François-Xavier Pénicaud, président du Modem du Rhône et de la Métropole de Lyon est l'invité de 6 minutes chrono.
Ce mardi 1er octobre, Michel Barnier va prononcer son discours de politique générale à l'Assemblée nationale. C'est le premier stress-test d'un gouvernement dont l'espérance de vie est déjà limitée et au sein duquel les premiers désaccords effleurent. Une situation atypique mais assumée par le représentant local du Modem, parti qui composse cette "coalition" : "on voit bien d'ailleurs que les phénomènes de discipline gouvernementale comme on a pu le connaître dans d'autres circonstances ne prévalent pas. Nous assumons publiquement la nécessité que des sensibilités différentes qui sur certains sujets s'opposent soient obligées de converger sur une politique commune, et c'est ça qui va se passer dans les mois et les années qui viennent. J'aurais aimé, nous aurions aimé le mouvement démocrate qu'il n'y ait pas un comportement d'irresponsabilité nationale chez les forces de gouvernement de gauche qui ont refusé de donner toute chance à un dialogue qui y compris aurait permis de mieux avancer sur certains sujets, de mieux trouver des équilibres".
François-Xavier Pénicaud revient aussi sur les propos de Bruno Retailleau contestés par une partie du bloc central sur l'Etat de droit : "Le ministre de l'Intérieur, il a des propos qui correspondent à sa conviction. Il ne vient pas de notre famille politique et pas plus hier qu'aujourd'hui. Et donc nous devons entreprendre des discussions avec lui, avoir des points de fermeté. Mais à la fin, c'est le Parlement qui aura les choses. Si demain, le ministre de l'Intérieur vient au Parlement demander à nos députés de voter des lois qui casserait l'Etat de droit, il nous trouvera contre lui".
La retranscription intégrale de l'entretien avec François-Xavier Pénicaud
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le Rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec François-Xavier Pénicaud. Vous êtes président du Modem du Rhône et de la Métropole de Lyon, on voulait revenir avec vous sur la participation du Modem au gouvernement Barnier, il y a plusieurs choses qui peuvent paraître un peu baroques, on a le souvenir que vous par exemple vous aviez été élu Modem sur une liste qui avait été menée par Laurent Wauquiez, ce qui avait provoqué la colère de François Bayrou, puis que vous étiez séparés des Républicains et de Laurent Wauquiez en estimant qu'il y avait une dérive droitière du parti, aujourd'hui on vous retrouve dans, enfin pas vous personnellement, mais le Modem dans ce gouvernement avec une droite que vous jugez pour l'instant trop droitière, qu'est-ce qui s'est passé entre temps ?
D'abord il s'est passé des législatives et une réalité politique, un message des Français. Aujourd'hui, et j'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce propre plateau, nous n'avons d'autre choix que de construire des majorités forcément relatives de responsabilité nationale. Le Président de la République a souhaité donner le temps à l'ensemble des groupes parlementaires d'essayer de trouver des chemins de convergence les plus larges possibles qui auraient pu permettre la construction d'une majorité absolue de programmes qui aujourd'hui, et je le regrette, ne débouche que sur une majorité relative de coalition, et c'est bien une coalition dans laquelle chaque sensibilité s'affirme, et on voit bien d'ailleurs que les phénomènes de discipline gouvernementale comme on a pu le connaître dans d'autres circonstances ne prévalent pas. Nous assumons publiquement la nécessité que des sensibilités différentes qui sur certains sujets s'opposent soient obligées de converger sur une politique commune, et c'est ça qui va se passer dans les mois et les années qui viennent. J'aurais aimé, nous aurions aimé le mouvement démocrate qu'il n'y ait pas un comportement d'irresponsabilité nationale chez les forces de gouvernement de gauche qui ont refusé de donner toute chance à un dialogue qui y compris aurait permis de mieux avancer sur certains sujets, de mieux trouver des équilibres. J'espère que cela d'ailleurs évoluera dans le temps parce que cette irresponsabilité, je crois que beaucoup des lecteurs de gauche vont être très critiques sur un NFP qui refuse finalement de contribuer aux équilibres. C'est pour ça d'ailleurs que ce week-end à Guidel aux universités d'entrée du modem, nous avons accueilli Bernard Cazeneuve pour participer de ce dialogue là et dire nous notre main sera toujours tendue qu'elle soit à des acteurs républicains de gauche ou de droite pour trouver des compromis d'intérêt national.
Vous dites dans ce gouvernement les différences seront assumées et publiques, en revanche visiblement il y a une ligne rouge à ne pas franchir c'est de critiquer le rassemblement national ou de les exclure de l'arc républicain puisque ce qu'avait fait dans un premier temps le nouveau ministre de l'économie, ma chroniste, qui a dû faire machine arrière sur injonction de Michel Barnier. Est-ce que vous ça vous gêne d'être dans un gouvernement qui doit finalement ménager le rassemblement national, dire qu'ils appartiennent à l'arc républicain qui va être finalement sous la menace d'un chantage à la motion de censure du RN ?
Bien entendu que cet état de fait me dérange et il fait partie des raisons pour lesquelles je dénonce l'irresponsabilité d'une partie de la gauche du gouvernement qui, refusant le dialogue, a posé cette situation, a mis effectivement sous surveillance du RN l'arc… Vous n'êtes pas obligé de vous mettre sous cette surveillance, vous pourriez dire non pas avec nous. Ah mais nous ne le souhaitons pas et personne ne le souhaite, le problème il est mathématique, c'est que l'assemblée doit respecter l'expression des électeurs. Nous avons toujours défendu deux choses, le fait que nous n'aurions aucune compromission de fonds ou électorale avec le RN, c'est le cas, ce sera le cas et nous avons construit des arcs et des fronts républicains partout où c'était nécessaire contre le RN et les candidats antirépublicains. Le deuxième, c'est que toutes les expressions des Français doivent être respectées, entendues, elles doivent pouvoir s'exprimer. Je ne partage rien avec le RN mais je me battrai toujours pour qu'il ait la possibilité de l'exprimer comme je le fais avec la France insoumise, comme je le fais avec les écologistes, comme je le fais avec les républicains ou les socialistes. Si nous n'acceptons pas de travailler avec les élus qui ont été désignés par le peuple, le peuple se mettra en défiance de plus en plus avec les institutions. Il y a un péril institutionnel qui est que nous nous nous fracturons la confiance entre les citoyens et leurs institutions, c'est un péril démocratique et qui nous nous mènera qu'au pire. Je ne veux pas que l'on choisisse entre affronter le péril climatique et affronter le péril de l'ordre pour reprendre les propos de notre ministre de l'Intérieur. Il faut que l'on travaille sur ces deux axes.
Il dit que l'Etat de droit n'a pas vocation à rester tel quel que l'Etat de droit nous nuit. Est-ce que vous en tant que centriste plutôt modéré, vous pouvez participer à un gouvernement avec un ministre de l'Intérieur qui veut sortir de l'Etat de droit ?
Le ministre de l'Intérieur, il a des propos qui correspondent à sa conviction. Il ne vient pas de notre famille politique et pas plus hier qu'aujourd'hui. Et donc nous devons entreprendre des discussions avec lui, avoir des points de fermeté. Mais à la fin, c'est le Parlement qui aura les choses. Si demain, le ministre de l'Intérieur vient au Parlement demander à nos députés de voter des lois qui casserait l'Etat de droit, il nous trouvera contre lui. Mais tant qu'il le fera justement dans le respect de la quête de droit, qu'il ait sa liberté de conscience sur le sujet, c'est sa responsabilité. Effectivement sur ce point-là, nous ne partagerons pas son point de vue et nous lui disons et nous lui dirons. Ça ne nous empêche pas de travailler par exemple sur les conditions d'accueil des réfugiés, d'accueil des migrants, de travailler sur le pacte d'intégration des migrants de fait et notamment des réfugiés politiques. On voit qu'on est dans des situations géopolitiques qui vont nous en amener de plus en plus. Et bien là-dessus, vous pouvez être sûr que par exemple nous serons à ses côtés. Lorsqu'il va s'agir d'être très ferme ou d'empêcher des sorties illégitimes de personnes sous OQTF qu'on mène à la frontière et qui représentent une grande dangerosité de récidive par le type de méfaits qu'ils ont commis, alors là il nous trouvera aussi à ses côtés. Parce que ce n'est pas affaiblir l'Etat de droit, c'est au contraire le renforcer.
"Mais à la fin, c'est le Parlement qui aura les choses" Moi pas comprendre !