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Plan Climat : 7 mesures radicales d'ici à 2020

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Disparition des 4X4, interdiction de la circulation des véhicules de livraison à certaines heures, éco-rénovation des copropriétés et développement massif du chauffage au bois figurent parmi les pistes contenues dans le Plan Climat, formulé par le Grand Lyon. Objectif : réduire de 20% nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020.

Passer la démultipliée. Dans neuf ans, Lyon comme la France et l'Union Européenne, devra se conformer à l'objectif 3X20. 20% de rejets de CO2 en moins, 20% de consommations d'énergie en moins et 20% d'énergies renouvelables consommées. Pour ce faire, un saut qualitatif est à venir : depuis 2000, l'agglomération est seulement parvenue à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre. "Vu la hausse de la population, cela signifie que nous avons réduit les rejets de CO2 par habitant", en déduit Bruno Charles, vice-président au Grand Lyon en charge du Plan énergie climat. Comme il l'explique, cette stabilisation n'est pas suffisante : il faudra passer de 7,5 millions de C02 émis par an à 6 millions d'ici à 2020. Cet effort conduira à des économies, insiste l'élu qui affirme qu'au final, malgré le coût de certaines mesures, 600 millions d'euros seront économisés par l'ensemble de la collectivité. "Nous sommes les premiers en France à avoir une trajectoire chiffrée, à la fois en euros dépensés et en tonnes de carbone économisées", souligne Bruno Charles.

Pour y parvenir, le Grand Lyon ne peut agir seul : il n'est directement responsable que de 5% des émissions de gaz à effet de serre. Les trois quarts proviennent de particuliers, d'entreprises et des communes. Aussi le Grand Lyon a-t-il impliqué 200 structures dans ses réflexions, même s'ils ne sont que 50 à avoir signé le plan. 26 grandes actions sont formalisées.

Certaines touchent à la poursuite de politiques déjà engagées. La place de l'automobile sera encore plus contrainte, par de nouvelles zones 30 et des trottoirs étendus. Les investissements en transport public seront poursuivis : le Sytral prévoit un budget d'un milliard d'euros lors du prochain mandat. La collectivité devrait être aussi plus exigeante avec les Plans locaux d'urbanisme : la construction d'immeubles de plus hauts étages serait permise le long de grands axes de transports collectifs, tandis que l'inauguration de nouveaux lotissements serait limitée. Un effort d'innovation est indispensable pour imaginer de nouvelles solutions. Le projet Indeed, inclus dans le pôle de compétitivité Axelera, planche sur l'industrie du futur, décarbonée. Il mobilise déjà 200 chercheurs dans l'agglomération.

Interdire les gros 4X4

D'ici à 2015, le Grand Lyon va mettre en place une zone d'action prioritaire pour l'air (ZAPA). Il s'agit notamment d'interdire aux voitures les plus polluantes (les gros 4X4, les vieux véhicules) l'accès à la plus grande partie de Lyon et Villeurbanne. Pour un budget total d'1,8 million d'euros, 1% d'émission de CO2 serait économisé.

Tripler le réseau cyclable

Gadget ? Pas vraiment. Selon Bruno Charles, la construction de pistes cyclables est l'un des moyens les plus rentables pour réduire la production de CO2. "Un euro investi rapporte dix fois plus d'économies de carbone que dans les transports collectifs", indique-t-il. On réduirait de 1% les rejets de CO2, en faisant passer le réseau cyclable de 310 km à 920 km. Coût : 15 millions par an.

Une aide à l'éco-rénovation des copropriétés

Réhabiliter son logement pour qu'il réponde aux normes BBC coûte en moyenne 24 000 euros pour un appartement de 60 m2. C'est dire que peu de propriétaires seraient aujourd'hui enclins à cet effort, même pour des économies futures de chauffage. Or le Grand Lyon espère 120 000 réhabilitations d'ici à 2020. Avec le renchérissement du prix de l'énergie et une baisse du coût des procédés, la facture pourrait être un peu moins rédhibitoire. La collectivité songe toutefois à donner un coup de pouce, par une subvention aux propriétaires. Le montant sera fixé en février. Une enveloppe de 229 millions d'euros par an pourrait conduire à une baisse de 2,5% des rejets de CO2 par an. Parmi les initiatives privées, le bailleur ABC HLM intervient actuellement sur 23 000 logements les plus énergivores (étiquettes D, E et F) pour les ramener à des consommations moindres (a minima C) au cours des six prochaines années.

Empêcher les véhicules de livraison de circuler aux heures de pointe

A défaut d'éradiquer les véhicules de livraison de l'agglomération, peut-on au moins éviter qu'ils circulent aux heures de pointe ? Leur présence dans le trafic contribue à aggraver les bouchons et la pollution (arrêts/démarrages intempestifs). Un arrêté municipal pourrait leur interdire de circuler à certaines heures. La collectivité pourrait aussi instaurer plusieurs plateformes de livraison obligatoires, proches des portes de la ville, où ils déchargeraient leur cargaison. Des véhicules plus petits, plus écolos, seraient chargés d'acheminer le chargement jusqu'à son point de livraison. 2% de production de CO2 seraient ainsi gagnés. Parmi les professionnels engagés, Casino qui est en passe de mettre en place un service de livraison gratuite, en véhicules électriques. Le groupe stéphanois est aussi en train d'améliorer sa flotte de véhicules (les modèles Easydis vont passer de 14 à 200 camions d'ici à 2013). Le transporteur TNT s'engage aussi à réduire de 40% ses émissions de CO2 d'ici à 2020.

Booster le chauffage au bois

Le réseau de chaleur de Lyon et Villeurbanne est négligé depuis trente ans. Au point qu'il n'est pas possible de l'élargir aujourd'hui à de nouveaux foyers. En 2012, la communauté urbaine récupèrera cette compétence. Etendre le parc de logements concernés conduit à des économies pour les co-propriétés : 50 000 foyers de plus pourraient y être raccordés. Mais cette action n'a vraiment du sens que si c'est pour bruler du bois plutôt que du gaz. Aujourd'hui seule la chaufferie de la Duchère utilise cette ressource. Ce sera bientôt le cas pour Vénissieux et Vaulx-en-Velin. "Nous voulons passer de 30 à 160 mégawatts en 2020" précise l'élu écologiste qui insiste sur les emplois régionaux ainsi créés. Economie de CO2 attendue : 1,6%. Coût 10 à 15 millions d'euros par an. Le projet de recherche Gaya, établi à St-Fons, devrait déboucher sur la première usine de méthanisation de France, conçue à partir de déchets verts.

Des réseaux électriques intelligents

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Eviter les pics de consommation d'énergie, réduire les surdimensionnements et optimiser les sources d'énergie renouvelables : tels sont les défis des smartgrinds (réseaux intelligents). Ces objectifs sont poursuivis par Linky, les compteurs intelligents déployés par EDF dans l'agglomération (photo ci-contre). Des tarifs incitatifs aux heures creuses pourraient être pratiqués. Nedo/Toshiba et ERDF (projet Greenlys) sont d'autres smartgrinds présents sur le territoire de l'agglomération.

Récupérer la chaleur des industries

Porté par le pôle de compétitivité Axelera, il s'agit de récupérer la chaleur émise lors de combustions industrielles (énergie dite fatale), comme à la vallée de la chimie. Cette chaleur serait injectée dans le réseau commun à Lyon et Villeurbanne et profiterait aux particuliers. "C'est une énergie qui part aujourd'hui dans le Rhône ou les nuages. Ce déchet deviendrait ainsi une ressource", souligne Bruno Charles.

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