Le printemps a beau avoir du retard à Lyon, il est déjà temps de passer à l'heure d'été. La nuit de samedi à dimanche sera écourtée d'une heure, les montres passant directement de 2 heures du matin à 3h01, comme chaque printemps depuis près d'un demi siècle.
Calquer les heures d'ensoleillement sur celle de forte activité humaine, c'est le principe de l'heure d'été. Le dispositif, aujourd'hui remis en question, avait pour but, lors de son instauration, de limiter les pics de consommation, matinaux notamment. Profiter au maximum de la lumière du soleil pour éviter d'allumer les ampoules en somme. Cela permettrait d'économiser 440gwh d'électricité et d'éviter 44.000 tonnes d'émission de CO2, d'après l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). L'équivalent d'une ville de 800.000 habitants.
Benjamin Franklin et ses économies de bouts de chandelles
L'idée de ce changement d'heure aurait pu ne jamais voir le jour sans une insomnie de Benjamin Franklin, en 1784. A la fenêtre d'un hôtel parisien potron-minet par une belle journée d'été, l'ambassadeur américain en panne de sommeil s'aperçoit que les rues sont désertes alors que le soleil est déjà haut. Tant luminosité inexploitée par l'homme, alors que le soir venu, il faudra allumer les bougies pour s'éclairer. Du gâchis ! Que de chandelles pourrait-on économiser en décalant les aiguilles des montres, pour profiter du soleil en soirée plutôt que pendant que les gens dorment, le matin. C'est le scientifique néo-zélandais Georges Vernon-Hudson qui reprendra l'idée un siècle plus tard. Mais elle ne sera finalement appliquée que pendant la première guerre mondiale. A cette époque il s'agit d'économiser un charbon rendu précieux par l'effort de guerre. Le dispositif est maintenu jusqu'en 1939. Mais avec l'Occupation nazie, la France passe à l'heure allemande, pour des raisons logistiques et militaires.
Problèmes de transports aux frontières
L'heure d'été est réintroduite en 1966 en Italie. Dix ans plus tard, le 28 mars 1976, les Français sautent le pas et remontent leurs aiguilles. "On n'a pas de pétrole mais on a des idées", tel est le slogan d'un gouvernement qui cherche à effectuer des économies d'énergie après le choc pétrolier de 1973. Une nouveauté alors assez mal comprise. Avec quelques couacs à la clé, en zones frontalières notamment. Les perturbations engendrées en matière de transport conduiront à une harmonisation européenne en 1998. Ce dispositif connaît son lot d'opposants, notamment l'Association contre l'heure d'été (ACHED). Le dispositif est jugé passéiste par ses détracteurs qui mettent en avant les innovations technologiques telle l'ampoule à LED pour démontrer l'inutilité supposée du passage à l'heure d'été. D'autres opposants pointent la perturbation des rythmes biologiques qu'induit ce changement. Le Parlement européen s'est d'ailleurs saisi de la question, et il se pourrait bien que le changement d'heure soit oublié dans quelques années.