L'eau du robinet de Saint-Symphorien-d'Ozon présenterait des taux de PFAS au-dessus des normes destinées à entrer en vigueur en 2026. Selon une grande enquête de Radio France, ces polluants éternels sont présents en nombre partout en France.
C'est une nouvelle enquête et des données qui s'ajoutent à la longue liste des publications concernant la présence des PFAS dans l'eau potable en France. Ce jeudi 19 septembre, à travers une grande enquête, Radio France dévoile une liste de plusieurs communes dans lesquelles le taux de ces polluants éternels dans l'eau du robinet dépasse les normes destinées à entrer en vigueur en 2026.
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Sur les 89 échantillons d'eau du robinet analysés partout en France, 43% contiennent des PFAS selon l'enquête. 27 échantillons révèlent la présence de PFAS interdits ou classés comme cancérogènes et trois dépassent même la limite française. Parmi ces trois villes on retrouve donc une ville du département du Rhône, Saint-Symphorien-d'Ozon, aux côtés de Cognac, en Charente, ville la plus polluée de l'étude, et de Martres-Tolosane, en Haute-Garonne.
Une contamination d'ampleur
Le département du Rhône a découvert il y a deux ans l'ampleur de la contamination aux PFAS après la publication de l'enquête des journalistes de Vert de rage. La présence d'industriels utilisant ces polluants éternels depuis des années (Arkema et Daikin notamment) mais également l'incendie du port Edouard-Herriot, en 1987, qui avait nécessité l'usage de nombreuses mousses anti incendie utilisées par les pompiers et contenant des PFAS, expliqueraient cette très large pollution dans la région lyonnaise. Depuis ces révélations, un grand plan d'action avait été mis en place par la Métropole de Lyon pour faire baisser le niveau des polluants notamment dans l'eau.
Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (surfactantes, résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.
Des mesures qui commencent tout juste à faire leur effet si on en croit les données récoltées par nos confrères de Radio France. En effet si le prélèvement à Saint-Symphorien-d'Ozon effectué par les journalistes au printemps dernier (comme l'ensemble des prélèvements nécessaire à l'enquête), avait révélé une concentration de 119,2 nanogrammes par litre d'eau, de nouvelles analyses, légèrement en dessous du seuil légal de 100 nanogrammes ont été faites par Suez en juillet dernier.
Un seuil légal qui doit entrer en vigueur en 2026
Ce seuil légal de 100 nanogrammes/litre, référence en Europe pour les 20 PFAS réglementés aujourd'hui, doit entrer pleinement en vigueur en 2026 en France. Une date à partir de laquelle les collectivités auront l'obligation de faire tester leur eau potable pour y détecter la présence éventuelle de ces 20 polluants éternels. Mais ce seuil réglementaire pose déjà question. Aux Etats-Unis, l'agence américaine de protection de l'environnement a par exemple fixé un seuil à ne pas dépasser pour deux des 20 PFAS réglementé à 4 ng/l d'eau. Au Danemark, ce seuil a été rabaissé à 2ng/l pour les 4 PFAS les plus problématiques pour la santé. Au Canada, la liste des PFAS ciblés est de 25 et ils ne doivent pas dépasser les 30 ng/l. Des seuils très bas et une réglementation autrement plus stricte que ce qui est envisagé en France pour 2026.
Le 4 septembre dernier, Véolia avait effectué une grande campagne préventive de test au cours de laquelle l'entreprise avait repéré une vingtaine de points problématiques en France, sur les 2400 prélèvements effectués. L'entreprise n'avait pas souhaité donner le nom des communes concernées.
Des actions en justice à Lyon
Dans la région lyonnaise, ces problématiques autour des polluants éternels avaient pris une nouvelle ampleur après le référé déposé par la Métropole de Lyon pour demander la mise en place d'une expertise pour savoir quelles pollutions avaient été générées par les industriels de la vallée de la chimie. Cet été, le tribunal judiciaire de Lyon avait accepté ce référé qui pourrait, à terme, faire appliquer le principe de "pollueur-payeur" dans la Métropole.
Toujours sur le volet judiciaire, la mairie de Pierre-Bénite, ville dans laquelle est installée l'usine Arkema, avait porté plainte au pénal contre X. Des collectivités et collectifs de citoyens avaient aussi déposé une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui et écocide. L'instruction, encore en cours, pourrait permettre de savoir quelles connaissances avaient les industriels comme Arkema et Daikin sur les risques sanitaires liés aux PFAS. Des perquisitions ont déjà été menées sur les sites des deux industriels en avril dernier.
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On ne sortira JAMAIS du problème tant qu'on restera dans une économie monétaire, car :
- demander justice a un coût que peu de citoyens peuvent se permettre (et l'intérêt commercial prime toujours).
- toute l'industrie automobile des voitures électriques repose sur l'usage de PFAS (renseignez-vous)
- le "nettoyage" de ces pollutions nécessites une "armée" de chercheurs, des moyens financiers considérables que personne ne paiera (les sociétés pollueuses préférant être en faillite, et menacer par le chantage à l'emploi).
Contrairement à la propagande de la métropole, les jardins de toute la ville ne sont pas testés (parc de la tête d'or etc). Le sang des lyonnais n'est pas analysé en masse.
Tout ça pour protéger les intérêts économiques (principalement en rapport avec l'immobilier : ne pas faire peur aux investisseurs)
La seule solution est de construire dès maintenant une société postmonétaire. Mais ce débat est "interdit" par les pouvoir médiatico-politiques.
Tant pis ? 🙂