Oullins, future ville 30 ?

La ville d'Oullins a déposé une demande auprès de la métropole pour généraliser la limitation à 30 km/h sur l'ensemble de son agglomération. C'est une première pour la métropole lyonnaise.

À Oullins, les fous du volant devraient bientôt abandonner l'accélérateur pour la pédale de frein. La ville d'Oullins a déposé une demande à la métropole pour devenir la première ville de la région lyonnaise où la limitation à 30 km/h deviendrait la règle et celle à 50 km/h l'exception.

En cours d'examen à la métropole

"La demande est en cours d'instruction et nous rendrons un avis à la rentrée", explique la métropole. Même si la ville d'Oullins reçoit le feu vert à l'automne, la mise en place du dispositif risque de prendre du temps : "si l'avis est favorable, il faudra mener des études pour déterminer quels axes resteront à 50 km/h, ce qui peut être très long, car la question est complexe."  Pour rendre son avis, la métropole devra arbitrer entre les enjeux de circulation et le dégagement des activités riveraines. La majorité des axes de la commune devront répondre à certains critères comme la présence d'habitations et de commerces, une haute activité piétonne et un trafic peu dense. Si la demande d'Oullins est une première pour la métropole de Lyon, elle s'inscrit dans la continuité de son plan d'action pour les mobilités actives de 2016. Ce dernier a pour objectif d'étendre à 470 km le périmètre de zones à circulation apaisée - les zones 30, les zones de rencontre et les aires piétonnes - d'ici 2020.

Fontenay-aux-Roses pionnière en France

L'initiative d'Oullins n'est pas unique. Plusieurs villes ont déjà adopté la mesure comme Grenoble et son agglomération en 2016, sous l'impulsion du maire écologiste Éric Piolle. La première commune à avoir sauté le pas est Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), qui a généralisé le 30 km/h en 2005 pour améliorer le cadre de vie de ses habitants. "Aujourd'hui, il serait impossible de revenir en arrière. Fontenay-aux-Roses est une petite ville de banlieue parisienne, avec une ambiance un peu village, que la limitation à 30 km/h a permis de préserver", explique le directeur des services de la commune. Selon lui, cette mesure est soutenue par une majorité des habitants : "c'est intégré et défendu par la population", affirme-t-il.

La ville 30 en débat

Comme la limitation à 80 km/h récemment instituée par le gouvernement sur certains axes, celle à 30 km/h dans les villes est source de débats. Pour la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), qui milite pour la généralisation de la zone 30 en ville, cette initiative permet d'instaurer une meilleure qualité d'espace public. "Nous défendons une ville apaisée, plus saine et moins dangereuse pour les cyclistes et les piétons, ce que permet la limitation à 30 km/h en ville", nous explique l'association. La limitation à 30 km/h permet aussi la généralisation du double sens cyclable, sauf exception, "c'est une bonne chose, la vitesse est assez basse pour le permettre", ajoute la FUB. Une argumentation contestée par la Ligue de défense des conducteurs qui considère ce genre de mesures injustifiées : "La ville 30 ne permet pas de limiter la pollution et le bruit, au contraire. Il y a notamment un risque d'accident accru avec la généralisation du double sens cyclable. Baisser la vitesse diminue aussi la vigilance des automobilistes. C'est donc contre-productif en termes de sécurité routière."
Autre question mise en avant, celle du coût. "C'est très coûteux en matière de signalisation. L'aménagement nécessite aussi des travaux avec des rétrécissements de voies, des dos-d'âne, des chicanes ... ", plaide la Ligue de défense des automobilistes. Un investissement pondéré par la mairie de Fontenay-aux-Roses : " il n'y a pas eu un investissement considérable, le plus important c'est la signalétique et la communication". Des aménagements demeurent nécessaires : "il faut rappeler souvent aux automobilistes qu'on est limité 30, car la vitesse est basse. On met donc beaucoup de panneaux et de la signalisation lumineuse", explique le directeur des services de Fontenay-aux-Roses. Des problématiques que la ville d'Oullins devra démêler si la métropole de Lyon donne son accord pour la réforme.

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