Peinture fraîche Festival
Peinture fraîche Festival lors de sa dernière édition à la Halle Debourg en 2022. @ Cheyenne Gabrelle

Peinture fraîche veut recréer la Mecque du graffiti à Fagor Brandt 

Pour sa 5e édition et malgré des baisses de subvention conséquentes, la festival de street-art Peinture Fraîche va investir pour la première fois l’immense site des anciennes usines Fagor-Brandt du 11 octobre au 5 novembre.

Désormais bien installé dans le paysage artistique lyonnais, le festival Peinture Fraîche revient du 11 octobre au 5 novembre dans un tout nouveau lieu pour sa 5e édition. Jusqu’ici installé dans l’ancienne Halle Debourg, le show de street-art déménage quelques centaines de mètres plus loin, dans les anciennes usines Fagor-Brandt. "On a parié sur le nombre de personnes qui allaient se tromper de lieu", lâche dans un éclat de rire Cart1, le directeur artistique du festival.

"On est un festival de street art et de technologies, mais cette année on a voulu mettre en avant la graffiti culture et casser l’image d’Épinal que l’on en a"

Cart1, directeur artistique du festival

Au-delà de la situation géographique du lieu, après quatre années passées dans les 3 500 m2 de la Halle Debourg, le défi qui s’offrait aux organisateurs de Peinture Fraîche était de taille étant donné la superficie du site de Fagor-Brandt. D'autant plus que cette année, le street artiste à son origine a voulu rendre hommage à la Mecque new-yorkaise du graffiti, 5Pointz, détruite il y a tout juste 10 ans. Tout un symbole alors que "comme Fagor elle faisait 22 000 m2", confie Cart1, avant d’ajouter "on ne va pas tout exploiter, mais on va lui faire résonance, car on est le dernier événement à se tenir à Fagor avant que le site ne soit détruit". Ou plutôt transformé en espace de maintenance pour les tramways du réseau TCL.

Lire aussi : Lyon sous les bombes. Rencontre avec Impact, l'un des plus anciens graffeurs de Lyon.

Le graffiti à l'honneur

Pour tirer au mieux parti des immenses volumes de Fagor-Brandt, qui ne présente finalement que peu de supports pour peindre, de faux murs ont donc été installés et un "graffiti park" de 7 000 m2, "le plus grand d’Europe" assure Cart1, a été créé. "On est un festival de street art et de technologies, mais cette année on a voulu mettre en avant la graffiti culture et casser l’image d’Épinal que l’on en a", explique le directeur artistique. Un espace dédié à la libre création, dont une partie a été confiée à des artistes, mais qui, pour le reste, permettra aux visiteurs de venir s’essayer au graffiti légalement grâce aux sprays de peinture en vente sur place. 

5Pointz, la Mecque new-yorkaise du street art en 2013. Cette année, le festival Peinture Fraîche lui rendra hommage 10 ans après sa destruction. (Photo de EMMANUEL DUNAND / AFP)

"On a reproduit un 5Pointz à la lyonnaise", souffle non sans fierté Cart1. Invité d’honneur du festival, le fondateur de la Mecque du graffiti, Jonathan Cohen, alias Meres One, qui n’a donc rien à voir avec l’humoriste français, aura sans doute son mot à dire la-dessus. L'un des moments clé de cette édition devrait la réalisation en direct d'une oeuvre géante par la star du graffiti. Un événement rare alors que l’artiste américain "n’est venu qu’une ou deux fois en France". 

Pour le reste, ce sont près de 80 artistes internationaux et nationaux qui ont laissé libre cours à leur talent. Les visiteurs pourront notamment découvrir la plus grosse oeuvre du festival confiée à l’artiste irlandais Aches, spécialiste de l’utilisation du système de traitement optique RVB, ou encore l’installation d’un dinosaure géant de 6m par 6 créé par un lyonnais. Sans oublier toute la palette d’artistes en provenance du graffiti qui en montreront ses différents styles, de l’abstract au lettering en passant par la calligraphie. L’occasion de découvrir les deux crew historiques de Lyon en la matière, DKR de l’est de Lyon et TWA de Vénissieux. Il ne faudra également pas rater les œuvres de Lor-K ou du jeune artiste lyonnais Gen_iart, qui ont fait le pari de recourir à l’intelligence artificielle pour produire leurs œuvres, en reproduisant des contenus créés via Chat Gpt et Midjourney.

Des subventions publiques divisées par deux

Une édition qui s’annonce donc riche, mais dont l’organisation est loin d’avoir été un long fleuve tranquille, du fait de baisses de subventions. "Nous avons subi des baisses de subvention de près de 20 000 euros, et comme beaucoup de structures culturelles il faut s’accrocher avec les dents", explique Anaïs Taveau, chargée de production pour le festival. "On a une baisse de 30% de notre subvention municipale, soit 10 000 euros. On avait aussi un soutien de la Drac, qui se retire. Ce qui nous enlève encore 10 000 euros", précise Cart1. 

"On a déjà de la chance d’être aidés de 20 000 euros de la Ville et d’avoir 14 000 euros de la Métropole"

Cart1, directeur artistique du festival

"Un coup dur" pour l’événement, qui a donc perdu près de la moitié de ses subventions publiques, sachant que celles-ci représentent 4% de son budget d’environ 700 000 euros. "Plutôt que de critiquer je vais le prendre dans l’autre sens. On a déjà de la chance d’être aidés de 20 000 euros de la Ville et d’avoir 14 000 euros de la Métropole [qui prête en plus le site de Fagor-Brandt, NDLR]", insiste toutefois l’artiste, qui reconnait néanmoins devoir "bidouiller" et "tricoter pour présenter quelque chose de qualité". 

En raison de ces baisses de subventions, notamment, quelques ajustements ont dû être faits en invitant moins d'artistes étrangers et en ajustant la billetterie. En semaine, l’entrée reste à 6 euros, en revanche le week-end celle-ci passe à 8 euros. 

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