Annoncée avec surprise au mois de juillet dernier, la candidature des Alpes françaises pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030 va s’accélérer d’ici la fin de l’automne. L’événement pourrait coûter 1,5 milliard d’euros.
Dans la torpeur de l’été, les présidents LR des Régions AURA et PACA, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, avaient surpris leur monde en annonçant une candidature commune des Alpes françaises pour organiser les Jeux olympiques d’hiver de 2030. Une annonce tardive, qui pousse depuis les deux collectivités à mettre les bouchées doubles pour proposer un projet crédible, dans les temps, au Comité international olympique (CIO). D’autant plus que dans ce dossier, Stockholm, en Suède, et la Suisse semblent avoir une longueur d’avance sur la France, qui doit accueillir les Jeux olympiques d’été en 2024.
Une candidature à bâtir sur l'existant
Swiss Olympic a ainsi dévoilé mercredi son étude de faisabilité pour organiser ces Jeux, qui seraient répartis sur les quatre régions linguistiques du pays. Largement financé par le secteur privé, l’événement s’appuierait également sur une majorité de sites existants. D’après la RTS, Lausanne, qui serait désignée capitale olympique, accueillerait ainsi le patinage artistique, Fribourg, le hockey sur glace, Crans-Montana, le ski alpin… Le Comité olympique suisse, dont la candidature doit être approuvée officiellement le 24 novembre par le Parlement du Sport, avance de potentielles recettes de 1,6 milliard d’euros, selon nos confrères de L’Équipe.
"C'est une véritable course de vitesse qui s'est engagée. La bataille sera féroce, mais on peut le faire"
Laurent Wauquiez, président LR de la Région Aura
Le dossier suisse semble donc sur de bons rails, alors que la France doit déposer son dossier définitif le 7 novembre, avant son grand oral devant le CIO le 21 novembre. "C'est une véritable course de vitesse qui s'est engagée. La bataille sera féroce, mais on peut le faire", assurait ce jeudi 19 octobre Laurent Wauquiez, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Avant toute chose, "afin de produire l’ensemble des documents nécessaires à la constitution du projet de candidature" des Alpes françaises, le conseil régional doit d’abord approuver ce vendredi la candidature portée par le Comité national olympique et sportif français.
Le rapport qui sera présenté aux élus comporte peu de détails sur le projet en lui-même. Seulement y apprend-on que le "berceau des sports d’hiver dans l’Hexagone" s’appuie sur "cinq axes forts" :
- L’union de deux territoires ;
- Une expérience et un savoir-faire uniques dans le monde pour l’organisation de grands événements sportifs ;
- Des Jeux sobres et responsables, avec une réutilisation des équipements existants ;
- Une approche novatrice en matière d’engagement et d’inclusion, avec un héritage durable ;
- Des Jeux durables intégrant les enjeux de réchauffement climatique.
À l'épreuve du changement climatique
"Hormis quelques éléments de langage marketing, on ne nous informe aucunement sur les modalités de cette candidature", déplore Claudie Ternoy-Léger, conseillère régionale d’opposition. L’élue EELV d’Albertville s’interroge notamment sur le caractère durable de ces Jeux. "À chaque édition on nous promet des Jeux durables et plus verts, mais on voit bien que ce n’est pas le cas", justifie cette élue qui siège au sein de la commission Montagne de la Région.
"On se pose des questions sur cette candidature parce qu’en 2030 est-ce qu’il y aura encore de la neige dans les Alpes ?"
Claudie Ternoy-Léger, conseillère régionale EELV
Plus problématique encore, selon elle, le "contexte de réalité du changement climatique", qui pose notamment la question de savoir "s’il y aura encore de la neige dans les Alpes en 2030". L'existence même des Jeux d’hiver étant de fait menacée par le réchauffement climatique, fin 2022 le CIO avait décidé de repousser l’élection de la ville hôte des JO-2030 afin d’engager une réflexion sur la "durabilité des sports d’hiver". Dans ce contexte, le CIO avait commandé un rapport sur la viabilité des Jeux d'hiver. Présentées vendredi 13 octobre, ses premières conclusions indiquent que, d’ici 2040, seulement dix pays seront encore en position d’accueillir des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver. Les noms de ces dix nations n’ont pas été dévoilés, mais à en croire L’Équipe et le très sérieux site canadien La Presse, la France en ferait partie.
Pour Laurent Wauquiez, l’organisation des JO d’hiver de 2030 serait justement le "moment où on doit montrer une autre image de l’olympisme". "On veut faire des Jeux de 2030 les premiers Jeux olympiques durables. C’est l’ambition qu’on se fixe", appuyait ce jeudi matin l’élu LR, qui vante des JO "moins tournés vers le gigantisme".
Des Jeux qui pourraient coûter 1,5 milliard d'euros
À commencer par leur coût. Si le président de Région soutient qu’il est "trop tôt pour donner un chiffre concernant le budget", il assure qu’il veut "des JO qui coûtent très peu, moins que tous les JO précédents". À en croire Claudie Ternoy-Léger, le chiffre de 1,5 milliard d’euros aurait toutefois été avancé lors d’une commission Montagne, sans plus de détails. L’élu EELV craint cependant qu’avec "cette candidature précipitée il y ait de gros dérapages", laissant planer le risque d’une dette financière conséquente. De quoi faire remonter le souvenir du déficit d’environ 45 millions d’euros engendré lors des JO d’hiver d’Albertville en 1992.
Pour faire baisser sa facture et pour des raisons de durabilité souhaitées par le CIO, la France devrait s’appuyer sur ses infrastructures existantes, en répartissant à 50/50 les épreuves entre les Alpes du Sud et les Alpes du Nord, comme annoncé il y a une semaine dans La Provence par le président de la région PACA, Renaud Muselier. Compte tenu des infrastructures existantes, la logique voudrait que les épreuves de glisse aient lieu dans le nord et les épreuves pouvant se dérouler en intérieur dans le sud. C’est en tout cas ce que semblent confirmer des informations de L’Équipe, qui avance que les épreuves de glace seront disputées près de la Méditerranée et celles sur neige en Auvergne-Rhône-Alpes.
La France devrait savoir d’ici la fin de l’année si sa candidature est retenue pour un "dialogue ciblé" avec le CIO, avant une prise de décision définitive dans le courant de l’année 2024.
pas suffisant de faire joujou à Paris un 2024 , , laissons aux suisses 2030 et le fric pour LYON /Bordeaux