a été obligé de céder. Quand les cheminots se lancent dans une grève reconductible, on envisage un mouvement aussi dur qu'en 1995. On n'est pas dupe sur l'objectif du gouvernement. On sait qu'il tient un double discours car d'un côté il veut des organisations syndicales représentatives mais en réalité il veut prouver leur inefficacité : "vous pouvez faire des mouvements, nous on ne bougera pas".
La commission Attali préconise une baisse des dépenses publiques et une libéralisation tous azimuts, de quoi faire bondir les syndicats... Du coup, stratégiquement, n'est-ce pas un peu tôt pour se mobiliser si l'objectif du gouvernement est de décrédibiliser les syndicats pour faire passer ces réformes ?
C'est sa stratégie. Qu'il arrive à la mettre en œuvre, c'est autre chose... On s'attend à une série de mesures de libéralisation pour après les municipales. Mais si le gouvernement passe en force, on le bloquera de nouveau.
Infos pratiques
Le préavis reconductible commence mardi 13, à 20h. Pour se renseigner avant de prendre le train : 0805 90 36 35 ou le site www.sncf.com