Polémique du budget militaire : les députés du Rhône prennent position

Démission du chef d’état-major des armées, économies de 850 millions d’euros à prévoir cette année dans le budget de la défense… Les députés du Rhône appartenant à la commission parlementaire de la défense nationale et des forces armées s’expriment suite aux récents événements qui secouent le monde militaire.

”L’armée française et notre pays perdent un grand militaire, regrette Patrice Verchère, député LR de la 8e circonscription. Dans un contexte international très tendu, où certains États du Moyen-Orient ainsi que la Chine ou la Russie montent en puissance, nous avons besoin de chefs à la tête de nos armées ayant les compétences et l’expérience nécessaires.”

En litige avec Emmanuel Macron depuis l’annonce d’économies de 850 millions d’euros à réaliser cette année pour le budget de la défense, le général Pierre de Villiers a démissionné de sa fonction de chef d’état-major des armées, ce mercredi matin. ”Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays”, a-t-il déclaré dans un communiqué, alors qu’il était en poste depuis 2014.

”Le président a renié ses engagements de campagne”

”Je suis choqué en tant que parlementaire pour deux raisons, explique le député de la 8e circonscription. D’abord, le huis clos n’a pas été respecté puisque quelques députés se sont exprimés à la suite de l’intervention du général de Villiers devant la commission de la défense nationale [mercredi dernier, NDLR]. Ensuite, le président ne respecte pas la séparation des pouvoirs et l’indépendance du Parlement : si demain, les généraux qui viennent s’exprimer à huis clos sont démissionnés parce que des choses ont été dites, il n’y aura plus beaucoup de généraux à la fin du quinquennat !”

Moins convaincu, Thomas Gassilloud, député LREM de la 10e circonscription, reconnaît que l’ancien chef d’état-major des armées ”était quelqu’un de compétent au service du pays”, mais que sa démission ”n’entame pas la capacité de défense.” Quoi qu’il en soit, le départ du général de Villiers, remplacé par le général François Lecointre, intervient dans un contexte de crise entre l’exécutif et les armées, sur fond de problématiques budgétaires.

”Cet incident arrive au moment où on a un gouvernement qui veut resanctuariser le budget de la défense”

Le président a renié ses engagements de campagne, estime Patrice Verchère. La loi de finances prévoyait 450 millions d’euros pour les opérations extérieures [Opex, NDLR], mais on sait que la facture sera de 1,3 milliard d’euros. Cette partie devait être financée grâce à un effort interministériel.” Mais Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a finalement annoncé que la Défense devrait elle-même économiser les 850 millions d’euros d’écart. ”Il faut replacer cela dans un contexte d’effort demandé à l’ensemble des ministères, défend Thomas Gassilloud, qui s’est par ailleurs engagé dans l’armée par le passé. 4,5 milliards d’euros d’économies doivent être réalisées et l’ensemble des ministères est mis à contribution. Ce qui est un peu paradoxal, c’est que cet incident arrive au moment où on a un gouvernement qui veut resanctuariser le budget de la défense.”

Objectif : atteindre les 2% du PIB consacrés à la défense en 2025

Car, après la diète envisagée cette année, Emmanuel Macron a prévu d’élever le budget des armées à 34,2 milliards d’euros en 2018, soit 1,5 milliard de plus qu’en 2017. Le but étant d’atteindre les 2% du PIB consacrés à la défense en 2025. ”Nous allons nous atteler à construire un budget pour l’année prochaine qui sera le premier sur lequel la nouvelle équipe gouvernementale va travailler, poursuit le député de la République en marche. Il y a eu un engagement fort de la part du président d’augmenter ce budget et je demande à la communauté militaire de lui faire confiance.” Chose à laquelle Patrice Verchère n’entend pas encore se plier : ”C’est bien d’annoncer une augmentation du budget, mais j’espère qu’elle ne sera pas que comptable. Pareil pour les 2% du PIB, c’est bien beau d’annoncer des choses lointaines.”

Seule certitude, la défense a besoin de ressources pour assurer les opérations extérieures actuellement en place. ”Soit on maintient nos Opex et dans ce cas on donne les moyens aux militaires, sinon il faut prendre la décision d’en supprimer certaines”, estime le parlementaire des Républicains. Mais pour Thomas Gassilloud, ”les Opex menées sont fondées. Il faudra lister les dépenses stratégiques et arbitrer pour savoir comment utiliser l’argent supplémentaire. Une discussion doit aussi être engagée à l’échelle européenne pour partager le fardeau des opérations extérieures.” Contactée par mail, Anissa Khedher, député LREM de la 7e circonscription, n'a pas souhaité apporter de réponse.

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