Les deux journées d'expérimentation de piétonnisation en semaine à Lyon auront permis de livrer un constat implacable : à l'inverse des samedis, ce mercredi et jeudi, les piétons n'étaient pas les bienvenus au milieu de la route. Les conducteurs n'ont pas lâché leur domaine.
Après trois samedis, la métropole de Lyon a expérimenté la piétonnisation de la presqu'île mercredi et jeudi. Comme nous l'indiquions alors après la première journée, l'ambiance n'était pas la même que celle des week-ends (lire ici). Les piétons n'osaient pas profiter du milieu de la route restant désespérément sur les trottoirs. Certains conducteurs qui avaient le droit d'accéder à la zone ne respectaient pas toujours les deux consignes de base : rouler à 5 km/h et respecter la priorité des piétons. Ainsi quelle ne fut pas notre surprise lorsque le conducteur d'une Tesla arriva à toute vitesse sur nous mercredi, klaxonnant pour qu'on lui fasse place et lançant un regard noir aux étranges créatures présentes sur la route.
"Violence motorisée"
D'autres piétons ont livré des témoignages proches, regrettant que contrairement au samedi, les conducteurs n'avaient pas joué le jeu en semaine. "J'ai eu le droit à : "dégagez de la route, je travaille", avant de voir une camionnette partir rapidement", confie un piéton à Lyon Capitale alors qu'il avait tenté de rester au milieu de la route "comme lors des samedis". "Moi aussi je travaillais", s'amuse-t-il. Une lectrice souligne de son côté le "stress communicatif" de certains conducteurs, "On s'est fait insulter par un homme au volant, car nous marchions sur la route, c'est de la violence motorisée".
"C'est un peu le danger quand on autorise le va-et-vient dans ces zones-là, ils auraient dû faire une plage horaire stricte avec interdiction de circuler sauf véhicules vraiment prioritaires et pour sortir uniquement du périmètre", lance une jeune femme qui a dû faire face à des ouvriers énervés par la mesure. Pour un propriétaire de bar, le constat est proche "On a vu que ça avait failli en venir aux mains, le ton est monté entre un conducteur et des vigiles qui gardaient l'entrée de la rue. En semaine les gens sont plus excités".
Des comportements visibles ailleurs toute l'année
Du côté, de la métropole, après avoir constaté certains comportements le mercredi, il a été demandé aux vigiles de réaffirmer le message transmis au conducteur : "rouler au pas et respecter la priorité des piétons". Consignes loin d'être respectées le jeudi. Un cercle vicieux est rapidement apparu : si les piétons n'osent plus s'aventurer au milieu de la route, la diminution du nombre de véhicules laisse plus d'espace à ceux qui sont présents pour rouler plus vite sans contrainte de congestion.
Un conducteur de taxi va plus loin : "si la mesure est pérennisée, les gens se calmeront vite. Regardez le Vieux Lyon, tout le monde roule aux pas. Oui, c'est des pavés, mais personne n'imaginerait le retour d'une circulation classique dans le quartier, ça n'empêche pas le commerce et l’hôtellerie de bien se porter".
Au final, ce type de comportements relevés semblent similaires à ceux que rencontrent les utilisateurs de modes actifs à Lyon le reste de l'année. Les situations conflictuelles ne manquent pas lorsqu'ils croisent des conducteurs stationnant illégalement sur les aménagements cyclables, roulant sur les trottoirs ou ne respectant pas d'autres bases du Code de la route comme le sas vélo, feu rouge ou priorité aux passages cloutés. Si l'un des premiers effets de la piétonnisation reste la diminution du niveau sonore dans les rues, en semaine, elle met en exergue certains comportements qui relèvent avant tout du savoir-vivre.
"C'est un peu le danger quand on autorise le va-et-vient dans ces zones-là, ils auraient dû faire une plage horaire stricte avec interdiction de circuler sauf véhicules vraiment prioritaires et pour sortir uniquement du périmètre", lance une jeune femme...tout est dit par cette personne : la piétonisation en semaine ressemble beaucoup à du bricolage pré-électoral
""rouler au pas et respecter la priorité des piétons". Ils étaient avertis et auraient donc du être verbalisés dès lors qu'il ne le respectait pas, mais la mairie avait du demander que la police soit absente.
Cinquante ans de toute puissance automobile... On se sent puissant, intouchable dans notre carcasse métallique, on insulte les gens qu'on insulterait pas en dehors, on se sent riche, car on la possède... Il faudra de nombreuses années et initiatives pour que cette toute puissance s'efface.
Les élus doivent prendre des mesures plus pérennes, sinon, comme pour les trottinettes, on va vers tensions et les altercations. Ce coté permissif par alternance est la marque de fabrique du laxisme et de la démagogie électoraliste
entièrement d'accord