Au terme de plus d'un an d'enquête, trois journalistes indépendants viennent de publier un livre sur les scandales de pédophilie dans l'Église catholique intitulé Église, la mécanique du silence. Invité de L'Autre Direct, Mathieu Martinière, co-auteur de l'ouvrage, nous explique comment s'est mis en place un système d'exfiltration des prêtres soupçonnés d'abus sexuels, à Lyon et dans le monde entier.
"25 évêques ont couvert 32 auteurs d'agressions sexuelles qui auraient fait 339 victimes". Le bilan de l'enquête menée par Mathieu Martinière, notre invité, Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse du collectif de journalistes indépendants We Report, est glaçant. Au terme d'un an d'investigations, ils publient un livre intitulé Église, la mécanique du silence (JC Lattès), où ils révèlent les négligences et manquements de l'Église catholique en matière de lutte contre la pédophilie.
"Ce qu'on a voulu pointé c'est vraiment la responsabilité de l'institution, des évêques", explique Mathieu Martinière. L'enquête dénonce notamment le système d'exfiltration des prêtres soupçonnés d'abus mis en place par l'Église. Et comme l'avait montré notre carte de France de la pédophilie dans l'Église, publiée au printemps dernier sur le site LeLanceur.fr, les cas sont pléthore. On citera pêle-mêle Max de Guibert, muté en 2009 puis mis en examen en 2015, Stéphane Gotoghia, condamné en 2014 pour des agressions sexuelles couvertes par deux évêques, ou encore Pierre Étienne Albert, condamné en 2011 pour 39 agressions sexuelles sur mineurs quand le Vatican était au courant de ses dérives depuis 2007.
A Lyon, les jornalistes de We Report, qui ont collaboré avec Mediapart, ont découvert que "l'affaire Preynat n'était que la partie émergée de l'Iceberg". "Aujourd'hui on peut révéler qu'il y a cinq cas couverts par le cardinal Barbarin", affirme Mathieu Martinière. "Il y a cinq affaires couvertes par le cardinal Barbarin, il y a trois autres affaires où on dit que ce sont des négligences", explique-t-il. Pourtant l'enquête préliminaire qui visait l'archevêque lyonnais dans le cadre de l'affaire Preynat a été classée à l'été. "Aujourd'hui il n'est pas poursuivi par la justice notamment pour des causes de prescription", explique Mathieu Martinière.
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Mathieu Martinière :
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Là où M. Martinière relève 'huit affaires' soi-disant couvertes par Mgr Barbarin, le Lanceur en note 4 (Albert à Rodez). Le Lanceur chercherait-il à minorer où à cacher les 4 autres cas ? À moins que ceux-ci ne relèvent que d'allégations ?Que les coupables soient châtiés, que les victimes soient écoutées, que les innocents cessent d'être insultés.
L’écart est dû au fait que la carte du Lanceur (http://www.lelanceur.fr/en-matiere-de-pedophilie-le-silence-demeure-la-regle-dans-leglise-catholique-francaise/) a été publiée au printemps dernier, alors que toutes les affaires n’étaient pas encore sorties. Si Mathieu Martinière évoque huit affaires, c’est en prenant en compte les révélations publiées depuis, notamment dans le cadre de l’enquête qu’il a menée avec Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse pour Mediapart.A.S.