(Photo by JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

PFAS : 600 personnes ont manifesté ce dimanche à Oullins

Environ 600 personnes ont manifesté dimanche "pour un avenir sans PFAS" à Oullins, une commune touchée par les contaminations aux polluants éternels rejetés par les industriels de la vallée de la chimie au sud de Lyon.

Le défilé, organisé par des associations de riverains et des groupes de militants écologistes, a traversé la commune dans une ambiance qui se voulait "festive et familiale", en direction du site d'Arkema situé à Pierre-Bénite, un des deux sites émetteurs de PFAS.

L'industriel et son voisin Daikin, qui produisent des polymères fluorés et manipulent à ce titre des PFAS, sont sous surveillance étroite depuis une série d'enquêtes journalistiques qui, en 2022, ont révélé l'ampleur de la contamination aux polluants éternels dans la zone.

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"États, industriels, arrêtez de nous enfumer", "Je joue pas ma vie à pile ou PFAS" : les pancartes ont rivalisé de slogans humoristiques pour dénoncer les produits chimiques qui ont contaminé des sources d'eau potable mais aussi entraîné des interdictions de pêche et de culture autour des usines Arkema et Daikin.

"On ne peut pas laisser cette situation durer"

"Depuis la révélation de la diffusion massive de ces produits, les gens s'inquiètent mais ils sont sceptiques sur les mesures prises, il est important de se faire entendre", confie Thierry Mounib, président de l'association "Bien vivre à Pierre-Bénite".

"On nous a interdit de consommer des œufs des poules de notre jardin, les agriculteurs sont touchés, on ne peut pas laisser cette situation durer", estiment Michèle et Jean-Pierre, un couple venu de la commune voisine de Saint-Genis-Laval.

Les habitants du secteur s'inquiètent des effets des PFAS sur la santé, comme Dominique Vigneboule, 74 ans, habitant d'Oullins, qui s'interroge sur "les causes de maladies de plusieurs amis". Citoyenne, la manifestation était aussi très politique, avec la présence d'une douzaine d'élus écologistes de la métropole de Lyon, et du sénateur écologiste de Lyon Thomas Dossus qui porte jeudi au Sénat l'interdiction des PFAS dans la niche parlementaire réservée au groupe écologiste. "Nous voulons que toutes les études et la dépollution soient à la charge des pollueurs", a dit ce dernier.

"L'État n'est pas obligé d'attendre une nouvelle directive européenne pour agir, au nom du principe de précaution", a pour sa part souligné Gabriel Amard, député LFI de Villeurbanne.

Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (surfactantes, résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés (textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

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