La COP 2024-2030 d’Auvergne-Rhône-Alpes a été présentée ce vendredi 31 janvier. (@NB)

Planification écologique en Auvergne-Rhône-Alpes : l'industrie et les mobilités tracent la feuille de route de la COP 2024-2030

La préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes a présenté sa feuille de route pour sa planification écologique d'ici à 2030, réfléchie dans le cadre de la COP régionale, qui doit permettre au territoire de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

"Nous devons continuer, et même accélérer. Notre objectif est clair : réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 24 millions de tonnes (équivalent CO2) d'ici à 2030, ce qui représente environ 12 % de l'objectif national". Le cap est fixé par la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, ce vendredi 31 janvier lors de la restitution de la feuille de route régionale dans le cadre des travaux menés par la Conférence des parties (COP) 2024-2030.

Avant elle, dans une vidéo enregistrée et diffusée au palais de la Bourse de Lyon où se tenait cette présentation, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher soulignait "un travail partenariat remarquable" afin de "sortir d'une vision archaïque de l'écologie". Sans oublier de mentionner que le territoire détient "des atouts écologiques majeurs". Mais pour la première région de transport routier de marchandises par poids-lourd et première région industrielle, les enjeux sont de taille.

Pour autant, de premiers jalons ont déjà été posés. Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de plus 10 % depuis 2015 en Aura, et même de 14 % si on le ramène à l'habitant, relevait Fabienne Buccio*. Les transports et l'industrie (ajoutée à la gestion des déchets) représentent à eux deux plus de la moitié de ces émissions de CO2 (respectivement 30 % et 25 %). Assez logiquement, cette première COP territoriale, qui sonnera désormais comme un rendez-vous annuel, a ciblé ces deux sujets comme prérogatives d'ici à 2030.

Les mobilités contre vents et marées

La planification écologique prévoit ainsi des objectifs par secteur, mais aussi et surtout des mesures concrètes pour y répondre favorablement. Éviter de fausses promesses, en somme. Au sujet des transports et des mobilités, le premier objectif est d'optimiser et de réduire les déplacements à la source de 10 % d'ici à 2030. Autre défi, celui de développer les motorisations décarbonées avec le cap des 15 % de véhicules électriques légers en 2030. Concrètement, en Aura, 50 000 nouvelles bornes de recharge électrique doivent voir le jour à l'issue de la COP en 2030.

Jean-Christophe Gautheron, secrétaire général de l'OTRE Auvergne-Rhône, se questionne de son côté sur l'accompagnement de la décarbonation du trafic routier de marchandises (TRM). Une baisse de ce trafic prévue afin de favoriser le recours au fret ferroviaire et fluvial. "C'est un axe absolument important. (...) Ce changement n'est pas qu'électrique, il peut aussi se faire avec d'autres vecteurs d'énergie", maintient Antoine Pellion, secrétaire général à la planification écologique.

- 40 % de GES par les industries d'ici à 2030

Le secteur de l'industrie, lui aussi, regorge de défis. En 2019, ce secteur (hors branche énergie et gestion des déchets et avec la raffinerie de Feyzin) de la région Auvergne-Rhône-Alpes a émis 8,7 millions de tonnes. À l'horizon 2030, la planification territoriale prévoit par exemple la baisse de 40 % des émissions de GES dans la Vallée de la chimie, au sud de Lyon.

"L'objectif de réduction des GES en Aura est de 40 % d'ici à 2030 et doit permettre d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Il doit être atteint, tout en réindustrialisant notre territoire", détaille Isabelle Notter, directrice régionale de la Dreets Auvergne-Rhône-Alpes. Plus globalement, l'industrie doit clairement se concentrer sur ses 90 sites les plus polluants - dont cinq se trouvent en Aura - qui représentent à eux seuls deux tiers des rejets de GES.

"Quand on voit ce qu'il se fait aux Etats-Unis avec Trump et en Asie, il faut être lucide"

Des objectifs autour de l'énergie et des déchets, de la forêt ou encore de l'agriculture font aussi partie de cette feuille de route 2024-2030. "L'adaptation n'est pas uniquement un sujet d'aménagement de la ville, des territoires urbains et des infrastructures, c'est aussi la forêt, l'eau ou encore l'agriculture", argumente Antoine Pellion.

Et alors que le Conseil national de la transition écologique (CNTE) a retenu l'hypothèse d'un réchauffement pouvant aller jusqu'à + 4 °C en France, "il est prudent de s'organiser pour faire face au pire", tempère le secrétaire général à la planification écologique, d'un exemple approximatif mais concret : en 2100, si cette hypothèse se confirme, le climat de Lyon sera équivalent à l'actuel de Rome.

Pour éviter un scénario comme celui-ci, les territoires et acteurs français devront donc redoubler d'efforts, parfois d'ingéniosité aussi pour trouver le juste équilibre entre économie et écologique. La région Auvergne-Rhône-Alpes, avec sa COP territoriale, semble vouloir s'emparer du sujet sans plus tarder. Antoine Pellion ajoute : "Il ne faut pas se tromper de diagnostic. Quand on prend un pas de recul et que l'on voit ce qu'il se fait aux Etats-Unis avec Trump et en Asie, il faut être lucide. Notre seule solution est de faire évoluer notre économie (...), car si on n'arrive pas à faire cette transition écologique, on se met entre les mains des autres de façon terrible et on perd notre souveraineté économique, en France et en Europe".

*Derniers chiffres datant de 2022, publiés par l'ORCAE

Laisser un commentaire

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut