REPORTAGE – Recueillement et espoir se mêlaient ce jeudi matin à l’église Saint-Bonaventure de Lyon, où l’on célébrait une messe pour le pape François. Si l’humilité de l’homme a marqué d’emblée les fidèles, ces derniers nourrissent également quelques attentes et des interrogations.
C’est une ambiance recueillie qui règne ce jeudi matin à l’église Saint-Bonaventure pendant la messe donnée pour le nouveau pape, François. Une cinquantaine de fidèles se sont rassemblés dans le sanctuaire du 2e arrondissement de Lyon, éclairé à la lueur des cierges. Un vrai contraste avec l’ambiance de fête de la place Saint-Pierre, au soir de l’élection du souverain pontife. Le prêtre invite le groupe de fidèles à un moment de recueillement devant une petite chapelle, celle de saint François, patron de Saint-Bonaventure, qui était aussi jésuite.
Dès la messe finie, les langues se délient et les discussions au sujet de ce nouveau pape venu d’Amérique résonnent dans l’église. Tous sont unanimes quant à la simplicité du nouveau chef de l’Église catholique. “S’incliner devant toute cette foule et leur demander de prier pour lui, quelle humilité”, s’enthousiasme le père Luc Forestier, curé de la paroisse des Cordeliers. Marie-Thérèse partage l’opinion du prêtre : “C’est quelqu’un qui a toujours été proche des gens dans son pays, et ses premières paroles ont été de nous demander, à nous, de l’aide.”
La ferveur d’Amérique latine en exemple
Peu connu du grand public, le nom du cardinal Jorge Mario Bergoglio n’apparaissait plus dans les interminables listes de favoris dressées par tous les médias. “La preuve que le choix de ce pape n’est pas une élection comme une autre : c’est une élection qui a un caractère liturgique. Ce ne sont pas les médias ou les sondages qui allaient choisir ce pape. Même s’il y a bien sûr un vote, des discussions”, constate avec une certaine satisfaction le père Luc Forestier.
Delphine, 40 ans, est très “touchée” par l’élection de ce pape “issu de l’Amérique latine”. “Ils ont là-bas une ferveur que l’Europe devrait prendre en exemple. En Europe, nous avons une foi qui se ramollit petit à petit”, regrette-t-elle, elle qui, il y a quelques semaines, était en vacances à Rome en famille et vivait les derniers moments du pape Benoît XVI. “Quel grand moment d’émotion…”, se souvient-elle.
Marie-Thérèse est tout aussi émue lorsqu’elle évoque cet homme qui avait acheté son billet retour et qui se retrouve subitement propulsé à la tête de la plus grande communauté au monde. “Vous vous rendez compte pour lui ? Il ne sera plus en Argentine désormais. Il lui a certainement fallu un certain détachement.”
Un pape qui se démarque ?
Les attentes sont pourtant déjà nombreuses de la part des fidèles. “J’aimerais qu’il dirige l’Église mais avec un collège autour de lui qui saura le conseiller et le conforter dans ses décisions”, confie Odile, 60 ans.
Le curé de Saint-Bonaventure, ancien centralien, s’interroge sur les choix du futur pape : “Il a été très engagé politiquement et socialement. Maintenant, en tant que pape, quelle sera sa ligne diplomatique face aux chefs d’État ? Quelle sera sa position face à un libéralisme économique qui ne fait que créer plus de pauvreté ?” Il pense cependant que François pourrait se démarquer. “Les jésuites ont une inclination pour l’éducation, les sciences, le travail social : ce sont des valeurs universelles, qui seront entendues par tout le monde et qui dépasseront le seul cercle des catholiques.