Des études alarmantes, des médecins inquiets, des syndicats mobilisés, la pollution aux particules fines en milieu souterrain est un problème de santé publique qui commence à trouver sa place parmi les nombreux troubles liés aux pollutions de l'air. À Lyon, la dernière étude d'impact de ces microparticules dans le métro remonte à 10 ans. Mais quelle est la réalité de ce danger invisible qui guette les usagers à chaque déplacement en métro ?
À la sortie du métro Charpenne, mercredi 13 mars, une poignée de militants CFDT transports environnements distribuent des tracts au slogan alarmiste : "Ils vous transportent chaque jour et mettent leur santé en danger!" Le danger en question, ce sont les microparticules, des poussières microscopiques, 30 fois plus petites qu'un cheveu que les usagers et les salariés du métro inhalent à longueur de journée. Alain Auroy est secrétaire général CFDT-TCL. Pour lui, les pouvoirs publics font l'autruche. "Le danger principal concerne les salariés qui passent 8h par jour dans le métro. Quelques centaines de salariés pour des dizaines de milliers d'usagers, ça ne pèse pas lourd."
Des études qui tirent la sonnette d'alarme
Pour Nicolas Vigier, de l'association Atmo Rhône-Alpes, en charge de la surveillance et de l'information sur la qualité de l'air, ces particules présentent partout, sont d'autant plus dangereuses dans un espace confiné comme le métro. "Les risques y sont plus élevés. Le confinement, l'abrasion, l'usure des pièces métalliques, le manque d'aération sont autant de choses qui favorisent une forte concentration de particules." Plus ces particules sont petites, plus elles sont dangereuses, elles s'infiltrent plus profondément dans l'organisme et les poumons. C'est le cas des particules fines: 10 micromètres (PM 10), et très fines, inférieures à 2,5 micromètres (PM 2,5). Or ce sont les celles que l'on retrouve le plus dans les métros.
La réglementation en vigueur en France fixe une valeur journalière pour les PM 10 : 50 μg/m cube à ne pas dépasser plus de 35 fois dans l'année. Idem pour les recommandations de l' Organisation mondiale de la santé (OMS) qui recommandent de ne pas les dépasser plus de 3 fois par an et du Conseil supérieur d'hygiène (CSHPF). Or ces seuils sont dépassés quotidiennement, certaines stations lyonnaises atteignant une concentration de particules comprise entre 101 et 218 µg/m cube chaque jour d'après une étude lyonnaise de 2003 qui n'a pour l'heure pas été renouvelée.
"Rien n'indique que la situation se soit améliorée depuis, au contraire" indique l'association Air Rhône Alpes qui envisage de mener une nouvelle étude sur l'année 2014/2015. Dans toutes les grandes villes, le même constat est fait, que se soit à Lille, Paris ou à Marseille au travers d'études plus récentes.
Si l'impact des particules fines en milieu urbain est bien connu sur l'organisme: asthme, baisse de la capacité respiratoire, infections microbiennes, leur impact dans un milieux confiné comme le métro est encore mal connu. Pour le docteur Normand "les particules fines que l'ont trouvent dans le métro ne sont pas les mêmes qu'en milieu urbain, car ce ne sont pas les mêmes sources de polluant. Les risques dépendent de l'efficacité de la ventilation souterraine et de la concentration des particules." L'OMS estimait qu'en 2000, les particules fines de 2,5 micromètres (2,5PM) en milieu urbain étaient à l'origine de 386 000 décès prématurés par an en Europe.
"Il y a une grande réforme à mettre en place"
Principale sujet de protestation de la CGT, des seuils de tolérance aux microparticules radicalement plus élevées pour les salariés que pour les simples voyageurs. "Un voyageur ne doit pas inhaler plus de 50 µg/mètre cube en moyenne journalière, c'est 500 pour un salarié, faudrait qu'on m'explique" souligne Alain Auroy.
Pour Marie Blanche Personnaz, directrice de Air Rhône-Alpes, il n'y a pas de raison valable."Rien ne rend un salarié plus résistant aux particules par ce qu'il travaille dans le métro plus longtemps. La raison officielle c'est qu'à la différence des simples voyageurs, il n'y a pas d'enfants parmi les salariés or ce sont eux les plus vulnérables. Mais ça n'explique pas une telle différence."
D'après Air Rhône-Alpes, les réglementations en la matière ne sont pas claires, et une grande réforme doit être entreprise. "Il y a clairement des enjeux qui nous dépassent. Le problème peut être embarrassant pour tout le monde. Si les autorités font machine arrière au niveau juridique et réévaluent les seuils de tolérance aux particules fines des salariés, tout le monde va porter plainte. On pourrait avoir un nouveau scandale comme pour celui de l'amiante. Il y a pourtant une grande réforme à mettre en place."
Keolis, la société qui exploite le métro lyonnais n'a pas souhaité répondre à nos questions. En attendant, L'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail a publié il y a quelques jours ses priorités pour 2013. La pollution de l'air dans le métro et le risque encouru par les travailleurs fait partie des deux grands chantiers que l'agence va mener cette année.
La pollution atmosphérique génère chaque année 40 000 morts prématurés en France, due en grande partie au trafic routier. Lyon est largement au dessus des seuils réglementaires, mais Le Grand Lyon continue de créer de nouvelles voiries, sans développer, autant que nécessaire, les transport collectifs pour les besoins quotidiens des citoyens. Merci la CFDT de faire connaître ce fléau.
La CFDT est égale à elle même, elle fait tout et son contraire. Elle soutient la direction quotidiennement et de temps en temps pour épater la galerie elle allume un feu qu'elle laissera bien vite s'éteindre.