Manifestation 12 mai 2016
© Mathilde Delacroix

Place de la Comédie, rassemblement entre détente et tension

Près de 700 personnes ont répondu à l’appel des syndicats et se sont réunies à côté de l’Opéra à Lyon. Si le rassemblement n’a pas connu de heurts, il se déroulait sous très haute surveillance.

Manifestation 12 mai 2016 ()

© Mathilde Delacroix

A mort le parti socialo” entend-on à l’approche de la place de la Comédie vers 13h. A l’appel de plusieurs syndicats, près de 700 personnes se sont rassemblées sur le bitume pour signifier que le mouvement anti-loi Travail ne s’essouffle aucunement. Notons que les chiffres de la police et des manifestants s’accordent ici.

Si l’ambiance est pour le moment relativement bon enfant, le rassemblement s’effectue sous très haute sécurité. Plusieurs camions de police et gendarmerie sont garés à tous les coins de la place. A son approche, les sacs sont systématiquement fouillés, même ceux des simples passants. La place de la Comédie, lieu prévu pour le rassemblement, est d’ailleurs inaccessible à la colère générale, bouclée par les services de police. Le rassemblement se tient quand même juste à côté.

Manifestation 12 mai 2016 ()

© Mathilde Delacroix
Rassemblement à côté de la place de la Comédie

Plusieurs représentants syndicaux, principalement Force Ouvrière, la CGT mais aussi FSU prennent successivement la parole, provoquant acclamations ou cris de colère en fonction du sujet. Et de rappeler l’engagement de tous, engagement qui ne “cessera qu’avec le retrait de la loi”. FO appelle à une grève générale où tous se rendraient à Paris pour bien montrer l’ampleur du refus du texte. “Aucun 49.3 ne bloquera nos grèves”, crie un intervenant.

Un délégué syndical appelle à une convergence des luttes bien définie avec Nuit Debout. “Debout en lutte de jour comme de nuit, jusqu’au retrait”, ajoute-t-il sous les applaudissements. Un retraité nous explique qu’il n’est “plus concerné par la loi travail, mais il faut protéger nos enfants. C’est pour ça qu’il faut que tous les travailleurs s’unissent”.

Manifestation 12 mai 2016 ()

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Rassemblement à côté de la place de la Comédie

Refus de politique sécuritaire et heurts avec la police

Si les prises de paroles concernent principalement la loi Travail et le recours à l’article 49.3 pour l’imposer en force, plusieurs discours se font également entendre contre l’état d’urgence, prolongé récemment jusque fin juillet.

Au même moment, une foule traverse la place, direction les quais. On nous dit qu’un manifestant “vient d’être interpellé”. Confirmation auprès de la préfecture : un individu a été arrêté pour “port d’armes et détention de stupéfiants”. L’ambiance devient soudain tendue.

Manifestation 12 mai 2016 ()

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La situation se tend entre les policiers et les manifestants

La police est alors pris à parti par plusieurs manifestants. “Vous tapez sur vos frères” lance une manifestante. Un autre hurle au mégaphone que “le zèle de la police, c’est ça leur moyen d’expression”. Trois pétards sont alors lancés sans que les policiers ne bougent.

Les comparaisons avec le GUD (syndicat ultra-violent d’extrême droite), l’ennemi affiché des militants présents se font entendre tout comme celle avec la milice de Vichy sous le gouvernement de Pétain. On s’attend à ce qu’un événement mette le feu aux poudres.

Finalement, non. Un jeune homme se plante alors devant un groupe de policiers et les dessine avant de faire de même avec les manifestants et de s’éloigner.

Manifestation 12 mai 2016 ()

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Un manifestant dessine les policiers

Alors qu’un quatrième pétard est lancé directement à la tête d’un gendarme, un manifestant appelle tout le monde à “arrêter les conneries” avant d’être copieusement hué. Aux alentours, beaucoup s’interrogent sur la nécessité ou non de violences envers les forces de l’ordre.

Après trente minutes de tension, le calme semble retomber. La place se vide peu à peu, quelques intervenants syndicaux prennent encore la parole. Ne restent que les discussions au son de “Antisocial” du groupe Trust.

Deux interpellations d’individus pour la casse du commissariat à Croix-Rousse

La place se vide aux alentours de 15h. Il semblerait qu’une manifestation sauvage se déroule plus loin sur les quais du Rhône, loin des forces de police en place à l’appel de plusieurs personnes via Twitter. En repartant, les policiers fouillent à nouveau les sacs. Deux individus ont été interpellés après avoir été reconnussur les caméras de surveillance. D’après la préfecture, ils seraient responsables des casses des commissariats de police lors du rassemblement du mardi 10 mai.

Alors que plusieurs rumeurs sur les réseaux sociaux font état de confiscation de sérum physiologique dans plusieurs manifestations notamment à Paris, mais également à Lyon. La préfecture dément formellement avoir donné toute consigne en ce sens et indique qu’il en est de même pour les chefs de police.

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