La FPIP, cinquième syndicat de police français, dénonce le “gel budgétaire” de la police lyonnaise. Avec des ricochets matériels tangibles.
"Il y a trois mois que je suis là. En trois mois, je n'ai pas repeint de mes petites mains tous les commissariats de toute la France”, souriait presque, mercredi 30 août, Gérard Collomb, en réponse aux policiers qui dénonçaient la vétusté de leurs locaux. “Mais dans deux ans peut-être, ils pourront dire si effectivement c'est toujours aussi vétuste ou si les choses se sont améliorées, poursuivait le ministre de l'Intérieur. Et moi je parie, à ce moment-là, que les choses se seront améliorées. Et ils me feront un concours de photos pour montrer comme la réalité s'est transformée."
Coupe budgétaire de 10 %
Une semaine plus tard, la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP, cinquième syndicat de la Police nationale) reprend à son compte "le “coût” de peinture de trop" de Gérard Collomb. "La DDSP du Rhône subit un gel budgétaire de 10 % de son budget notifié en début d'année, explique Yann Rouchier, secrétaire général adjoint de la FPIP dans la région lyonnaise. Le montant de ce gel s'élève à 247 584 euros, auxquels s'ajoute l'insuffisance des crédits annoncés lors du dernier dialogue."
Soit, au total, une insuffisance de crédits de près de 500 000 euros pour l'année 2017. Et la FPIP d'énumérer les répercussions de cette coupe budgétaire dans la police lyonnaise et les cessations d'engagement des dépenses pour les fournitures de bureau, le matériel informatique, les appels téléphoniques, de péage, de maintenance immobilière, etc.
Lapin rose
Plus inquiétant, toujours selon la FPIP, la cessation d'engagement des dépenses pour le paiement des factures de carburant des véhicules est effective depuis la fin du mois d'août. "Bientôt, on ne pourra plus sortir les voitures des commissariats...", ironise seulement à moitié un policier. Idem pour les piles qui alimentent les viseurs des flash-balls. De série, les lanceurs de balles en caoutchouc ont une visée et un cran de mire classique. Les derniers modèles sont désormais équipés de viseur laser permettant d'être beaucoup plus précis. Or, pour alimenter ces viseurs, il faut deux piles LR6. Et les policiers se plaignent du manque... de piles. "On a touché nos derniers jeux de piles cette semaine. On nous impose des LR6 Energizer, vous savez : le lapin rose. On doit tenir avec jusqu'à la fin de l'année, rit (jaune) la FPIP lyonnaise. Sauf que chaque jeu de piles tient entre deux et trois semaines dans le viseur. Du coup, on va tirer à vue d'œil..."
Du côté de la rue Marius-Berliet, la direction départementale de la sécurité publique nous a fait savoir qu'elle n'avait pas d'éléments complémentaires à apporter.