François-Xavier Pénicaud
François-Xavier Pénicaud

Pénicaud (Modem) : "impossible de travailler avec une partie des Insoumis"

François-Xavier Pénicaud, président de la fédération Modem du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono.

La majorité présidentielle ne semble pas décider à laisser le Nouveau Front populaire gouverner seul. Le responsable départemental du Modem, François-Xavier Pénicaud, appelle à une large coalition : "je ne dresse pas un signe égal entre les Insoumis et le Rassemblement National, et par ailleurs, au sein même des Insoumis, on voit bien qu'il y a beaucoup de débats, nous avons observé d'ailleurs la posture de M. Ruffin qui a décidé de quitter les insoumis, et on voit bien qu'un certain nombre, y compris au sein des Insoumis, veulent maintenir la ligne politique des insoumis dans un cadre républicain, mais ce qui n'est pas le fait de la majorité des parlementaires Aussi, nous, il est assez clair que ce que l'on veut, c'est rassembler des gens qui sont très clairs et très fermes sur les principes et les valeurs républicaines. Donc oui, de fait, il sera impossible pour nous de pouvoir aller travailler avec une partie des Insoumis".

La retranscription intégrale de l'entretien avec François-Xavier Pénicaud

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui on va s'intéresser à un débriefing du deuxième tour des élections législatives. Pour ça nous accueillons François-Xavier Pénicaud. Vous êtes président du Modem du Rhône, le Modem qui a conservé deux députés dans le Rhône. Blandine Brocard réélu dans la cinquième, Cyrille Isaac-Sibylle, réélu dans la douzième. Alors c'est deux candidats qui étaient dans des triangulaires mais on a quand même l'impression que le grand enseignement de ces législatives, c'est le fait que le front républicain a marché. Est-ce que vous imaginiez après le premier tour ou pendant toute l'année 2024 que le front républicain pourrait encore marcher en France ?


Non, ce n'est pas évident, ce n'était pas évident et il faut saluer l'ensemble des Français qui ont fait ce choix. Ce n'est pas évident notamment parce qu'on sent bien que la société est de plus en plus violente dans ses relations intrinsèques et que si l'opinion nationale a toujours été morcelée, diverse, et c'est normal, il y a 68 millions d'opinions quand vous avez 68 millions de Français, eh bien il n'était pas dit qu'ils étaient capables de se rassembler lorsque l'essentiel était en jeu. Ça nous appelle quand même à une responsabilité, à savoir construire dans le dialogue des chemins de réconciliation et de co-construction.


Ces chemins, est-ce qu'ils peuvent être empruntés ? Sachant qu'ils auraient pu l'être bien avant puisque dans l'ancienne Assemblée nationale, si la majorité présidentielle Renaissance dont le Modem fait partie avait fait peut-être un geste avec Les Républicains, il y avait une possibilité peut-être de trouver des compromis, des consensus, ce qui aurait pu éviter cette dissolution. Là on a une Assemblée nationale qui est encore plus morcelée avec finalement une tripartition en trois blocs, est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir des dialogues entre ces trois blocs ? Est-ce ce que vous souhaitez ?


Le jeu des institutions jusqu'ici était surprésidentialisé, en particulier depuis l'inversion du calendrier. Il mène généralement beaucoup de parlementaires à ne pas se positionner pour ce qu'ils portent et donc en capacité de construire le dialogue, parce que quand vous construisez en positif vous pouvez vous construire en dialogue, mais en opposition drastique. Et par ailleurs, ce jeu de surprésidentialisation a souvent conduit la majorité, et c'est une erreur, et le Modem l'a souvent dit, à demander aux gens à se rallier à eux en mettant le petit doigt sur la couture, en se reniant, plutôt que de s'assumer dans les sensibilités qu'ils avaient. Nous-mêmes, le Modem, souvent, nos partenaires de renaissance, un certain nombre de leurs cadres nationaux, ont dit « mais pourquoi ne voulez-vous pas d'un parti unique ? » Et souvent nous leur avons expliqué, cette fameuse Maxime de François Bayrou, c'est que quand on pense tous la même chose, nous ne pensons plus rien. Aujourd'hui, les français ont manifesté une surmobilisation dans ce scrutin parlementaire en montrant qu'ils voulaient de ces nuances, et ils voulaient donner une importance à la démocratie parlementaire, à nous d'en tirer les conséquences en sachant construire des dialogues et des coalitions qui respectent les identités politiques de chacun, ça veut dire si on doit travailler demain avec des socialistes, demain avec des écologistes, demain avec des républicains, ne leur demandons pas de se rallier à notre blanc panache, ou inversement qu'ils ne demandent pas la même chose dans le sens inverse, sans quoi il n'y aura pas de coalition de responsabilité nationale possible en France. Et on ne peut pas se permettre de n'avoir aucune coalition de responsabilité nationale dans l'année qui vient.


Vous avez éliminé de l'équation les insoumis, or le Nouveau Front Populaire a dit qu'il resterait le Nouveau Front Populaire, que s'il devait se scinder, par exemple faire route sans les insoumis, à ce moment-là, ça voudrait dire une trahison des électeurs. Est-ce que ce périmètre-là, travailler avec le Nouveau Front Populaire dans son intégralité, c'est possible pour vous ?


Alors, d'abord, et j'ai toujours pris garde de cela, je ne dresse pas un signe égal entre les insoumis et le Rassemblement National, et par ailleurs, au sein même des insoumis, on voit bien qu'il y a beaucoup de débats, nous avons observé d'ailleurs la posture de M. Ruffin qui a décidé de quitter les insoumis, et on voit bien qu'un certain nombre, y compris au sein des insoumis, veulent maintenir la ligne politique des insoumis dans un cadre républicain, mais ce qui n'est pas le fait de la majorité des parlementaires Aussi, nous, il est assez clair que ce que l'on veut, c'est rassembler des gens qui sont très clairs et très fermes sur les principes et les valeurs républicaines. Donc oui, de fait, il sera impossible pour nous de pouvoir aller travailler avec une partie des insoumis, je dis, dedans, il peut y avoir des exceptions qui sont capables de faire passer la République.


Même si c'est sur des textes avec lesquels vous pouvez être en adéquation ?


Mais tout ça se construit, je vais vous prendre un exemple.


Ils sont pour la proportionnelle, comme vous...


Mais ils sont divisés, par exemple, au sein du NFP sur le sujet, je débattais il y a quelques temps avec Fanny Dubot, maire écologiste du 7e arrondissement. Les écologistes ont toujours défendu la proportionnelle et ils la défendent toujours. Et ils la défendent beaucoup plus avec nous qu'ils ne la défendront avec les insoumis. Donc bien sûr qu'on doit pouvoir construire des dialogues sur des sujets comme ça. Le sujet du partage de la valeur, nous défendons, nous, centristes, nous avons posé des propositions de loi, nous, modem, pour imposer le partage de la valeur en entreprise, entre salariés et actionnaires, pour redonner sens aux sentiments collectifs que l'on peut avoir dans l'équipe Eh bien, vous avez une partie de la gauche, par exemple chez les socialistes, qui partage cet objectif-là, vous avez quelqu'un comme monsieur Ruffin, dont je parlais tout à l'heure, qui partage cet objectif-là, mais ce n'est pas le cas de la majorité des insoumis. Ils veulent opposer patrons et salariés, ce qui est une erreur absolue.

Sur ce que vous avez vu de leur programme, est-ce qu'il y a des choses sur lesquelles vous dites, bon, là-dessus on va pouvoir bosser ensemble et au moins ce sujet-là peut avancer ?


Mais bien sûr, autant nous avons une différence, par exemple, sur le plan énergétique, sur le nucléaire et nous pensons qu'il faut maintenir une énergie dans le sens du redéveloppement de l'action nucléaire, mais nous défendons aussi le fait que dans le mix énergétique national, nous puissions décarboner et, par exemple, faire des grands investissements, potentiellement avec un grand emprunt, dans la transition énergétique en faveur des énergies renouvelables. Ça, si on ne peut pas tomber d'accord sur un projet comme celui-ci avec les socialistes, les écologistes et toute une partie des insoumis et les républicains, parce que, pardonnez-moi, les républicains, la droite républicaine en France aujourd'hui n'est pas climato-sceptique. Il n'y a que l'extrême droite, que la droite nationale, comme ils aiment à s'appeler, qui est encore climato-je-m'en-foutiste d'ailleurs, parce que c'est plus comme ça qu'il faut les définir. Nous pouvons travailler sur des sujets comme ça et c'est de salubrité nationale. Nous ne pouvons pas attendre dix ans, nous ne pouvons pas attendre cinq ans pour faire cet effort-là. Donc, faisons-le tous ensemble, soyons adultes et prenons ces décisions-là.

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