Pour maigrir, faut-il arrêter le sport ?

Il ne sert à rien de courir : un centre américain vient de faire la démonstration que le sport contribue très marginalement à la perte de poids. C'est parfois même l'inverse, tant certains sont tentés d'une douceur après l'exercice...

Les études s'empilent, et les gros, embrigadés dans la secte du "manger moins bouger plus" continuent à suer en pure perte. Un centre américain de recherche médicale à but non lucratif, la MayoClinic, a compilé les recherches sur le sujet et conclut qu'en général "la démonstration est établie que le fait de faire seulement du sport ne permet pas de perdre de poids, ou pratiquement pas". Et dans tous les cas, c'est beaucoup moins rentable que de réduire ses apports alimentaires.

Souvent science varie. Même si cela n'a rien à voir, il a fallu coucher les bébés sur le dos, puis sur le ventre, pratiquer l'ablation des amygdales et ne plus la pratiquer, faire au moins quarante-cinq minutes de sports pour rester "fit". Désormais, il suffit de rester debout, sans bouger.

Le professeur Paul Gately, du Carnegie Weight Management Institution cité par The Observer, propose le marché suivant aux candidats à l'amaigrissement : "Si vous voulez perdre 250 grammes de graisse, vous avez le choix entre courir de Leeds jusqu'à Nottingham, ou alors sauter un repas durant sept jours". Gately ne nie pas qu'il serait encore mieux de faire Nottingham-Leeds (120 km) en courant ET de sauter un repas par jour durant une semaine. Si l'on suit ce genre de conseils on peut choisir entre deux heures de vélo (qui permettent de brûler 500 calories, soit deux gros croissants au beurre et au chocolat) et se priver de ces deux chocolatines….

Les plus courageux grossissent

Pour ceux et celles qui se ruinent en abonnement au club de sport et ruinent leurs articulations en enfilant les kilomètres de course, le plus déprimant vient d'une étude menée en Louisiane par le Dr Timoty Church. Il a pris quelques centaines de femmes en surpoids et leur a concocté un programme sportif à respecter durant six mois :

  • 72 minutes par semaines pour le premier groupe
  • 136 pour le deuxième
  • 194 pour le troisième
  • Le quatrième groupe, lui, n'a rien changé à ses habitudes

Au bout de six mois, zéro différence entre les groupes des sportives et celui qui n'a pas bougé. Certaines parmi les courageuses ont même grossi… Le docteur Church appelle cela le phénomène de compensation : l'exercice ouvre l'appétit et provoque chez ceux qui se restreignent habituellement le besoin de se "récompenser" pour tout le boulot accompli. Un fruit ou deux en plus, un croissant… et même le droit ne plus rien faire de la journée.

Une étude avait déjà montré que, contre toute logique, on brûlait au final moins de calories en nageant dans des eaux glacées que dans un lagon des tropiques, l'effort dans le froid poussant à se "réparer" avec une nourriture riche et réconfortante.

Aux « wannabeslims », restez debout !

Les auteurs de ces recherches passionnantes conseillent donc à tous les "wannabeslim" (ceux qui veulent maigrir) de renoncer aux activités intenses au profit des activités "à basse intensité" (la marche, voire la station debout) qui aideraient à brûler des calories sans pousser à se jeter sur la nourriture. Barry Braun, professeur associé de kinesiology à l'université du Massachusetts montre ainsi que le seul fait de rester debout plutôt qu'assis permet de brûler des centaines de calories sans exciter les hormones de l'appétit dans le sang.

Ces études ne convaincront aucun addict au sport, seulement ceux qui ont décidé depuis longtemps qu'on ne les y prendrait jamais en short ni en survêtement. Le poids est une des grandes injustice de ce monde. Génétique, sociale et d'abord sexiste. Le professeur Braun rappelle que toutes les études ont prouvé qu'il était bien plus difficile pour une femme que pour un homme de mincir, question de métabolisme : quand elles font de l'exercice, leur taux d'insuline dans le sang chute et celui des "hormones de l'appétit" grimpe, alors que rien de tout ça ne se passe dans les veines masculines.

Blandine Grosjean

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