Le président de la communauté urbaine persiste à demander à l’Etat un engagement ferme à réaliser le contournement autoroutier de Lyon avant de lancer l'Anneau des Sciences. Les oppositions à Collomb ne se sont pas privées de le mettre en porte-à-faux avec le Gouvernement.
Pas de pause. Malgré le report après 2030 de l'éventuelle réalisation par l'Etat du contournement autoroutier de Lyon, que Gérard Collomb voit comme un préalable à l'Anneau des Sciences, le président de la communauté urbaine est bien décidé à avancer. Ce mardi soir, ont été votées de nouvelles études pour boucler le périphérique lyonnais.
Collomb “tippexe” Duron
Gérard Collomb ne se déjuge cependant pas. Il a écarté l'hypothèse, défendue par Denis Broliquier (UDI), de s'engager dès maintenant dans ce gigantesque chantier, sans attendre la décision de l'Etat. "Il est rappelé que la communauté urbaine et le conseil général du Rhône ont conditionné la réalisation de l'Anneau des Sciences à une prise de décision de l'Etat sur la réalisation d'un grand contournement de l'agglomération", indique la délibération adoptée mardi.
Paradoxe ? En dépit des articles de presse et des déclarations du Premier ministre, le maire s'est livré à une interprétation très personnelle du rapport Duron, “tippexant” les passages qui le contrariaient. De ce document qui hiérarchise les grandes priorités en matière d'infrastructure, il retient la reconnaissance de "la réalité du problème de la traversée de la ville de Lyon par les automobiles", occultant le fait que la commission n'est pas persuadée qu'un "grand contournement routier apportera une réponse définitive aux problèmes de saturation de cette traversée, en raison de la faible part de trafic qui pourrait avoir naturellement intérêt à se reporter sur le contournement".
“Avez-vous bien mis vos lunettes ?”
Evidemment, ses oppositions ne se sont pas privées de ramener le président de la communauté urbaine à la réalité. "Avez-vous bien mis vos lunettes pour lire le rapport ?" a ironisé Béatrice Vessiller, conseillère générale (EELV). Et de rappeler que, quel que soit le scénario retenu, le grand contournement autoroutier de Lyon ne serait réalisé qu'entre 2030 et 2050. "Comment pouvez-vous alors laisser penser que l'Anneau des Sciences sera réalisé en 2025-2028 ?" a-t-elle ajouté. "2030, ce n'est pas la date du premier coup de pioche, c'est la date à laquelle on se pose la question de le faire ou de ne pas le faire",a renchéri François-Noël Buffet, sénateur-maire d'Oullins (UMP). Et de filer la métaphore : "L'Anneau n'a pas fini de tourner en rond et de nous faire tourner la tête".
Est-ce à dire que celle de Gérard Collomb ne tourne pas rond ? Le président de la communauté urbaine espère toujours un arbitrage favorable du Premier ministre. Ainsi a-t-il relevé du discours de Jean-Marc Ayrault de mercredi la proposition de faire le point tous les cinq ans pour actualiser les priorités nationales. Le maire de Lyon avance aussi la piste d'un "allongement des concessions autoroutières" pour apporter des investissements privés sur de nouveaux ouvrages autoroutiers, dont le contournement lyonnais. Si Gérard Collomb n'était pas entendu, il y a fort à parier que les élus ne voteront plus de sitôt sur le périphérique ouest.
Suivre aveuglement les conclusions d'une commission, quelle qu'elle soit, déresponsabilise le politique. Buffet et Vessiller avouent leur inutilité. Surtout quand cette commission se trompe. Si un contournement à l'Est, trop long, ne remplirait pas en effet son office de dégagement du transit, le COL , au tracé même plus court que la Rocade Est, capterait naturellement le trafic de transit au droit de Lyon. De surcroît, le COL apporterait un équilibre, condition d'une métropole apaisée.