Eric Davoine, commandant de la CRS83 de Chassieu
Eric Davoine, commandant de la CRS83 de Chassieu

"On est une unité hyper entraînée capable d'aller au contact"

A peine installée dans la métropole de Lyon, la CRS83 a passé son baptême du feu dans le quartier du Tonkin (Villeurbanne), et à Romans-Sur-Isère. Précisions avec son commandant Eric Davoine.

Romans-sur-Isère, le quartier du Tonkin à Villeurbanne. Baptême du feu mouvementé pour la toute nouvelle CRS83, déclinaison de la fameuse CRS8, installée vendredi 21 novembre à Chassieu.

La CRS83 ? 138 policiers, "hyper entraînés", mobilisables en 10 minutes montre en main, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365.

Missions de haute intensité, où le maintien de l'ordre "dégradé"

Pour Romans-sur-Isère - d'où sont originaires les meurtriers de Thomas, assassiné à Crépol, non loin de là et où sont descendus des membre revendiqués de l'ultra droite pour en découdre - "une soixantaine d'effectifs sont intervenus et ont permis de pallier les incidents qui auraient plus dégénérer", explique le commandant Eric Davoine, grand patron de cette nouvelle unité d'élite lyonnaise.

Particulièrement mobiles, pour s'adapter au terrain, la CRS83 a "rapidement pu circonscrire les incidents et procéder à une douzaine d'interpellations".

Coté Villeurbanne, dans le quartier du Tonkin, théatre de fusillades sur fond de trafic de drogue, il s'agissait plus d'opérations ciblées coordonnées au profit des services territoriaux, "pour aider nos collègues de sécurité publique à procéder à des interpellations".

Une "conflictualité de la société française"

Ensauvagement de la société, radicalisation de la société ? "On sent bien une conflictualité de la société française qui se décline de différentes façons", reconnaît Eric Davoine. Et de parler de "complexité aussi du maintien de l'ordre".


Retranscription intégrale de l'entretien avec Eric Davoine, commandant de la CRS83 de Chassieu

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Eric Davoine, commandant de la nouvelle CRS 83. Bonjour.

Bonjour.

Merci d'avoir accepté notre invitation. La CRS 83, qui est basée à Chassieu, dans la métropole lyonnaise, c'est, 138 policiers formés aux situations de maintien de l'ordre de "haute intensité", mobilisables en 10 minutes. Alors, à peine installée, baptême de l'air, ce week-end, à Romans-sur-Isère. Racontez-nous un peu, vous avez été mobilisable très rapidement ?

Oui, on a été mobilisable en moins de 10 minutes. C'est-à-dire qu'on a la moitié de la compagnie qui est consignée, 7 jours sur 7, ce qui fait que sur 365 jours sur 365, on est disponible. Ce qui fait que sur Romans, on a été préalerté, on a pu se rendre très rapidement sur les lieux pour intervenir.

CRS83, une unité mobile mobilisable en dix minutes

Une soixantaine d'effectifs ?

Une soixantaine d'effectifs qui étaient mobilisables en dix minutes. On a le temps du trajet, on a intervenu, et ça a permis de tout de suite pallier aux incidents qui auraient plus dégénérer.

Alors, vous me direz je me trompe, j'avais parlé de situations de maintien de l'ordre de haute intensité. On entend quoi par ça, haute intensité ?

Haute intensité, ça va être le spectre missionnel le plus haut, c'est-à-dire le maintien de l'ordre dégradé où il y a beaucoup de violences, soit des émeutes urbaines ou des maintiens de l'ordre, comme les Gilets jaunes quand il y a eu des incidents assez graves. Nous, on est spécialisé là-dedans parce qu'on a un recrutement spécialisé au niveau de nos effectifs.

Alors, le recrutement, il se fait comment en fait ? Il y a un recrutement spécial ?
Ah oui, tout à fait, ce sont des policiers internes. On a une moyenne d'âge de 36 ans sur l'unité et comme c'est une création, moi en tant que chef, j'ai pu réaliser les tests, j'ai pu faire le recrutement de chacun des fonctionnaires qui composent la CRS83, que ce soit des tests de tir, des tests physiques, un entretien, des questionnaires au niveau juridique, ce qui fait qu'on a une unité qui est sur un spectre missionnel un peu supérieur aux autres unités, même si on est dans une complémentarité. On ne peut pas faire tout tout seul, on a besoin d'unités traditionnelles également.

"On est capable de rentrer dans la foule et d'aller intervenir, en ayant même une forme de discrimination par rapport entre les manifestants qui sont calmes et ceux qui sont les plus violents."

Alors, on parlait de spécificité, c'est-à-dire le maintien de l'ordre de haute intensité, mobilisable en 10 minutes, est-ce qu'il y a aussi des spécialités ?
C'est-à-dire qu'on parlait un peu de recrutement, mais est-ce que ces effectifs, ils vont avoir quelque chose en plus ?


Alors, à quel niveau ça dépend ?

Alors, déjà, sur leur entraînement et sur leur équipement ?

Alors, l'équipement, c'est quasiment le même. On a plutôt des gens qui sont hyper entraînés, donc c'est vrai qu'on a une qualité de mobilité et de projection en temps réel qui va faire qu'on aura une efficacité assez rapide. Je vous ai parlé de tests de sélection, qui nous permettent d'avoir vraiment, alors je ne dirais pas l'élite des CRS, je ne dirais pas jusque-là, mais enfin une compagnie qui a une capacité opérationnelle qui est accrue, et ça va permettre aux décideurs, à l'autorité préfectorale, d'avoir tout de suite une réponse immédiate, parce qu'on est sur une unité de contact, on est capable d'aller au contact s'il y a besoin, on ne va pas le rechercher, parce qu'on a un cas juridique qui est républicain, mais par contre, si on a la nécessité sans fait besoin, on est capable d'aller sur le contact et d'avoir une action au profondeur. On est capable de rentrer dans la foule et d'aller intervenir, en ayant même une forme de discrimination par rapport entre les manifestants qui sont calmes et ceux qui sont les plus violents.

Et là, si on revient un peu sur Romans-sur-Isère, parce que c'est vrai que on n'est pas dans la métropole lyonnaise, mais c'est quand même à côté, et c'est vrai qu'on en parle beaucoup cet an-ci, donc effectivement plusieurs dizaines de membres de l'ultra-droite sont descendus dans les rues de cette bourgade où avait été assassiné le jeune Thomas. Comment vous êtes intervenu, vous ?

Tout de suite, on nous a parlé d'incidents, donc on s'est porté vers des groupes d'extrémistes qui cherchaient à rencontrer les gens de la cité, et donc on a intervenu tout de suite pour se mettre en opposition. Parce que ce sont des gens très mobiles, et c'est vrai que notre unité, par nos qualités physiques, on est extrêmement mobiles également, ce qui fait qu'on a pu très rapidement circonscrire les incidents et procéder à une douzaine d'interpellations.

"L'unité CRS83, par les qualités physiques de ses membres, est extrêmement mobile"

Ça, c'est ce qui fait votre spécificité, justement, cette mobilité ?

Cette mobilité, alors à la fois tactique, mais aussi au niveau physique, puisqu'on a des fonctionnaires hyper-entraînés, ce qui fait qu'on a cette capacité de mobilité qui est très importante. Et c'est un peu la volonté du ministère de l'Intérieur, le ministre de l'Intérieur, d'avoir un maillage pour justement, vous parlez de Romans, c'est une petite ville, d'avoir des effectifs rapidement sur des services territoriaux qui seront faibles en effectif lorsqu'il y a une crise majeure. On va apporter tout de suite une plus-value.

Là, c'est ça, c'est 138 policiers, la CRS83. Parce qu'on pense tous à la CRS8, la fameuse CRS8, est-ce que c'est quoi ? C'est une sœur de la CRS 8 ?

Oui, tout à fait, c'est une déclinaison de la CRS8. C'est pour ça qu'il y a la 81, la 82, la 83, et plus tard, il y aura la 84 sur Montauban, en 2024. On aura un maillage sur le territoire national qui nous permettra à la fois d'intervenir sur, je vous ai dit, la haute intensité, mais également faire des opérations ciblées coordonnées au profit des services territoriaux, comme on l'a fait lundi matin au Tonkin pour aider nos collègues de sécurité publique à procéder à des interpellations.

"On sent bien une conflictualité de la société française et une complexité du maintien de l'ordre"

Est-ce que vous sentez, vous, que, puisque vous êtes dans le métier depuis très très longtemps, est-ce qu'on en parlait un petit peu en amont de cette émission ? Est-ce que vous sentez, vous l'avez vu peut-être à Romans-sur-Isère, qu'il y a une situation en France, parce que vous, vous êtes au contact, vous êtes sur le terrain, est-ce que vous sentez que la situation, elle se tend un petit peu, elle se radicalise ?

Je dirais depuis les Gilets jaunes, on a changé un peu de paradigme au niveau du maintien de l'ordre. On sent bien une conflictualité de la société française qui se décline de différentes façons, mais effectivement, on peut s'apercevoir de ce fait. Et c'est vrai, c'est la complexité aussi du maintien de l'ordre. Vous savez que la démocratie, c'est quoi, c'est un accroissement perpétuel des libertés individuelles et la conjonction des deux, c'est ce fameux équilibre entre l'ordre public qui est nécessaire et les libertés fondamentales. Mais c'est vrai qu'au-delà de ça, on sent vraiment cette conflictualité.

Ce sera le dernier mot. Merci commandant Davoine d'être venu sur le plateau de 6 Minutes Chrono. Merci beaucoup. Au revoir.

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