Un an après le passage de Lyon à 30 km/h, l’accidentalité aurait baissé de 22% sur les routes de la ville selon la Mairie et la Métropole. (Photo Hadrien Jame)

Passage de Lyon à 30 km/h, les automobilistes doivent lever le pied à partir de ce mercredi

Près de sept mois après les premières fuites entourant la volonté de la municipalité de Lyon d’abaisser la vitesse à 30 km/h dans la majorité de ses rues, l’heure de lever le pied pour les automobilistes lyonnais est arrivée. Depuis ce mercredi 30 mars, la norme pour rouler en ville à Lyon n’est plus 50 km/h, mais bien 30. On fait le point. 

Il y a une dizaine de jours, le maire de Lyon Grégory Doucet annonçait que "quelque chose d’assez incroyable" se produirait le 30 mars à Lyon. L’objet de sa passion ? Le passage de Lyon en ville à 30 km/h ce mercredi. Depuis ce matin, 84% des rues de la ville sont désormais limitées à 30 pour améliorer la sécurité des piétons, réduire les nuisances et accessoirement la pollution. Dans les faits, tous les usagers de la route devront se plier à la règle, qu'ils soient automobilistes, cyclistes, conducteur de trottinette ou encore de moto. Seuls les véhicules de secours seront exempts pour réaliser leurs missions.

Réduire les accidents

Un "aboutissement" pour la municipalité, qui s’inscrit dans le mouvement d’apaisement de Lyon alors qu’entre 2016 et 2020 15 piétons ont perdu la vie dans la capitale des Gaules. Grâce à ce changement de paradigme, la mairie entend donc faire baisser la vitesse moyenne en ville et avec elle la gravité des accidents. En diminuant la vitesse de 20 km/h, la distance de freinage réduirait ainsi de moitié et le risque de décès d’un piéton passerait de 80%, à 50 km/h, à 10% lorsque l’on roule à 30 km/h. "À Grenoble le nombre de piétons blessés a été diminué par 2", appuyait ainsi Grégory Doucet lors de la présentation du dispositif.

Lire aussi : Lyon ville 30 en 2022 : aménagements, sécurité, la maire d'Oullins décrypte "sa" ville 30

Grégory Doucet, le maire de Lyon, et Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon, ont inauguré la Ville 30 de Lyon ce mercredi 30 mars à La Duchère, dans le 9e arrondissement de Lyon. En tout, pas moins de 500 ellipses 30 km/h, comme celle-ci, ont été peintes sur les routes de Lyon. (Photo Hadrien Jame)

"Ce ralentissement de la vitesse vient s’inscrire dans un grand mouvement d’apaisement de la ville. Notre objectif c’est de limiter le nombre de décès et de blessés graves", Grégory Doucet, maire de Lyon


Une démarche qui a fait ses preuves dans de nombreuses capitales étrangères comme Londres ou Oslo, avant d’arriver à Paris l’année dernière, où plus proche de Lyon à Oullins, Couzon-au-Mont-d’Or et Poleymieux-au-Mont-d’Or. Pour autant, si la mesure semble plutôt faire consensus au sein de la classe politique locale, malgré quelques critiques d’élus d’opposition pointant du doigt une "débauche de communication pour la simple continuation de ce qui avait été engagé sous les précédents mandats dans tous les arrondissements lyonnais", pour reprendre les mots de l’ancien maire du 4e arrondissement, David Kimelfeld, elle suscite l’ire de nombreux usagers. 

Les automobilistes font grise mine

À commencer par l’association 40 millions d’automobilistes, qui s’est fendue mardi 29 mars d’un communiqué très critique à l’égard d’une mesure qu’elle juge "inefficace" et qui selon elle a été "prise pour plaire à un électorat ultra-urbain et anti-voiture". À entendre l’association, "rien ne permet de démontrer l’efficacité de cette mesure" et elle "consiste principalement à bouter hors du centre-ville les véhicules motorisés pour attribuer arbitrairement tout l’espace aux piétons, vélos et autres trottinettes". 

La carte des limitations de vitesse à Lyon au 30 mars 2022. (Source Métropole de Lyon - Ville de Lyon)

Des arguments soulevés auprès des représentants de la ville et de la Métropole en charge du dossier lors de la conférence de presse portant sur ce dossier, le 18 mars, et que Valentin Lungenstrass, l‘adjoint en charge des mobilités avait balayés de la main, en assurant une nouvelle fois que la Ville 30 n’est pas une mesure "anti-voiture". "On a une stratégie globale en matière de transition des mobilités qui vise à réduire la place de la voiture, mais ça [la ville 30, NDLR] fait partie de notre stratégie en matière de sécurité routière et de bruit, on l’espère", justifiait ainsi l’élu. En réduisant la vitesse, la ville et la Métropole de Lyon insistent d’ailleurs sur le fait que les temps de parcours des automobilistes ne changeront au maximum que de "quelques secondes sur les trajets courts et 1, 2, 3 minutes sur les plus longs".  

117 km restent à plus de 30 km/h

Même si "par défaut toute la ville sera à 30 km/h et  [que] si quelqu’un à un doute c’est bien à 30 qu’il faut rouler", comme le rappelait Valentin Lungenstrass, de nouveaux panneaux de signalisation indiquant l’entrée dans les zones à 30 km/h seront dévoilés dans toute la ville ce mercredi matin. Ils viendront s’ajouter aux différents marquages tracés au sol ces dernières semaines pour rappeler aux automobilistes la réglementation en vigueur, également dans les "zones de rencontre", limitées, elles, à 20 km/h.

Dans le détail, il ne reste désormais à Lyon plus que 117 kilomètres de voiries limitées à 50 ou 70 km/h. On retrouve parmi elles les grands axes de la ville comme la M6 et la M7, le tunnel de la Croix-Rousse, une partie des quais du Rhône et le nord des quais de Saône, l’avenue Berthelot ou encore le Boulevard des Belges. Une cartographie interactive est accessible en ligne sur le site de Onlymoov pour se familiariser avec les nouvelles réglementations de vitesse.

Le site Onlymoov répertorie les limitations de vitesse en vigueur sur les routes de la ville de Lyon. (Capture d'écran Onlymoov)

Un mois de pédagogie

Néanmoins, que les automobilistes se rassurent, si durant les prochaines semaines ils ont du mal à prendre le pli des 30 km/h, malgré l’installation de panneaux et d’une vingtaine de radars pédagogique pour le leur rappeler, aucune verbalisation ne sera dressée par la police lors de premier mois d’avril. La Ville a en effet décidé de jouer la carte de la pédagogie. 


"Il y aura un mois de période pédagogique, les contrôles seront effectués par les policier mais donneront lieu à une information sur ce qu’est la Ville 30, ça fait partie du dispositif d’accompagnement de cette mesure. Et au-delà de ce mois, les excès de vitesse feront l’objet de verbalisation", Valentin Lungenstrass, adjoint au maire en charge des mobilités et de la voirie


Ce délai passé, les contrôles seront en revanche accompagnés de sanctions. Pour cela, la municipalité entend s’appuyer sur sa police qui dispose de radars jumelles et travaille actuellement avec la Métropole de Lyon et la préfecture du Rhône pour installer des radars sanctions sur le périmètre. Plusieurs secteurs importants ont ainsi été identifiés par la Ville, notamment la rue Garibaldi, l’avenue Barthélémy Buyer et le cours d’Herbouville. De son côté, Fabien Bagnon précise que la collectivité étudie une centaine d’emplacements répartis sur le territoire de la Métropole et "espère aboutir sur des installations au plus tard l’an prochain pour rendre crédible les limitations de vitesse". Sans doute le premier challenge de cette  « Ville 30 ».

De son côté, la majorité écologiste à la tête de la Métropole, elle, "aimerait bien que les 2/3 des habitants de la métropole résident sur une commune à 30 km/h" d'ici la fin de son mandat en 2026. Plusieurs autres villes devraient ainsi rouler dans les traces de Lyon dans les prochains mois, la collectivité ayant déjà signé des arrêtés de passage en Ville 30 pour huit autres communes.

Lire aussi : Une 5e commune de la Métropole de Lyon passe à 30 km/h, 23 autres intéressées

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