Les services de l'Etat ont contrôlé les rejets en PFAS de 135 sites industriels d'Auvergne-Rhône-Alpes. Le site d'Arkema près de Lyon est sans surprise le plus polluant.
La Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) a publié jeudi 18 avril les premiers résultats des analyses des rejets dans l'eau en PFAS. Ces premiers contrôles couvrent 135 des 600 sites ciblés dans la région dans le cadre d'un plan d'action national lancé en 2023 et ont permis de détecter la pollution sur une cinquantaine de sites industriels d'Auvergne-Rhône-Alpes.
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"Pour près de 40% de ces premiers sites ciblés, des PFAS ont été détectés dans les rejets dans les eaux, à des quantités néanmoins hétérogènes et très inférieures aux rejets qui sont encadrés et en cours de réduction pour la plateforme Arkema de Pierre-Bénite", relève la préfecture de région dans un communiqué.
Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (surfactantes, résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.
"A ce stade des remontées de résultats, l’établissement qui représente le flux (quantité rejetée) le plus important est celui d’Arkema à Pierre-Bénite dans le Rhône", indique par ailleurs la DREAL. Des résultats "sans surprise" pour les services de la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal), qui n'ont pas relevé d'autre situation d'alerte comparable à celle de Pierre-Bénite. Cette "photographie intermédiaire de la surveillance" sera complétée avant la fin de l'année.
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Pour rappel, le 9 avril, et alors qu'une audience opposant la Métropole de Lyon à Arkema et Daikin se tenait au tribunal judiciaire de Lyon, des perquisitions ont été menées par la gendarmerie dans les locaux des deux industriels à la suite d'une plainte déposée en 2023 par les maires de plusieurs communes pour mise en danger de la vie d'autrui. Début avril, les députés écologistes ont obtenu, dans le cadre d'une niche parlementaire, l'adoption d'un texte de loi visant à limiter l'utilisation des PFAS dans plusieurs produits du quotidien d'ici 2026.
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Et pendant ce temps on continue à produire des PFAS parce que la loi l'autorise,
parce qu'il ne faut pas gêner le commerce.