Une réunion publique d'information sur le projet d'aménagement urbain du quartier de la Saulaie à Oullins s'est tenue jeudi 18 novembre en soirée. Environ 150 habitants étaient présents pour découvrir les avancées du projet et débattre de la direction donnée par la Métropole de Lyon et la mairie d'Oullins à cet aménagement urbain de 40 hectares.
Dans le hall du centre de la renaissance dans le centre-ville d'Oullins, une vieille carte de la communauté urbaine de Lyon est sans doute passée inaperçue aux yeux de la grosse centaine d'habitants venue participer à la réunion publique d'information du projet d'aménagement du quartier de la Saulaie jeudi 18 novembre en soirée. Ce plan en noir et blanc datant de 1974 montrait pourtant une chose : le sud de l'agglomération lyonnaise a bien changé en un demi-siècle, avec notamment l'aménagement du quartier de la Confluence. Sur la carte ancienne, pas de trace du pont Raymond-Barre qui a offert à partir de 2013, grâce à sa voie de tram et ses pistes cyclables et piétonnes, une alternative à la voiture pour enjamber le Rhône.
C'est aujourd'hui encore un peu plus au sud sur le cours du Rhône que se sont déplacés les nouveaux enjeux d'aménagement urbain de la métropole. Sur la commune d'Oullins, en rive droite du fleuve, le quartier de 40 hectares de la Saulaie concentre les regards. Coincé entre d'anciens ateliers de la SNCF fermés depuis 1990, la rivière de l'Yzeron et l'autoroute, ce quartier pour moitié en friches représente 10% du territoire d'Oullins. La commune et la métropole y voient une immense opportunité de construire des centaines de nouveaux logements sur les sols vierges, et, d'autre part, d'y mener une opération de réhabilitation de grande ampleur du bâti existant. "Pour Oullins, c'est 10% de la ville. C'est la seule réserve foncière sur laquelle on peut ajouter des logements et de l'équipement public", estime Clotilde Pouzergue, la maire LR. Environ 900 nouveaux logements sont prévus, dont 60% de logements abordables, sur les 20 hectares à l'état de friche du quartier de la Saulaie, dont l'ambitieux projet de zone d'aménagement concerté (ZAC) dessinera la nouvelle porte d'entrée sud du Grand Lyon avec également des espaces publics et des bureaux. La chaîne de restauration lyonnaise Ninkasi va par exemple y déplacer son nouveau siège.
900 logements et 55 000 m2 dévolus à l'activité économique
La venue en masse d'Oullinois jeudi soir dans la salle du CCOJ, qui était pleine à craquer, montre que les habitants de la commune espèrent beaucoup de ce projet. Pourtant, le temps long de l'aménagement urbain peut parfois décourager les esprits. Le Grand Lyon a acheté les anciens terrains de la SNCF dès 2008, la ZAC a été créée en 2018, et la Société d'équipement et d'aménagement du Rhône et de Lyon (SERL) a été choisie pour piloter le projet en janvier 2020. Béatrice Vessiller, la vice-présidente de la métropole chargée de l'urbanisme, et Clotilde Pouzergue se sont d'abord attelées à convaincre les Oullinois que le projet est enfin réellement sur les rails. "Le temps de l'urbanisme est lent. Pour autant, c'est un choix politique de dire "On y va". Il n'y a pas eu cette décision avec le précédent exécutif", a critiqué en creux Béatrice Vessiller.
Pour la majorité écologiste au gouvernail de la métropole, la ZAC de la Saulaie apparaît comme une occasion de démontrer sa capacité à aménager et à développer le territoire tout en restant dans les clous de la transition écologique. "A l'échelle de la métropole, ce projet est très important. Il s'ajoute dans ce secteur à la requalification de la M7 et à l'accroche de la Saulaie et de la Mulatière avec le parc Gerland grâce à la construction d'une passerelle mode doux sur le Rhône. En plus des 900 logements prévus, ce sera aussi un projet économique avec 40% de l'espace construit dévolu à l'activité. Historiquement, c'était un espace économique donc c'est bien de le retrouver. Nous voulons aussi y introduire des espaces publics généreux", a expliqué la vice-présidente de la métropole.
Par rapport au projet initial, qui était dans les cartons du précédent exécutif, la surface de l'espace public a été doublée dans le projet retenu par la métropole et la mairie d'Oullins. La part du logement abordable a aussi été rehaussée de 50 à 60% et le nombre de logements a été légèrement augmenté de 850 à 900. La maire d'Oullins Clotilde Pouzergue estime pourtant que ce cahier des charges revu après discussions avec la métropole, qui apporte 19 millions d'euros sur le budget total de 77 millions (2,5 millions sont apportés par la ville d'Oullins), lui convient. "Pour l'instant, les choses se passent plutôt bien avec la métropole. Il faut vraiment qu'on apaise ce quartier en y réinventant les modes de déplacement. C'est vrai que pour le nombre de logements j'étais contre la densification, et puis après discussion on a validé le fait de passer à 900 logements".
L'inquiétude des habitants sur la densification du quartier
Dans le détail, le futur quartier de la Saulaie comprendra un ensemble d'habitations à l'architecture inspirée du faubourg ouvrier du centre d'Oullins, mais avec un côté très contemporain pour lutter contre le changement climatique. Le projet fait la part belle à la végétalisation des rues et des espaces publics et les bâtiments seront "bas carbone". "Il y a une très forte ambition d'inscrire l'espace public de la Saulaie dans les enjeux climatiques, avec des sols plantés, un accès à l'eau. Il y a aussi une volonté de construire une mixité entre lieux de travail et de résidence", a indiqué Antoine Viger-Kohler, l'architecte en chef du projet.
Après une heure et demie de présentation, le public a été invité à réagir sur le projet. Plusieurs voix se sont élevées pour critiquer la densification du quartier et le risque de voir les prix flamber malgré la large part de logement abordable. Le projet de la passerelle mode doux pour relier la Saulaie à Gerland a aussi été interrogée par des habitants, qui se sont plaints d'un calendrier trop lointain. Béatrice Vessilier a d'ailleurs admis qu'elle ne s'avançait pas sur un début de chantier d'ici la fin du mandat. Autre critique : l'absence dans le projet de réaménagement de la Saulaie d'une passerelle piétonne par-dessus la voie de chemin de fer pour relier la ZAC au centre-ville d'Oullins en toute sécurité. Le cabinet d'architecte TVK a promis qu'il se pencherait sur ces questions avec l'aide des élus.
Salle comble ce soir @VilledOullins pr la réunion publique de présentation des grandes orientations du projet #urbain de La #Saulaie avec des ambitions fortes :
✅dans la composition urbaine qui mixe équipements publics, logements, activités économiques & commerciales, en avec le pic.twitter.com/TRnHDARPQF— Clotilde Pouzergue (@pouzergue) November 18, 2021
Pour ce qui est de l'avancée très concrète du chantier, les premières grues sont attendues en 2024 et les premiers habitants et occupants des bureaux sont espérés pour 2025 ou 2026. Avant cela, la maison du projet devrait voir le jour dès 2022. Un permis de construire va bientôt être déposé pour ce lieu qui servira de point d'information pour les habitants sur l'avancée du projet de la ZAC. La SERL a prévu de livrer la globalité de la ZAC pour 2033. D'ici là, une nouvelle carte de la métropole sera peut-être placardée dans les locaux du centre de la renaissance. Mais il semble très incertain d'y voir un nouveau pont sur le Rhône.
Cette fois, puisque la Métropole de Lyon est propriétaire du foncier, elle peut parfaitement IMPOSER des normes passives (même si le BTP n'aime souvent pas ça),
et faire en sorte qu'absolument TOUS les bâtiments soient du "zéro consommation d'énergie pour le chauffage ou la clim".
Dans le cas contraire, on pourra constater que l'équipe en place n'est pas vraiment écologiste 🙂
Pourquoi ne pas implanter sur cet espace le nouveau cimetière métropolitain, il coche les critères requis :
* plus de 14 ha
* au sud de Lyon
* accessible pas tous les moyens de transports
et laissons la zone de Charly à sa vocation actuelle
Densifier, densifier et encore densifier ! C'est devenu le maître mot, le Maire était contre mais finalement "on" l'a persuadé du bienfait de la densification ... Dans le public « ... Plusieurs voix se sont élevées pour critiquer la densification du quartier ... » mais personne ne les entend.
C'est tout de même curieux "qu'en même temps" on dé-densifie ce qui a été construit dans les années 50-60, ceci dans le cadre de la politique de la ville ... alors qu'on fait le contraire pour les nouvelles constructions ! La logique, pour les architectes et autres soit disant urbanistes, est peut-être de prévoir leur avenir en s'assurant de futures démolitions - reconstructions dans une prochaine politique de la ville ... Après les quartiers populaires traités actuellement, les quartiers bobos à traiter dans 20 ou 30 ans. C'est peut-être ça l'économie circulaire ???
Bonsoir,
Pour avoir assister à cette soirée, je m'étonne de l'inquiétude sur la densité du projet que vous indiquez dans votre article, puisqu'au contraire il été reproché à la Métropole de ne pas autant densifier que sur la ZAC des girondins....!?
La réponse de B. VESSILER a justement été d'assumer d'aménager moins densément qu'à Lyon et Villeurbanne, pour respecter le tissu de faubourg du quartier.
Vous auriez pu (du?) souligner que beaucoup d'interventions dans la salle visait à ce que le projet améliore et "répare" ce quartier, avec notamment l'enjeu de la rénovation énergétique des logements existants.
Une passerelle reliant la pointe sud de la ZAC et les rues Blanqui ou Jacquard par dessus les voies Sncf me semblerait un "plus" appréciable.