Cyrille Isaac-Sibille est député Modem de la 12e circonscription du Rhône, sur le territoire des communes polluées aux perfluorés.
Cyrille Isaac-Sibille est député Modem de la 12e circonscription du Rhône, sur le territoire des communes polluées aux perfluorés.

Pollution aux PFAS : après un rapport alarmant, le député Cyrille Isaac-Sibille temporise

Le député MoDem du Rhône, Cyrille Isaac-Sibille a rendu un rapport inquiétant sur la pollution aux PFAS. Malgré des recommandations ambitieuses, le député semble temporiser.

Après six mois de travail, des auditions en France, en Europe et à l'international, le député MoDem, Cyrille Isaac-Sibille a rendu son rapport sur les PFAS, dans lequel il appelle notamment à faire "cesser urgemment les rejets des industriels". Dressant un bilan alarmant sur l'omniprésence des PFAS dans tous les types d'industries, diffusant ainsi ces molécules dans l'environnement, le député a toutefois temporisé ce vendredi face à la presse, faisant tantôt appel à l'Europe, tantôt à une règlementation nationale, sans s'avancer sur de possibles avancées rapides.

Lire aussi : PFAS : Cyrille Isaac-Sibille appelle à "faire cesser urgemment les rejets des industriels"

Une interdiction des PFAS dans les emballages alimentaires ?

Pourtant son rapport préconise entre autres d'"améliorer la veille sanitaire vis-à-vis des produits chimiques", de "dresser un état des lieux exhaustif de toutes les pollutions aux PFAS", ou encore d'"interdire les rejets industriels" et d'"établir des normes de qualité environnementale". Des mesures très concrètes mais pour lesquelles il faudra s'armer de patience. "Il y a des réponses à avoir par rapport à l'inquiétude des industriels. Tous en sont dépendants, ils se demandent comment ils vont s'en sortir", juge le député.

Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles antiadhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

"Ce que je retiendrai de cette mission parlementaire, c'est que le sujet est d'une énorme complexité. Par rapport aux phytosanitaires, aux micro-plastiques, je pense les PFAS, c'est encore un cran au-dessus", juge-t-il. Une complexité bien réelle mais qui semble pour l'instant paralyser le député lorsque vient l'heure d'évoquer un calendrier. Quelles mesures d'urgence notamment pour les près de 200 000 habitants du Rhône dont l'eau est contaminée, quelles interdictions d'utilisation des PFAS, quels procédés pour empêcher les rejets des industriels...

"Pierre-Bénite est un hotspot"

Cyrille Isaac-Sibille le reconnaît, "Pierre-Bénite est un hotspot. Et d'ajouter : C'est intéressant parce que depuis deux ans, on sait à peu près ce qu'il faut faire, ça doit nous servir de modèle". Mais si l'idée d'un fonds PFAS a fait son apparition dans son rapport, ses modalités de mise en place restent encore floues. Depuis quelques mois, Arkema est bien parvenu à faire - presque - cesser ses rejets grâce à l'installation de filtres au charbon actif, mais des dérogations pouvant aller jusqu'à 12 ans sont encore accordées aux industriels de la santé ou de l'énergie.

Le député tente néanmoins de rassurer, valorisant une éventuelle interdiction, "d'ici quelques mois", de l'utilisation des PFAS dans les emballages alimentaires. "Mercredi 7 février, lorsque que je l’ai (Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, Ndlr) interpellé durant une question au Gouvernement en hémicycle, il a affirmé vouloir avancer au niveau européen sur la problématique des PFAS et a assuré que la France se joindrait au club des cinq pays soutenant la restriction de l’usage des PFAS selon les usages", s'est ainsi félicité Cyrille Isaac-Sibille dans un communiqué diffusé ce lundi.

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