Daikin a de nouveau été autorisé à exploiter sa nouvelle unité « pre-compound ». (Photo Matthieu Delaty / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

PFAS : à Pierre-Bénite, Daikin de nouveau autorisé à exploiter son extension dans un cadre "plus strict"

L'industriel japonais Daikin a été autorisé à reprendre l'exploitation de sa nouvelle unité "pre-compound" à Pierre-Bénite. Elle produit un elastomère fluoré appartenant à la famille des PFAS.

La préfecture du Rhône a annoncé mardi 15 octobre avoir pris un nouvel arrêté permettant à l'entreprise Daikin d'exploiter sa nouvelle unité "pre-compound" sur son site d'Oullins-Pierre-Bénite. Alors que son premier arrêté de février avait été suspendu par la justice administrative en juin suite à un recours des collectifs "Bien vivre à Pierre-Bénite" et "Notre affaire à tous", la préfète du Rhône, Fabienne Buccio a pris un arrêté "plus strict" et "très exigeant" assurent les services de l'Etat, qui ont renforcé le plafond d'émission, la fréquence de surveillance et le délai de substitution des molécules problématiques.

Deux ans pour trouver une substance de substitution

En septembre, la préfecture avait ouvert une consultation publique (qui a recueilli plus de 800 contributions en 15 jours) pour rédiger son nouvel arrêté qui encadre cette unité qui produit des polymères additivés, dont certains composants sont des polluants éternels, des PFAS. L'industriel japonais a fourni aux services de l'Etat des études complémentaires sur les dangers et impacts sanitaires de la structure, initialement exploitée aux Pays-Bas, ayant permis à la préfecture de juger que cette extension ne relevait pas "d'une procédure d'autorisation". Cette extension n'est en effet pas considérée comme "une modification substancielle" de l'activité de l'industriel puisqu'elle n'augmente pas le volume global de production du site, ne devant pas dépasser 1 500 tonnes par an.

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Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles. Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

"L'exploitant a donc retravaillé son projet initial, notamment en ajoutant un système supplémentaire de filtration à très haute efficacité", assurent dans un communiqué les services de l'État. La préfecture exige ainsi de Daikin qu'il arrête l'utilisation du Bisphénol AF (classé comme "substance extrêmement préoccupante" par l'Europe) d'ici deux ans contre trois initialement. Le seuil d'émission de cette substance a par ailleurs été divisé par deux, passant de 1 mg à 0,5 mg par mètre cube. L'industriel japonais a de son côté indiqué qu'un nouvel agent chimique de substitution est actuellement en phase de test.

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Début octobre, les parlementaires écologistes du Rhône ont écrit à la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher pour demander qu'une "consultation plus approfondie soit mise en place", s'inquiétant d'une reprise à court terme de l'exploitation de cette nouvelle unité. Les élus demandaient ainsi à la ministre de s'opposer "à toute autorisation précitée d'exploitation de la nouvelle unité de production", demandant "une véritable étude d'impact, une information et une consultation complète des habitants", ainsi qu'un "plan de dépollution".

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