Piétonnisation à Lyon (photo : Florent Deligia)

Piétonnisation à Lyon en semaine : pas la magie du samedi

La métropole de Lyon continue ses expérimentations de piétonnisation de la Presqu'île. Après trois samedis, la mesure est testée ce mercredi 20 et jeudi 21 novembre. À public différent, ressenti qui l'est aussi et le travail semble important pour obtenir la même magie qu'un samedi.

Pour les promeneurs et clients qui ont parcouru la Presqu'île de Lyon lors des trois samedis de piétonnisation, une certaine magie restera dans les mémoires. La première chose qui marqua les esprits fut cette étrange et douce sensation de calme, voire de silence, sans le bruit des voitures.

Autre détail, aussi intéressant qu'amusant sur notre capacité de conditionnement : au début les piétons restaient sur les trottoirs. Ils n'osaient pas s'aventurer sur le domaine central de la route, d'habitude territoire des véhicules. Au fil des samedis, les piétons sont partis à la conquête du bitume, jusqu'à ne plus avoir envie de rendre ces terres aux créatures de métal qui les dominent le reste du temps. Comme nous l'indiquions alors, il semblait difficile de revenir en arrière.

En semaine, il faut tout refaire

La métropole de Lyon a choisi de recommencer cette expérimentation, cette fois-ci en semaine, mercredi 20 et jeudi 21 novembre, de 11 heures à 20 heures.

Tout de suite, la saveur est différente et la magie semble loin. Mercredi, point de calme dans la première rue parcourue pour cause de... travaux. Plus loin, le flux de véhicules reste soutenu, aucun piéton ne s'aventure sur la chaussée. Nous essayons... pour subir surtout les regards noirs des livreurs. La sensation de ne pas être le bienvenu prend le dessus. Les 5 km/h de rigueur ne sont pas respectés, seuls les cyclistes semblent faire plus attention, tout comme les conducteurs de trottinette qui n'ont pas le choix puisqu'elles sont bridées exceptionnellement dans le périmètre.

Vient alors un moment d'ironie, un véhicule arrive à toute vitesse dans notre dos. Pas sûr qu'il respecte même les 30 km/h qui sont requis d'habitude sur l'artère. Il met un coup de klaxonne discret, il s'agit d'une Tesla dont le conducteur semble n'avoir que faire des rares courageux au milieu de la route. Comme quoi, rouler en électrique ne fait pas de vous une meilleure personne.

Au final, même en fin de journée, les piétons resteront timides et surtout sur les trottoirs. La mesure est trop éphémère pour entrer dans les habitudes et ces deux jours sont les derniers de l'expérimentation. Il faudra désormais attendre après les élections pour voir si les candidats fraîchement élus décident de continuer.

Une piétonnisation à faire évoluer ?

Le président de la métropole de Lyon, David Kimelfeld, a une nouvelle fois parcouru la Presqu'île à la rencontre des passants et commerçants. Pour ces derniers, les chiffres de la métropole indiqueraient que 30 % ne se disent pas satisfaits par la piétonnisation, 30 % le sont et 40 % attendent encore. Force est de constater qu'ils n'ont pas changé leurs habitudes, comme pour les samedis, ce mercredi et jeudi ne marquent pas une rupture dans leur approche commerciale (une seule exception lors d'un samedi qui coïncidait avec un événement plus global mené sur plusieurs jours par les commerçants).

Dans un petit café rue Grôlée, les habitués ne se sont pas présentés ce matin. Pourtant, la piétonnisation ne débutait qu'à onze heures, mais pour le patron "les avocats et CSP+ qui viennent en voiture d'habitude ont dû préférer ne pas s'embêter, d'autres ont tourné une vingtaine de minutes sans pouvoir accéder au parking". Plus que l'idée de piétonnisation, il s'agit pour lui davantage d'un problème d'organisation pour l'expérimentation en semaine. Les samedis, cette baisse d'activité n'avait pas été constatée de son côté. Le jeudi permettra de tirer un bilan un peu plus complet.

À partir de 16 heures ? 24/24 ?

Du côté de David Kimelfeld, on affiche surtout une oreille attentive, sans vouloir prendre de décision hâtive. "On pourrait aussi imaginer une piétonnisation qui débuterait à partir de 16 heures en semaine", confie le président de la métropole, "des plots rétractables placés à des endroits stratégiques permettraient d'avoir des plages horaires pour la piétonnisations et apporter de la tranquillité le soir", continue-t-il.

Le coût d'un tel dispositif est estimé à cinq millions d'euros, la ville de Lyon a également manifesté un fort intérêt pour cette question. Le chantier est désormais lancé, mais il faudra 18 mois pour équiper une trentaine de sites pour borner le nord de la Presqu'île. Une fois tout cela en place, les futurs élus pourront opter pour le type de piétonnisation qu'ils souhaitent, en fonction des heures, ou toute la journée comme le Vieux Lyon aujourd'hui.

Une certaine frustration

Au final, pour ceux qui ont pu goûter aux expérimentations les samedis et la testent à nouveau en semaine, un sentiment de frustration pourrait bien prendre le dessus. Au milieu de la route, on réalise rapidement le déséquilibre de l'espace public largement dominé par les véhicules tandis que les piétons doivent se contenter de maigres trottoirs. Ces mêmes trottoirs qu'ils n'osent pas quitter en semaine, alors que lors des samedis, ils avaient fini par conquérir toute la rue.

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