Christine Di Domenico est professeure d’économie à l’EM Lyon. Elle livre son analyse sur le pouvoir d'achat, l'inflation, la consommation.
Lyon Capitale : Doit-on craindre une baisse du pouvoir d’achat ? Christine Di Domenico : En réalité, le pouvoir d’achat est déjà fortement impacté. Pendant les deux mois de confinement, près de 6,6 millions de personnes ont été placées en chômage partiel. Ces dernières ont perdu 16 % sur leur salaire net. D’après les chiffres donnés par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la perte de revenu pour les salariés en chômage partiel est de l’ordre de 2,7 milliards d’euros au minimum, soit 410 euros en moyenne par mois en moins pour huit semaines de confinement. Il y a donc bel et bien une perte de pouvoir d’achat. Et cela malgré l’amortisseur social qu’est le chômage partiel. Cela a mis l’économie “en apnée”, pour reprendre la formule de l’Insee. Quant aux travailleurs non salariés, ils sont plus d’un million supplémentaire sans revenus. Pour eux, la mise en place de mesures d’accompagnement spécifiques est beaucoup moins rapide que le chômage partiel. On voit donc qu’il y a une perte immédiate du pouvoir d’achat qui dépend directement du revenu disponible des ménages, c’est-à-dire du revenu dont disposent les ménages pour consommer après impôts et redistribution via les prestations sociales. Sans compter les personnes qui se sont retrouvées au chômage et qui n’ont pas de perspective de retour à un emploi immédiat. Elles seraient, à la fin mai, au moins 500 000. Selon l’OFCE, sur une population active de 29 millions de personnes, on compte déjà 9 millions d’individus impactés par une baisse des revenus, donc du pouvoir d’achat.Il vous reste 75 % de l'article à lire.
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