Au lendemain de la fermeture de la piscine du Rhône, nous nous sommes rendus au centre nautique pour recueillir les impressions des visiteurs. Tout comme le personnel, la plupart dénoncent l’incivilité dont font preuve certains jeunes gens, mais aussi des moins jeunes !
À 9h30, la file d’attente commence déjà à s’allonger devant les portes de la piscine. Sur place, des familles attendent patiemment aux côtés d’hommes seuls, des habitués venus nager dans le grand bassin. Durant l’attente, à la simple évocation des incidents de mardi après-midi, les langues se délient. “Je préfère venir dès maintenant, explique une jeune femme accompagnée de sa fille de 10 ans. Nous sommes tranquilles, le matin.” À côté d’elles, une mère avec ses quatre enfants soulève une autre problématique. Elle s’interroge sur la compétence des agents de sécurité mis en place par la mairie. “Parfois, ils ne sont pas très aimables”, nous assure-t-elle, derechef.
Beaucoup de “petites” incivilités
Moins de dix minutes avant l’ouverture, deux véhicules de la police municipale sont soudainement arrivés, se plaçant juste devant la piscine. Cinq agents en sont sortis, sous nos yeux, gilet pare-balles, matraques et autres bombes lacrymogènes bien visibles. Les agents de sécurité, un brin tendus, ont alors davantage resserré la file d’attente avec les barrières. Une mère avec une poussette, invoquant des amis qui l’attendaient devant l’entrée a voulu passer entre deux barrières. Fermement, l’agent lui a expliqué de retourner en bout de file “et de faire la queue comme tout le monde”. Un habitué soupire à nos côtés : “Il y a beaucoup de petites incivilités de ce genre, trois fois rien en somme ; mais, accumulées sur toute une journée, parfois cela fait beaucoup.”
Une piscine au tarif abordable
À 10h05, le centre nautique ouvre ses portes. L’agent de sécurité vérifie tous les maillots de bain. Ni bermuda, ni short, ni jupette de bain ne sont tolérés, comme dans la plupart des piscines communales. Passage en caisse : 3,40 euros en tarif plein, avec la possibilité d’acquérir un abonnement. La piscine du Rhône est abordable et ne pratique pas de tarif préférentiel pour les Lyonnais. Les caisses et les vestiaires seront prochainement réaménagés. En attendant, chez les dames, deux personnes sont chargées d’ouvrir les casiers et d’en assurer la fermeture.
“Ils ont franchi les fils barbelés”
Dehors, deux bassins bien distincts dont l’un a été totalement refait, avec des toboggans, des bains à remous, des jeux pour enfants. “Ils ne vont pas mettre en marche le spa, s’inquiète une dame d’une soixantaine d’années, très pimpante et bronzée. En entamant la conversation, elle nous livre sa “consternation sur les événements de mardi après-midi” : elle qui vient à la piscine du Rhône depuis plusieurs années “n’a jamais connu cela”, souligne-t-elle d’une voix navrée. “Les jeunes sont venus de toutes parts… Il y en a même qui ont franchi les fils barbelés qui bordent le centre”, raconte-t-elle. Selon un agent de la sécurité, le vestiaire a été immédiatement évacué. Des dégâts auraient été commis sur les installations de la piscine.
Le calme revient à la piscine du Rhône
Ce jeudi après-midi, le calme est revenu. La file d’attente est moins longue que les cinq ou six derniers jours. Les maîtres nageurs affichent une mine enjouée auprès des enfants lors des cours de natation : “Allez ! on prend la bouée, et on plie les jambes et on étend les bras.” Un peu plus loin, c’est le cours d’aquagym. Le profil est un peu plus âgé, mais tout aussi souriant. Les enfants gambadent, pataugent, rient, surveillés du coin de l’œil par leurs mères ; les senteurs de monoï affluent ; le bain à remous fonctionne. A l'heure où nous sortons du centre nautique, les policiers municipaux ont disparu.