Source : Emma Rodot Conseil municipal de la Ville de Lyon, le 30 juillet 2020

Ouverture des commerces le dimanche : à Lyon, l'opposition vent debout contre un vote de la majorité

"Décision déconnectée de la réalité", "du pur dogmatisme", "nous sommes choqués par la méthode", l'opposition a vivement raillé à Lyon le choix de la majorité écologiste de limiter à 7 le nombre d'ouvertures pour les commerces le dimanche en 2021. Contre 12 en 2020. Décryptage.

"Le dogmatisme se situe de l'autre côté", souffle Camille Augey, adjointe au Maire de Lyon déléguée à l’emploi et à l’économie durable, en intronisant jeudi au conseil municipal une délibération qui, elle le sait, va faire débat. Laquelle ? Une délibération qui prévoit de limiter à 7 le nombre d'ouvertures le dimanche pour les commerces pour l'année 2021. Contre 12 en 2020.

"C'est une mesure d'équité entre les petits commerces qui n'ont pas les moyens financiers, humains, d'ouvrir 12 dimanches, et les grandes enseignes. C'est vraiment cette question de l'équité pour préserver le tissu des petits commerces indépendants et des petites enseignes qui nous a poussés à prendre cette mesure, explique l'adjointe. Cette mesure est en faveur du commerce de proximité. Ouvrir les dimanches, c'est moins rentable"

"Une décision déconnectée de la réalité"

Camille Augey s'appuie aussi sur un sondage pour justifier ce choix : "nous avons fait le choix de solliciter l'avis des commerçants par le biais d'un sondage. Les résultats de cette enquête ont été très instructifs : la moitié des commerces interrogés déclarent n'avoir jamais ouvert en 2020 sur les 12 dimanche autorisés, 8% seulement déclarent ouvrir les 12 dimanches. Pourquoi n'ouvrent-ils pas ? Pour préserver leur vie familiale (54%), parce que l'ouverture n'est pas rentable (49%), parce que la gestion des employés est trop complexe (30%)".

Une délibération vivement contestée par l'opposition. "C'est une décision déconnectée de la réalité", fustige Béatrice Galliout, l'ancienne maire du 5e arrondissement, du groupe progressistes et républicains (de l'ancien maire de Lyon Georges Képénékian). Nous vous demandons de laisser la liberté à nos commerçants de pouvoir ouvrir lorsqu'ils estiment opportun de le faire".

Un sondage vivement contesté

Le sondage commandé par la municipalité fait aussi débat. "Les chiffres du sondage présentés sont très faibles. La plupart des commerçants que nous avons contacté n'étaient pas informés de cette démarche. Que vaut un simple sondage dont nous ne connaissons pas la méthodologie ?", s'interroge l'ancienne maire du 5e.

"Il y a eu 124 réponses, ce qui peut paraître pas énorme, concède Camille Augey jeudi devant la presse. Mais ça reste pour un sondage fait auprès des commerçants un volume assez important de réponses"

Anne-Sophie Condemine, conseillère centriste du 2e arrondissement, du groupe Pour Lyon (de l'ancien maire Gérard Collomb), dénonce elle un "un soi-disant sondage". "Nous contestons le fond et la forme", poursuit Béatrice De Montille, conseillère de droite du 3e arrondissement. Nous n'avons eu accès ni aux questions posées, ni à l'échantillon sondé, juste à un extrait de ce sondage, méprisant ainsi le droit à la communication des élus. Le droit ne vous permet pas de sonder comme vous l'entendez, il y a un cadre à respecter. 124 réponses, ce qui représente 3,15% de commerçants lyonnais, c'est un échantillon bien peu représentatif".

"Nous ne voulons pas d'une société qui favorise le consommateur au citoyen"

Anne-Sophie Condemine regrette le "pur dogmatisme" de la majorité. "Monsieur le maire, nous savons que 2021 sera de toute façon difficile, alors donnez le choix aux commerçants d'ouvrir ou de ne pas ouvrir le dimanche mais laissez-les décider", martèle l'ancienne adjointe.

"Les commerçants ont manifesté 4 lundis de suite par milliers devant vos fenêtres, avec des élus de votre majorité à leurs côtés, les mêmes qui le lendemain en commission partageaient cette délibération ubuesque", s'insurge Béatrice De Montille.

A gauche, unanimité en faveur de cette délibération. De tous les groupes. De toute la majorité. "Ce débat est très idéologique. Promouvoir la généralisation du travail du dimanche, c'est aussi favoriser la destruction du lien social dans les milieux modestes. Nous ne voulons pas d'une société qui favorise le consommateur au citoyen", martèle Sandrine Runel, adjointe socialiste aux Solidarités et à l'inclusion sociale. Une décision de la majorité également largement saluée par le groupe Lyon en commun, le groupe de Nathalie Perrin-Gilbert.

Pas de fracture dans la majorité à la ville de Lyon

La droite a déposé trois amendements, notamment pour "ajouter" des dimanches d'ouverture. La droite a aussi obtenu un scrutin public pour appel nominal. Toute la droite et le groupe Collomb ont voté pour les amendements. Mais ils n'ont pas réussi à diviser la majorité, largement majoritaire au conseil municipal de Lyon (50 sièges sur 73)

"Je rappelle à la droite lyonnaise que nous ne sommes pas à la Métropole de Lyon", a raillé Sandrine Runel, en référence au vote public mardi à la Métropole sur une délibération autour de l'Arena de l'OL à Décines qui avait fracturé la majorité écologiste (lire ici).

Finalement, la délibération visant à limiter à 7 le nombre d'ouvertures pour les commerces le dimanche en 2021 a été votée par 46 voix pour et 21 contre. Les 21 voix contre venant des groupes de la droite, de celui de Gérard Collomb et de celui de Georges Képénékian.

Lire aussi : Arena à Décines : les Verts main dans la main avec l'OL

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