Alors que l'Etat va contester une décision de justice suspendant l'autorisation accordée par la préfecture du Rhône à Daikin d'étendre sa production, le député LFI de Villeurbanne s'insurge d'un recours "scandaleux".
Gabriel Amard, député La France insoumise de Villeurbanne, récemment réélu sur le fil, s'insurge. En février dernier, la préfecture du Rhône avait autorisé l'industriel Daikin, mis en cause dans la pollution aux PFAS au sud de Lyon, a mettre en service une nouvelle unité de production sur son site d'Oullins-Pierre-Bénite. Une décision qui avait suscité l'ire des collectifs de riverains mobilisés mais également du président de la Métropole, Bruno Bernard qui l'avait qualifiée dans nos colonnes de "pas acceptable".
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La collectif "Bien vivre à Pierre-Bénite", avait ainsi déposé un référé devant le tribunal judiciaire de Lyon qui avait, en juin, suspendu l'arrêté préfectoral autorisant l'extension. Le groupe chimique avait annoncé son intention de faire appel de cette décision. Une mise à l'arrêt qui sera également contesté par le ministère de la Transition écologique, qui va se pourvoir en cassation devant le Conseil d'Etat contre la suspension de l'exploitation de cette nouvelle unité.
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"Le recours devant le Conseil d'Etat du ministère de la Transition écologique contre cette décision est scandaleux" considère le député Gabriel Amard dans un communiqué diffusé ce jeudi. "Il est temps que le gouvernement, battu dans les urnes, cesse d'appliquer son projet mortifère qui donne le droit aux industriels de la chimie à nous empoisonner", conclut-il.
Le député rappelle par ailleurs que la décision du tribunal judiciaire de Lyon est intervenue alors que la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) avait constaté en juin 2023 les manquements de Daikin qui émettrait notamment un PFAS jusque là méconnu, l’hexafluoropropylène (HFP), jusqu'à 500 fois la norme applicable selon des chiffres issus du rapport d'inspection de ce service dont le ministère de tutelle semble donc contester les conclusions.
Daikin, le mauvais élève des PFAS
L'entreprise japonaise a de son côté indiqué avoir mis en œuvre "ses meilleurs efforts" pour limiter ses rejets. Un arrêté du 1er février 2024 impose à l’exploitant de se conformer aux normes en vigueur pour ses émissions de HFP, sous peine de sanction financière. Mais selon nos informations, l'industriel, pas très volontaire, tend à agacer la Métropole de Lyon avec qui le dialogue est compliqué, à l'inverse d'Arkema. En avril, nos confrères de France 3 et Médiacités ont par ailleurs révélé que Daikin rejette également le BFAS, un autre polluant éternel. Le bisphénol A fluoré, membre de la famille des bisphénols dont la toxicité a été très documentée et médiatisée ces dernières années.
La préfecture du Rhône exige de Daikin qu'il trouve une alternative à cette molécule d'ici trois ans. Mais elle a toutefois, dans un arrêté de février 2024, ouvert la voie à une dérogation en cas “d’impossibilité technico-économique” de les remplacer.
Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses, on les trouve dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles. Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.
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