Vallée chimie Feyzin
Vallée de la chimie ©Wikipédia Commons

Polluants éternels : quinze sites industriels surveillés de près en Auvergne-Rhône-Alpes

Une liste publiée ce lundi par les autorités met en évidence quinze sites industriels surveillés de près dans la région Auvergne-Rhône-Alpes du fait de leurs rejets de PFAS, les "polluants éternels".

Fin octobre, 32 communes du Rhône ont déposé plainte contre les industriels Arkema et Daikin, suspectés d'être à l'origine d'une importante pollution aux per- et polyfluoroalkylées (PFAS) - dits polluants éternels - du Rhône, de l'air et du sol. Une première plainte déposée par la commune de Pierre-Bénite a récemment débouché sur l'ouverture par le parquet de Lyon d'une enquête judiciaire pour "mise en danger de la vie d’autrui".

Lire aussi : Polluants éternels : une plainte collective de 32 communes déposée contre Arkema et Daikin

139 contrôles inopinés

Ces deux producteurs de PFAS installés dans la Vallée de la Chimie, dont les noms reviennent fréquemment depuis 2022, ne sont toutefois pas les seuls à faire l’objet d’une surveillance de l’État du fait de leurs rejets élevés. Grâce à un document obtenu lundi 13 novembre par l’Agence France Presse (AFP), on apprend ainsi que 15 sites industriels de la région Auvergne-Rhône-Alpes spécialisés dans le traitement des déchets, la chimie ou le textile, rejettent des polluants éternels, à des niveaux qui justifient une surveillance approfondie.

Des quantités "significatives" de PFAS ayant été détectées dans les eaux rejetées par ces 15 industriels, lors de contrôles inopinés menés sur 139 établissements depuis juin 2022, il leur a été demandé par la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) des études pour comprendre leur origine et, pour certains, des actions correctives, précise l’AFP.

Celles-ci auraient ainsi permis d’établir que dans cinq cas, la pollution semble résulter de la qualité des eaux en amont et ne serait pas imputable à un usage industriel. Il s’agit des entreprises chimiques Polytechnyl et Rhodia à Saint-Fons, ainsi que de deux sites du fabricant d'aliments pour animaux Adisséo et de l'usine chimique de Vencorex en Isère.

Loin des valeurs d'Arkéma et Daikin

Pour les dix autres sites, la Dreal précise que les quantités de PFAS rejetées sont loin de celles enregistrées chez Arkema par exemple. Parmi ces dix sites, qui utilisent des PFAS, mais qui ne sont pas des producteurs contrairement à Arkema et Daikin, "on est à un maximum de 9 grammes de PFAS rejetés par jour, contre 2 kg pour Arkéma, ce n'est pas du tout les mêmes proportions", souligne la Dreal auprès de l’AFP.

Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (surfactantes, résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

Par exemple, Gaia Avenir, qui stocke des déchets à Cusset dans l'Allier, rejette ainsi 1,7 gramme par jour et Total raffinage, à Feyzin, dans le Rhône, est à 1,6g. Du côté de Chasse-sur-Rhône, en Isère, le groupe SIRA, spécialisé dans le traitement des déchets, rejetait 6,79 g/j lors d’un premier contrôle. Avant de diviser ces flux par dix, selon la Dreal, suite à l’installation de filtres à Charbon.

Les contrôles menés par la Dreal n’en sont qu’à leur début, puisque 600 sites de la région doivent faire l’objet d’investigations, dans le cadre d'un programme national défini par un arrêté ministériel en juin. 

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