Au lieu d'attaquer le site Lourdes-infos.com pour « atteinte à la vie privée », Jean-Pierre Artiganave l'exclut de sa communication.
La rubrique « Clochemerle » de Rue89 n'étant vraiment pas assez fournie, nous allons vous conter une histoire tout droit venue du pied des Pyrénées. Précisément de la sainte ville de Lourdes, dont le maire Jean-Pierre Artiganave a décidé d'ostraciser le site Lourdes-Infos.com plutôt que de l'attaquer pour « atteinte à la vie privée ».
Le rédacteur en chef de ce site, Gérard Merriot, revendique 42 ans de carte de presse et 16 000 connexions quotidiennes dans sa ville de 15 000 habitants.
Depuis 2009, le journaliste accuse le maire, à mots plus ou moins couverts, d'avoir favorisé deux personnes dans l'attribution d'un marché pour l'édition des magazines municipal et intercommunal (car le successeur -UMP- de Philippe Douste-Blazy à la mairie de Lourdes préside aussi la communauté de communes).
A mots couverts, le journaliste accuse l'élu de favoritisme
Ces deux personnes sont une de ses anciennes colistières et une pigiste de deux journaux régionaux, La Dépêche du Midi et La Nouvelle République des Pyrénées. La première édite les magazines avec sa société alors que la seconde en assure la rédaction.
Selon Gérard Merriot, le maire, qui n'avait aucunement l'obligation de lancer un appel d'offres (le budget étant en deçà du seuil légal), aurait dû consulter d'autres sociétés avant de faire appel à celle de son ex-colistière.
Il écrit donc nombre d'articles à ce sujet, dans un style aussi fleuri que son accent. Comme cet entrefilet, en juillet 2009 :
« La com » de JPA : les privilèges du maire de Lourdes à sa rédactrice préféré.
Une nouvelle preuve vient d'être donnée, ce mercredi matin, des étroits rapports qu'entretiennent le maire Artiganave et sa pigiste préférée [Rue89 a choisi de ne pas citer son nom, ndlr].
Cette dernière dont on sait qu'elle s'est vu confier par le premier magistrat lourdais -à travers la société [idem, ndlr] et sans appel d'offres puisque le marché n'excédait pas 20 000 euros- la rédaction du bulletin municipal, pige également pour les deux quotidiens du groupe de presse régional. Et pour nous, ce n'est plus une surprise de lire sous sa signature certaines confidences que lui réserve l'édile en chef. »
Selon Lourdes.infos, « les dés sont pipés »
« On a eu l'occasion de le dire plusieurs fois : “Les dés sont pipés”. “Et il n'y a pas que les dés ! ” ajoutait, allez donc savoir pourquoi, une de nos vieilles connaissances.
Il est désormais de notoriété publique que quand JPA veut faire passer un message : hop ! Coup de fil à [la pigiste] et le tour est joué.
Encore que souvent, il n'a même plus besoin de taquiner le portable, il lui suffit de tirer le nez dans les couloirs de la maison du peuple tant la présence de [la pigiste] y est fréquente. On aura bien compris qu'avec celle qui passe dans la cité pour être la “voix de son maître”, sa pensée ne sera pas trahie. »
Interrogé sur la signification de la phrase « il n'y a pas que les dés » qui sont pipés, Gérard Merriot répond :
« Je veux dire que ce sont leurs rapports qui sont pipés. »
On n'est pas obligé de le croire.
« Je vous remercie de retirer ce média des fichiers municipaux »
Début mai, le directeur de cabinet du maire a envoyé un courrier à tous les services municipaux, que Gérard Merriot cite dans une lettre ouverte où il demande des explications à l'édile :
« Concernant tous les gestes de communication en direction de la presse locale, je vous rappelle que Monsieur le maire ne souhaite pas que lourdes-infos.com reçoive d'invitations, informations ou toute autre type de communication émanant de la ville de Lourdes.
Je vous remercie donc de retirer ce média des fichiers municipaux. »
Ce que le journaliste qualifie d'« atteinte à la liberté de la presse […] particulièrement grave ». Joint par Rue89, Jean-Pierre Artiganave explique que « la presse est libre », qu'il a agi « en toute transparence », et qu'il se contente « de maîtriser ce [qu'il] peu[t] maîtriser » :
« Ce site porte atteinte à ma vie privée depuis des années. Mais s'il veut se pointer sur les manifestations de la ville, il a tout à fait le droit.
Depuis des mois, je suis bafoué, injurié par M. Merriot. C'est pire que des allusions, il m'a accusé de corruption, entre autres choses. Je ne réponds pas à son injonction. »
« Le maire de Lourdes a le cul propre », selon lui-même
Gérard Merriot conteste formellement avoir accusé l'élu de corruption.
Quand je lui demande pourquoi il ne poursuit pas le journaliste et son site en justice, pour diffamation par exemple, Jean-Pierre Artiganave répond ceci, à la troisième personne :
« Ça ne sert à rien de faire une action en justice. Le maire de Lourdes a le cul propre sur tous les sujets. »
euh... quel intérêt ce genre d'article?
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