Huiles polluées, déchets pétrochimiques et de raffinage enterrés parfois dans de simples sacs plastique. Aux portes de Lyon, Dardilly a été le théâtre d’une pollution sans précédent dans l’histoire des premières “décharges contrôlées” du pays.
Difficile d’imaginer qu’à quelques mètres sous nos semelles gisent des centaines de milliers de litres toxiques. Les feuilles mortes de l’automne camouflent un épisode de pollution industrielle à grande échelle à deux pas de Lyon. Dans le chic Ouest lyonnais, à Dardilly, ce bois de plusieurs hectares semble comme les autres. Jusqu’à ce que l’on soulève la plaque d’un puits, en contrebas du terrain. L’odeur prend à la gorge. Goudrons sulfuriques, métaux lourds, amiante, boues acides, eaux cyanurées ou déchets toxiques huileux se brassent là-dessous depuis près de quarante ans. Puits sur le site de l’ancienne décharge du Bouquis © Tim Douet “La décharge du Bouquis est un tel scandale qu’un livre serait nécessaire”, écrivait il y a dix ans sur Planète sans visa le chroniqueur environnement de Charlie Hebdo Fabrice Nicolino. “De 1976 à 1980, il y aurait eu des centaines de milliers de litres de déchets venus en douce et autant de camions qui venaient la nuit depuis l’Allemagne alors que la décharge était fermée”, expose Michel Gaucher, président de l’association Dardilly Environnement et Avenir. Officiellement, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a en sa possession un récapitulatif de ces quatre années folles : 200 000 m³ de produits sont enfouis dans cette décharge, soit l’équivalent du contenu de 80 piscines olympiques. “L’ancienne Dreal avait déjà trouvé des produits non autorisés et il y a eu des contraventions minimes. Mais d’autres produits étaient passés sous les radars et ont été repérés par des forages faits en périphérie par le propriétaire du terrain. Ils ont encore trouvé des produits qui n’étaient pas répertoriés”, ajoute Michel Gaucher.Il vous reste 76 % de l'article à lire.
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