Sylvain Grataloup, le président national de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Sylvain Grataloup, le président national de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Passoires thermiques : "C'est une catastrophe de faire sortir autant de logements"

Sylvain Grataloup, le président national de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Depuis 2021, la loi "Climat et Résilience" a mis en place un calendrier du DPE et donc depuis le 1er janvier 2025, tous les logements avec la note G ne peuvent plus être remis sur le marché locatif. Une mesure annoncée de longue date mais qui fait tout de même parler en cette rentrée. Pour Sylvain Grataloup, le président de l'UNPI : "On estime aujourd'hui que 600 000 logements sont concernés par cette note G. 600 000 logements, ça paraît peu, mais c'est énorme. C'est énorme, d'autant plus que le marché locatif souffre terriblement. C'est donc une catastrophe que de faire sortir autant de logements dans une période d'instabilité totale, à la fois politique et puis aussi sociale, à travers des Français qui n'arrivent plus à se loger dans de bonnes conditions." Selon lui, "les propriétaires se sentent complètement accablés. Surtout, ils ne comprennent pas les raisons pour lesquelles on les accable de cette manière-là, alors même que ce sont eux qui participent à la croissance. Quand vous êtes propriétaire bailleur, vous faites intervenir des quantités d'artisans, que ce soit des plombiers, des électriciens, des intermédiaires, et à Lyon, les régies, les agences immobilières qui gèrent les biens, des notaires pour les acquisitions, des avocats en cas de contentieux, etc. Les propriétaires bailleurs sont de vrais agents économiques. Ce sont aussi des agents environnementaux parce que justement, on leur demande de rénover et c'est bien."

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Pour le président de l'UNPI, une solution serait de modifier la manière de calculer le DPE pour les logements chauffés à l'électricité : "Ce serait extrêmement simple, vous savez, de passer de G à E voire D, et je le dirai à Madame Létard que je rencontre - tout simplement, si on modifie le coefficient électricité. Lorsqu'on établit un diagnostic, il y a un certain nombre de critères, notamment les critères de la source de l'énergie, fuel, gaz, électricité. On a considéré que l'électricité était polluante, donc on lui affecte un coefficient de 2,3. Sauf qu'en France, la plupart de l'électricité est produite par nos centrales nucléaires à 95%. Il n'y a rien de polluant. Si on abaisse le coefficient de 2,3 à 1, voire 1,5. Nous avons la plus grande majorité de logements qui ne sont plus classés en G. Ainsi, nos propriétaires pourraient être dans une logique de rénovation pour sortir du F et voire même monter un peu plus loin."

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Côté chiffre : "Aujourd'hui, le sondage de l'UNPI est clair : 50% des propriétaires privés rénovent, 50% ne rénovent pas. Et sur ces 50% qui ne rénovent pas, on en a 45% qui ne vont pas relouer, donc de la vacance, et les autres vont vendre."

Plus de détails dans la vidéo :

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Bonjour et bienvenue dans l'émission "6 minutes chrono”, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Bonne année. Aujourd'hui, nous allons parler du DPE, du diagnostic de performance énergétique. Depuis 2021, la loi Climat et résilience a mis en place un calendrier du DPE et donc depuis le 1er janvier de cette année, le 1er janvier de 2025, tous les logements avec la note G ne peuvent plus être remis sur le marché locatif. Pour en parler, nous recevons Sylvain Grataloup, le président national de l'Union nationale des propriétaires immobiliers, l'UNPI, et vous êtes aussi le président de la chambre locale du Rhône et de la métropole de Lyon. Bonjour Sylvain Grataloup. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Ça concerne combien de logements ayant la note G en France ?

On estime aujourd'hui que 600 000 logements sont concernés par cette note G. 600 000 logements, ça paraît peu, mais c'est énorme. C'est énorme, d'autant plus que le marché locatif souffre terriblement. C'est donc une catastrophe que de faire sortir autant de logements dans une période d'instabilité totale, à la fois politique et puis aussi sociale, à travers des Français qui n'arrivent plus à se loger dans de bonnes conditions.

Il n'y a pas de dérogation possible pour les propriétaires d'un appartement ou des bailleurs qui auraient la note G ? Ça n'existe pas ?

Ils savent que dès l'instant où le bien est diagnostiqué G, il ne peut pas être loué. Cela ne concerne que les futures locations. Les biens qui sont déjà loués vont continuer jusqu'à l'échéance. Mais 600 000 logements, c'est énorme. C'est énorme.

Alors vous avez commencé à en parler. Voilà, ça a un impact sur le marché locatif. Est-ce que vous, vous avez des retours des propriétaires qui disent de toute manière, voilà, moi, je vais vendre mon bien en location, je vais arrêter de faire de l'allocation. Comment est-ce que c'est reçu finalement par les propriétaires, ce calendrier du DPE ?

Ce DPE n'est qu'un élément parmi tant d'autres et particulièrement à Lyon. On a vécu la taxe foncière pour laquelle l’UNPI a d'ailleurs engagé un recours pour des conditions d'élaboration qui ne sont pas satisfaisantes. C'est aussi l'encadrement des loyers. La Métropole de Lyon a un rôle extrêmement important là aussi avec des recours qui sont engagés.

C'est à Lyon et Villeurbanne.

Et aujourd'hui, on a le DPE sur la France. Donc les propriétaires se sentent complètement accablés. Surtout, ils ne comprennent pas les raisons pour lesquelles on les accable de cette manière-là, alors même que ce sont eux qui participent à la croissance. Quand vous êtes propriétaire bailleur, vous faites intervenir des quantités d'artisans, que ce soit des plombiers, des électriciens, des intermédiaires, et à Lyon, les régies, les agences immobilières qui gèrent les biens, des notaires pour les acquisitions, des avocats en cas de contentieux, etc. Les propriétaires bailleurs sont de vrais agents économiques. Ce sont aussi des agents environnementaux parce que justement, on leur demande de rénover et c'est bien.

J'allais vous demander : sur le fond, le réchauffement climatique concerne tout le monde, le locataire propriétaire et de la même manière, la vétusté des biens aussi, la rénovation. C'est ça la question de fond.

Les propriétaires ont mis du temps à intégrer tout ça, mais comme tous les Français. C'est-à -dire que le réchauffement climatique, le climat qui se dégrade, etc. Il a fallu l'intégrer, il a fallu avoir la pédagogie, le mesurer, en prendre conscience et y adhérer totalement. Les propriétaires aujourd'hui en ont totalement conscience et sont prêts à rénover. Il n'y a pas de difficulté. Simplement, c'est dès l'instant où ils ont pris conscience de cela. Même si la loi Clément Résilience date de 2021, il n'empêche que le temps que ça infuse sur les territoires, il faut être dans une démarche pédagogique, sensibiliser, accompagner. Et d'ailleurs, l'UNPI fait partie du plan “Bâtiment durable” où on accompagne nos propriétaires dans le cadre du plan Baille Renov, du programme Baille Renov pour leur expliquer justement tout l'intérêt de cette rénovation et puis les enjeux qu'il peut y avoir derrière.

C'est facile de changer de lettre, de passer de G à F ou à E et puis finalement à D hors calendrier d'interdiction de mise en location ? Ce sont des gros investissements à chaque fois ? 

Ce serait extrêmement simple, vous savez, de passer de G à E voire D, et je le dirai à Madame Létard que je rencontre - tout simplement, si on modifie le coefficient électricité. Vous savez que lorsqu'on établit un diagnostic, il y a un certain nombre de critères, notamment les critères de la source de l'énergie, fuel, gaz, électricité. On a considéré que l'électricité était polluante, donc on lui affecte un coefficient de 2,3. Sauf qu'en France, et c'est une erreur monumentale, la plupart de l'électricité est produite par nos centrales nucléaires à 95%. Il n'y a rien de polluant. Si on abaisse le coefficient de 2,3 à 1, voire 1,5. Nous avons la plus grande majorité de logements qui ne sont plus classés en G. Ainsi, nos propriétaires pourraient être dans une logique de rénovation pour sortir du F et voire même monter un peu plus loin.

D'accord, pour vous, il y aurait donc un biais sur le DPE ? Ce serait des appartements qui ne consomment pas forcément énormément, qui ne polluent pas énormément, donc le DPE finalement serait mal attribué.

Il n'y a pas de pollution dès l'instant où la source de l'énergie n'est pas polluante.

De fait, le nucléaire est “bas carbone”.

Exactement, le nucléaire est “bas carbone” et 95% de l'énergie électrique provient du nucléaire.

Et vous avez bon espoir d'être entendu par Valérie Létard, vous l'avez cité, la ministre du Logement, qui est encore de revenir sur ce calendrier du DPE ? Vous pensez que c'est encore possible ?

Le précédent Premier ministre, puisqu'on a l'habitude de changer régulièrement, manifestement, Michel Barnier, était sensible à cela. Il nous a demandé de soutenir justement cette réflexion de modification du coefficient de 2,3. Très clairement, il y a une prise de conscience des gouvernants. Le problème derrière, c'est que vous avez des lobbies du gaz, de l'électricité, du fuel, qui n'ont pas du tout, du tout la même approche. Ce sont des combats d'arguments, mais la réalité est celle-ci : 95% de notre énergie électrique provient du nucléaire, donc n'est pas polluante. Et ce qui est d'autant plus troublant, c'est que l'énergie électrique concerne essentiellement les petites surfaces, parce qu’il n'y a pas de pompe à chaleur sur ces surfaces.

Ce sont celles qui sont le plus mises en location.

Ce sont celles qui sont le plus mises en location pour les personnes les plus fragiles, des jeunes, des étudiants, des personnes seules qui ont une fragilité, en tout cas qui ne peuvent pas s'offrir au-delà. Donc, ce coefficient est mauvais. Ça, c'est la première chose. Ensuite, aujourd'hui, rénover, on est en 2025. Il y a l'échéance de 2028 pour les appartements en F et en 2034 pour les appartements en E. 

C'est un quart du parc à peu près.

Aujourd'hui, on a cette interdiction. Il n'est pas question de la remettre en cause, comme certains parlementaires le souhaitent, à l'Assemblée nationale, et de dire qu'il n'y a plus de calendrier. Non, il faut un calendrier. Il faut qu'on avance, il faut que les Français soient un peu secoués aussi, avec des échéances.

Et donc, vous, vous avez bon espoir de modifier ce calendrier pour l'assouplir. Ce sera le mot de la fin parce qu'on arrive déjà à la fin.

Je pense qu'il faut inviter les propriétaires à s'engager dans une rénovation qui soit une rénovation efficace, mais qui s'inscrive dans le temps, avec comme objectif, qui est l'objectif E. Parce que là, en G, on va passer en F, en F, il va falloir recommencer et les propriétaires n'y arriveront plus. Aujourd'hui, le sondage de l'UNPI est clair : 50% des propriétaires privés rénovent, 50% ne rénovent pas. Et sur ces 50% qui ne rénovent pas, on en a 45% qui ne vont pas relouer, donc de la vacance, et les autres vont vendre.

Très bien, ce sera le mot de la fin, avec une ouverture sur les conséquences sur le marché locatif.

Qui sont très graves, mais bonne année quand même.

Merci beaucoup, Sylvain Grataloup. Quant à vous, merci d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur l'immobilier lyonnais et l'impact aussi de ce DPE sur le marché locatif sur le site. On a fait plein d'articles dessus. Je vous dis à très bientôt. 

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