Patrimoine en danger

IMMOBILIER - Le fonds de pension qui a racheté l’Hôtel Tolozan pourrait être attaqué en justice par la mairie.

Situé au bas des pentes de la Croix-Rousse, avec une vue imprenable sur le Rhône, l’Hôtel Tolozan est un des joyaux architecturaux de Lyon. Mais plus de 50 lots de cet ensemble immobilier racheté par un fonds de pension parisien ont de la peine à trouver un acquéreur. Ce n’est pas ce qui préoccupe les nouveaux propriétaires, qui ont acheté 4500 euros/ m2. En effet, l’investisseur avait promis des appartements rénovés avec des “matériaux nobles et harmonieux”, au sein d’“un ensemble historique gorgé de charme et d’authenticité”. Au lieu de ça, ils vivent au milieu d’un dédale d’échafaudages, de gravas, de fils et de tuyaux à nu… Certains habitants sont là depuis 2003 et n’ont jamais vécu autrement que dans les travaux. Un habitant fait remarquer : “Les charges pour la rénovation sont en passe de devenir plus élevées que le remboursement de nos emprunts. Nous sommes dans une impasse financière.” Le Dr Michel Steyaert qui a son cabinet dans la maison Tolozan a décidé de porter plainte pour tromperie et vente mensongère. La Foncière Tolozan a fait appel de la décision de faire juger le procès à Lyon alors qu'il devait se tenir en septembre.

La ville impuissante ?

Et, à y bien regarder, les premiers travaux réalisés ne lui donnent pas tort. Ils ont des airs de cache-misère. “Ils ont tout couvert de contreplaqué, au lieu de nettoyer les boiseries et les pierres pour leur rendre leur cachet,” lance Bernadette Lecat, une habitante. En mars dernier, les pompiers ont fait évacuer l’immeuble pour une fuite de gaz. Cette dame explique : “ Le réseau d’eau, de gaz et d’électricité demeure une inconnue, c’est un danger permanent.” Autre danger : la fragilité des 7 cheminées qui donnent sur la place Tolozan. Une étude de 2007, faite par un expert, montre qu’elles menacent de s’effondrer et que la toiture est en très mauvais état. “J’ai honte pour les Lyonnais quand des touristes viennent visiter ce lieu. On court à la catastrophe,” souligne Bernadette Lecat. Le Dr Steyaert a averti à plusieurs reprises la mairie, qui semble impuissante. La ville a pourtant versé une subvention de 141 127 euros au fonds de pension, qui s’était engagé à rénover complètement la traboule Tolozan avant mars 2008. Une visite rapide des lieux montre que l’objectif est loin d’être atteint. Pierre-Yves Collaud, pour la mairie du 1er arrondissement, précise : “il semble que l’infraction soit caractérisée mais ni nous, ni les architectes des Bâtiments de France n’ont de moyens de cœrcition. Il faut attendre la réception des travaux pour faire un procès verbal qui sera communiqué au Procureur.”

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