Bertrand Debeaux, secrétaire national adjoint à FO police municipale et secrétaire général FO de la ville de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono/ Lyon Capitale.
Avertissement. Cette émission a été enregistrée avant l'annonce, par la Ville de Lyon, mercredi 11 décembre, de revaloriser les salaires des policiers municipaux.
Mercredi 11 décembre, Grégory Doucet a annoncé une nouvelle revalorisation du régime indemnitaire des policiers municipaux "d'en moyenne 500 euros net par an". Annonce qui doit être votée en conseil municipal jeudi 12 décembre.
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Bertrand Debeaux, porte-parole de l'intersyndicale de la police municipale Ville de Lyon et invité de 6 minutes chrono, a souhaité réagir. "Cette hausse, c'est un peu moins de 50 euros pour tous. Cette moyenne (annoncée par le maire de Lyon, NdlR ) est tronquée parce qu'elle concerne la partie la plus haute de la hiérarchie. 500€ annuels, c'est dérisoire. Et ce n'est rien de plus que ce qu'on savait et ce sur quoi on l"interpelle. Donc il n'y a aucune prise en compte du régime indemnitaire par rapport à ce qui se fait ailleurs."
Police municipale à Lyon : "on est dans de la com' pure et simple"
La semaine dernière, au micro de Sud Radio (L'invité politique, de Jean-Jacques Bourdin), le maire de Lyon a évoqué le chiffre de 282 policiers municipaux, avec l'objectif d'atteindre les 365. Un chiffre que les élus ressortent depuis des années. Petit retour en arrière pour comprendre. Au printemps 2021, dans une enquête de Lyon Capitale sur le mercato des polices municipales dans la métropole lyonnaise, la Ville de Lyon avançait déjà ce chiffre de 365 policiers. En réalité, à l'époque, Lyon comptait 300 policiers municipaux en exercice, c'est-à-dire opérationnels (les effectifs réels), sur un tableau d’effectifs théoriques de 350 postes (budgétés). 15 nouveaux postes venaient d'être créés, portant les effectifs théoriques à 365.
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Ce chiffre de 365 policiers municipaux, comme objectif de la mairie, n'est pas au goût de Bertrand Debeaux, porte-parole de l'intersyndicale de la police municipale Ville de Lyon. "L'effectif de 365 policiers municipaux affiché par la Viille, c'est le serpent de mer à Lyon, il revient systématiquement !" Sur le terrain alors; combien y a-t-il de policiers municipaux ? 282 dit le maire de Lyon. "Il y a des gens qui ne sont plus dans les effectifs ou qui n'ont pas vocation à être sur la voie publique. On est difficilement à 240, 230, ça fluctue."
« On n’est pas 282 policiers municipaux comme le dit le maire de Lyon mais difficilement 240, 230 ça fluctue »
"On se sert donc de nous à des fins électorales. Il y a une campagne qui va commencer. Mais, dans les faits, on ne donne pas à la police municipale les moyens d'exprimer toutes les vertus qu'on vante par ailleurs. On dira qu'on a une très bonne police municipale, qu'on les considère beaucoup, qu'ils ils sont très forts... Sauf qu'en vrai, sur la fiche de paie les policiers municipaux, ils voient très bien qu'ils sont les dernières roues du carrosse du budget de la mairie."
"On demande un régime indemnitaire digne. Il y a la possibilité d'augmenter les policiers municipaux, pour que cette police municipale de Lyon redevienne enfin attractive, et qu'elle fidélise ses effectifs. Ce n'est pas le cas depuis quatre ans. On reprend la même recette, la recette de l'échec du perdant, et on va continuer à travailler en sous-effectif, mais à grand renfort de com', à grand renfort de tweets, de communications, d'interviews."
La restranscription intégrale de l'entretien abec Bertrand Debeaux
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Bertrand Debeaux. Bonjour. Vous êtes secrétaire national adjoint à FO police municipale et secrétaire général FO de la ville de Lyon. Le maire de Lyon, sur Sud Radio, a parlé de la police municipale en disant qu'aujourd'hui les effectifs étaient de 282 policiers municipaux, avec l'objectif de 365. Ce chiffre de 365 policiers municipaux ressort toujours. On va faire un point sur les chiffres. On en est aujourd'hui combien en effectifs réels policiers municipaux à Lyon ?
Alors, on est en-dessous des 280 (282, NdlR) qui sont annoncés. Pour moi, ce que vous avez en disponible en policiers sur le terrain, c'est bien moins que ça.
C'est moins que 282 ?
Oui. Là on a vérifié dans ce qu'on nous a envoyé, il y a des gens qui sont plus dans les effectifs il y a des gens qui n'ont pas vocation à être sur la voie publique.
Donc on serait aux alentours de combien de policiers municipaux sur le terrain aujourd'hui ?
On est difficilement à 240, 230, ça fluctue.
Donc les chiffres de la Ville de Lyon et les autres ne sont pas du tout les mêmes...
Ils ne sont pas les mêmes parce qu'il n'y a pas les mêmes critères d'appréciation et puis il y a aussi, effectivement, une guerre des chiffres. Nous, quand on demande à la Ville de Lyon, les effectifs réels, on met des semaines, des mois pour avoir des réponses. D'ailleurs, dans toutes les questions qu'on pose, des questions importantes, vraiment primordiales qu'un syndicat a vocation à poser, on n'a pas de réponses, les mails sont oubliés.
On joue entre l'effectif réel, c'est-à-dire sur le terrain, et les effectifs théoriques c'est-à-dire, en gros, en projet. Mais comment ça se fait... Parce qu'on dit un chiffre c'est assez facile à trouver l'effectif réel et l'effectif théorique ? Comment vous analysez le fait que vous ayez ces différences de chiffres et puis des retours qui sont très longs ?
Mais parce qu'on est dans de la com' pure et simple. On n'est que dans la com'. On affiche des chiffres qui ne sont pas suivis des faits. La présence policière sur le terrain, en termes de police municipale, n'est pas suffisante à Lyon et on le sait. Et ça fait quatre, cinq, six ans que ça dure. Et l'effectif 365 affiché, c'est le serpent de mer à Lyon, ça revient systématiquement. Quand on a un objectif on se donne les moyens de le concrétiser. Or, il y a eu déjà des débats sur le régime indemnitaire de la police municipale. Nous avions dit que ce n'était pas attractif, qu'il manque 11 000 policiers municipaux au nationale, que jamais on arriverait à cet objectif cible. Ce que l'on a dit s'est réalisé, et les mêmes causes produisant les mêmes effets, on a le même débat qui se ré-instaure, et on le redit et on le sait. Lyon n'est plus attractive depuis très longtemps en termes de régime indemnitaire. Le maire de Lyon m'avait personnellement engagé à aller casser le plafond du régime indemnitaire au national. Ce qu'on a fait avec le bureau national de Force ouvrière police municipale - il n'y a que deux syndicats qui ont signé, Force ouvrière police municipale a signé. On a permis de monter le régime indemnitaire des policiers municipaux. Le maire de Lyon a dit qu'il ferait la demande, par l'action de l'association des maires de France et du réseau France urbaine, pour monter ce régime indemnitaire. C'est fait. Et quand je reviens à Lyon il me dit qu'on ne peut pas monter le régime indemnitaire, que ce n'est pas possible ! Donc, en fait, on m'a occupé pendant 2-3 ans. On a suivi le conseil du maire de Lyon. On a réussi l'impossible, parce que c'était très dur. On a négocié avec le gouvernement, avec les réseaux de maires. Et, au final, quand il est temps de tenir ses engagements et de passer à la caisse, il n'y a plus personne. Et on nous dit "circulez, il n'y a rien à voir !" Pour les policiers, ça ne passe pas.
Donc là la police municipale de Lyon est en grève actuellement. Le 12 décembre, en amont du conseil municipal, vous avez fait une sorte de sit-in. En tout cas vous avez manifesté devant l'Hôtel de Ville. Grégory Doucet aussi parlait du trafic de drogue. On le sait bien, avec le rapport qui est sorti au niveau national où les auteurs parlent carrément de "narcotrafic", avec de la corruption à quasiment tous les étages. Alaz question comment lutter contre le trafic de drogue, Grégory Doucet dit, toujours sur Sud Radio, à la que la police municipale est armée extrêmement bien équipée et formée pour lutter contre ce trafic de drogue, ce narcotrafic. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
Je lui réponds que je ne comprends plus. La police c'est une raison d'État, c'est la police nationale qui doit s'occuper de tout. Quand il faut communiquer, on dit qu'on a une super police municipale. Encore une fois, on se sert de la police municipale pour montrer les muscles pour dire qu'on est actif. En termes d'effectifs, on est sous-effectif. On n'est même plus capable d'assurer les missions que l'on menait avant. De là à se lancer sur une guerre sur le narcotrafic, avec les effectifs tels qu'ils sont et la façon dont on emploie cette police municipale... Nous on n'a pas à juger. Mais là on n'est clairement pas dans le trafic anti-drogue, c'est vraiment de la com pure et simple. On se sert donc de nous à des fins électorales. Il y a une campagne qui va commencer. Mais, dans les faits, on ne donne pas à la police municipale les moyens d'exprimer toutes les vertus qu'on vante par ailleurs.
Je reviens un peu sur le 12 décembre avant le conseil municipal de la ville de Lyon. Vous allez faire une manifestation les policiers municipaux. Qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui à la ville de Lyon ?
On demande un régime indemnitaire digne. Il y a la possibilité d'augmenter les policiers municipaux, pour que cette police municipale de Lyon redevienne enfin attractive, et qu'elle fidélise ses effectifs. Ce n'est pas le cas depuis quatre ans. On reprend la même recette, la recette de l'échec du perdant, et on va continuer à travailler en sous-effectif, mais à grand renfort de com', à grand renfort de tweets, de communications, d'interviews. On dira qu'on a une très bonne police municipale, qu'on les considère beaucoup, qu'ils ils sont très forts... Sauf qu'en vrai, sur la fiche de paie les policiers municipaux, ils voient très bien qu'ils sont les dernières roues du carrosse du budget de la mairie. On a des villes comme Rive-de-Gier, Villefontaine, très proches, qui sont au maximum du régime indemnitaire, le nouveau régime indemnitaire qui est proposé. Et à Lyon, phare de la sécurité dans la région, on est à la traîne et on m'objecte qu'il n'y a pas de budget, qu' il n'y a plus rien. On s'appuyait sur la décision du gouvernement d'amputer le budget des collectivités territoriales. Ce gouvernement il est parti comme on l'avait dit. On a dit c'est un projet, c'est une chose qui n'est pas réalisée. Ce gouvernement est très fragile il peut tomber et ce projet sera effacé. Qu'en est-t-il des réponses maintenant ? Il n'y a plus rien à dire. C'était leur seul argument. Il est tombé donc maintenant, on me dribble, on feinte et on ne parle pas de régime indemnitaire.