Annoncé depuis de nombreux mois, le passage de la ville de Lyon de 50 à 30 km/h sera opéré le 30 mars. Un changement de logique qui doit permettre de réduire l’accidentologie dans les rues de Lyon alors que 84% des rues de la ville seront limitées à 30 km/h. Quelques axes resteront néanmoins à 50 ou 70 km/h, on fait le point.
Dévoilé il y a déjà plusieurs mois par la Métropole de Lyon, puis officialisé par la mairie centrale, le passage de Lyon en "Ville 30" le 30 mars n’avait plus rien de secret depuis un long moment. Restait seulement à découvrir le nom des quelques axes routiers où la vitesse resterait à 50 km/h ou 70 km/h. Depuis vendredi 18 mars, à 12 jours de ce grand "inversement de la logique", comme aime à l’appeler la majorité, on sait qu’il n’en restera que 117 km sur les 720 que compte la ville de Lyon.
De quoi faire dire au maire de Lyon "qu’il va se passer quelque chose d’assez incroyable". Présenté comme un véritable "aboutissement", qui s’inscrit dans le mouvement d’apaisement de Lyon, ce passage en Ville 30 a ainsi pour premier objectif "d’améliorer la sécurité routière", assure Grégory Doucet, le maire, alors qu’entre 2016 et 2020 15 piétons ont perdu la vie à Lyon. À cet égard, "plus de 75% des lieux où il y a eu des accidents ces dernières années seront désormais à 30 km/h ou moins", précise Valentin Lungenstrass, l’adjoint au maire en charge de la voirie et des mobilités.
Pas une mesure anti-voiture
Quand certains détracteurs de la municipalité et de la métropole écologistes cherchent à voir dans ce passage à 30 km/h une mesure "anti-voiture", l’élu dissocie rapidement les deux sujets, "on a une stratégie globale en matière de transition des mobilités qui vise à réduire la place de la voiture, mais ça [la ville 30, NDLR] fait partie de notre stratégie en matière de sécurité routière et de bruit, on l’espère".
"Ce ralentissement d la vitesse vient s’inscrire dans un grand mouvement d’apaisement de la ville. Notre objectif c’est de limiter le nombre de décès et de blessés graves", Grégory Doucet, maire de Lyon
En réduisant la vitesse, la ville insiste sur le fait que les temps de parcours des automobilistes ne changeront au maximum que de "quelques secondes sur les trajets courts et 1, 2, 3 minutes sur les plus longs". En revanche, les accidents graves eux devraient diminuer de manière significative, à tire d’exemple "à Grenoble le nombre de piétons blessés a été diminué par 2" depuis le passage de la Ville à 30 fait valoir Grégory Doucet. En diminuant la vitesse de 20 km/h, la distance de freinage réduirait ainsi de moitié et le risque de décès d’un piéton passerait ainsi de 80%, à 50 km/h, à 10% lorsque l’on roule à 30 km/h.
84% de rues à 30 km/h ou moins
Une démarche qui a fait ses preuves dans de nombreuses capitales étrangères comme Londres ou Oslo, avant d’arriver à Paris l’année dernière, où plus proche de Lyon à Oullins, Couzon-au-Mont-d’Or et Poleymieux-au-Mont-d’Or. À Lyon, ce sont 84% des rues qui passeront donc à 30 km/h pour améliorer la sécurité des piétons, réduire les nuisances et accessoirement la pollution "toute la ville sera par défaut à 30 km/h et si quelqu’un à un doute c’est bien à 30 qu’il faut rouler, hormis sur un certain nombre de grands axes qui restent à 50 km/h", résume Valentin Lungenstrass.
"La Ville 30 c’est une action systémique qui produit cet effet de baisse globale des vitesses et qui permet de sauver des vies partout", Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole en charge des mobilités
Parmi 112 km de routes qui resteront à 50 ou 70 km/h on retrouve la M6 et la M7, le tunnel de la Croix-Rousse, une partie des quais du Rhône et le nord des quais de Saône, l’avenue Berthelot ou encore le Boulevard des Belges. Pour rappeler aux automobilistes qu’ils entrent ou sortent de la zone 30, de grandes ellipses ont déjà été peintes au sol et des panneaux ont été installés et seront dévoilés le 30 mars.
Quid des sanctions ?
Des aménagements urbains qui représentent un certain coût pour la collectivité, qui a dû débourser 250 000 euros pour contribuer à la création de sa Ville 30. Le gros du financement est prix en charge par la Métropole de Lyon qui s’est attachée à rerégler les feux de circulation, une équation complexe et surtout coûteuse puisqu’elle a nécessité 3 millions d‘euros.
Que les automobilistes se rassurent, si durant les prochaines semaines ils ont du mal à prendre le pli des 30 km/h, malgré l’installation de panneaux et d’une vingtaine de radars pédagogique pour le leur rappeler, aucune verbalisation ne sera dressée par la police lors du premier mois. La Ville a en effet décidé de jouer la carte de la pédagogie.
"Il y aura un mois de période pédagogique, les contrôles seront effectués par les policier mais donneront lieu à une information sur ce qu’est la Ville 30, ça fait partie du dispositif d’accompagnement de cette mesure. Et au-delà de ce mois, les excès de vitesse feront l’objet de verbalisation", Valentin Lungenstrass, adjoint au maire en charge des mobilités et de la voirie
Ce délai passé, les contrôles seront accompagnés de sanctions. Pour cela, la municipalité entend s’appuyer sur sa police qui dispose de radars jumelles et travaille actuellement avec la Métropole de Lyon et la préfecture du Rhône pour installer des radars sanctions sur le périmètre. Plusieurs secteurs importants ont ainsi été identifiés par la Ville, notamment la rue Garibaldi, l’avenue Barthélémy Buyer et le cours d’Herbouville. De son côté, Fabien Bagnon précise que la collectivité étudie une centaine d’emplacements répartis sur le territoire de la Métropole et "espère aboutir sur des installations au plus tard l’an prochain pour rendre crédible les limitations de vitesse". Sans doute le défi majeur qu'aura à relever la Ville de Lyon pour faire respecter sa Ville 30.