ZFE, ZTL, Voies lyonnaises, piétonnisation du centre ville de Lyon... Le patron de la Confédération des petites et moyennes entreprises du Rhône dit tout.
Franck Morize est le patron de la CPME du Rhône. Diplômé de Sciences Po Lyon et titulaire d’un master en organisation et ressources humaines, ce petit-fils de paysans bourguignons a commencé sa carrière comme assistant parlementaire – “un concentré de vie et de relation au pseudo-pouvoir” –, puis comme directeur des relations extérieures de Jet Services, avant de rejoindre le syndicalisme patronal à la CPME, comme secrétaire général, pour défendre les petits entrepreneurs, “ceux qui font bien d’autres choses que du profit, qui font de la cohésion sociale, de l’aménagement du territoire sans le savoir, qui sont des héros sans le dire”. Il sait de quoi il parle, lui-même étant, avec sa compagne, à la tête de la Laiterie du Mont Aiguille, dans le Trièves, en Isère, rachetée en 2019, “ce qui a permis de sauver une vingtaine de petites exploitations”.
Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ?
Franck Morize : Surtout pas. Je me considère comme l’antinomie d’une grande gueule. Ce n’est pas parce qu’on tient des discours qui peuvent paraître un peu iconoclastes qu’on est une grande gueule. Peut-être que, par conviction, parfois, je peux me laisser emporter. Mais une grande gueule, pour moi, c’est quelqu’un qui est excessif. Et pour moi tout ce qui est excessif est insignifiant.
Quand on est patron des petits patrons, mieux vaut être diplomate plutôt que fort en gueule ?
Non, je pense que la diplomatie c’est la pratique de la politique d’hier. C’est celle qui nous a fait nous perdre dans la compromission. Moi, j’essaie simplement de faire entendre mes convictions avec mes tripes tout autant qu’avec ma raison. Je n’ai pas à transiger. J’essaie de faire entendre le plus posément et le plus rationnellement possible cette cause des derniers qui embauchent, investissent, innovent et risquent y compris leurs deniers, cause qui n’est entendable que si elle est défendue sans excès et sans forcément être une grande gueule.
On a toujours parlé, à Lyon, des liens plutôt étroits entre le monde économique et le monde politique, le fameux “modèle lyonnais”. Quand les écologistes ont pris la tête de la Ville de Lyon et de la Métropole, des inquiétudes se sont fait ressentir parmi les chefs d’entreprise. Aujourd’hui, quelles sont les relations entre le monde économique et les élus locaux ?
Quand les écologistes sont arrivés au pouvoir, c’est vrai que pour des raisons exclusivement politiques, les postures politiciennes n’ont pas facilité les relations entre le monde économique au sens large et le monde politique. Aujourd’hui, je vous dirai, d’abord, que la realpolitik s’impose à tous et ensuite, qu’il faut quand même relativiser le rôle des élus locaux dans le sort qu’ils peuvent réserver, au quotidien, aux patrons de PME. Celui-là va être d’autant plus dicté par une politique nationale qui va décider d’un impôt, d’une taxe, d’un allègement, que d’une politique locale toute relative mais qui mérite, justement, qu’on s’entende davantage sur la forme, sur le dialogue, sur une sorte de convergence qui pourrait exister sur certains dossiers.
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