Le changement d’heure pourrait bientôt disparaître. Les citoyens européens sont invités à décider du sort de cette mesure grâce à un sondage ouvert jusqu’au 16 août. Lyon Capitale a demandé leur avis au Lyonnais. Ces derniers sont divisés sur la question.
On recule ou on avance d’une heure ? Ce questionnement semestriel pourrait bientôt disparaître. Pour décider de l’avenir de cette mesure controversée, la Commission européenne invite les citoyens à se prononcer sur l’utilité du changement d’heure avec un sondage en ligne.
"Qui a inventé ce truc ?"
Interrogés sur le sujet, les Lyonnais rencontrés sont plutôt divisés. Pour Doris et Vincent, deux jeunes croisés à Hôtel de Ville, le changement d’heure n’a pas vraiment d’impact sur le quotidien des particuliers : "ça n’a pas vraiment d’importance, les gens s’adaptent", affirment-ils. Ces derniers sont plutôt pour garder le changement d’heure, tout comme Fatima, qui y voit une adaptation de notre rythme aux heures d’ensoleillement. Du côté des familles et des personnes âgées, l’avis est plus tranché. "Les enfants sont fatigués pendant au moins une semaine, c’est compliqué pour l’école", déplore Sébastien, père de famille. Un avis partagé par Suzanne : "C’est horrible quand on a des enfants. De mon côté, même plus jeune, j’avais du mal au printemps, quand on perdait une heure de sommeil. Je me disais "Mais qui a inventé ce truc ?" Plusieurs Lyonnais interrogés questionnent la nécessité d’une telle réforme. "Il y a des choses plus importantes à changer", rétorque Sara, une jeune fille assise sur les marches de l’Opéra, vêtue d’une chemise à carreaux rouge et noir et d’un chapeau melon. Constance et Aurélie ont une réaction similaire : "La Commission n’a pas d’autres choses à faire ?", s’exclament-elles.
Ce "truc", c’est Valérie Giscard-d ’Estaing qui l’a mis en place en 1976 en France. La mesure a été étendue à tous les pays de l’Union européenne au début des années 1980. Depuis, le changement d’heure fait régulièrement débat. L’objectif initial était de faire des économies d’énergie en adaptant les trains de vie aux horaires d’ensoleillement. Une opération réussie d’après les chiffres du ministère de la Transition écologique et solidaire. En 2009, le changement d’heure aurait fait économiser 440 gigawattheures, soit la consommation en éclairage de 800 000 ménages. La France aurait ainsi évité l’émission de 44 000 tonnes de CO2.
Une mesure décriée
La question du changement d’heure a été remise sur la table par le Parlement européen en janvier dernier. La députée écologiste française Karima Delli a proposé une réévaluation du système, celui actuel étant jugé "obsolète". Le changement d’heure est accusé de beaucoup de maux : inutilité, stress, fatigue et même hausse des accidents de la route. Selon les chiffres de la sécurité routière, "les jours suivant le changement d’heure enregistrent un pic d’accidentalité de +40% pour les piétons en fin de journée." Comme la nuit tombe plus tôt, la visibilité est réduite le soir, occasionnant une hausse des accidents. "La Commission reçoit régulièrement des observations de citoyens et des États membres sur la question de l’heure d’été, qui font souvent référence à ce qu’ils considèrent comme des effets néfastes du changement d’heure sur la santé, comme la privation de sommeil", explique l’institution pour justifier son sondage. En février, les élus du Parlement européen se sont prononcés pour une révision du système, à 384 voix pour et 153 voix contre. Mais cette résolution étant seulement un avis, c’est bien l’exécutif européen qui devra convaincre les dirigeants des 28 pays de l’Union.
Jusqu’au 16 août pour voter
Pour trancher, les citoyens des pays européens sont appelés à répondre à un sondage en ligne. "La Commission souhaite recueillir les points de vue des citoyens européens, des parties prenantes et des États membres sur les actuelles dispositions européennes relatives à l’heure d’été et sur une éventuelle modification de ces dispositions", introduit l’enquête. Le questionnaire demande aux répondants leur ressenti sur l'impact du changement d’heure et leur avis sur la disposition. Un espace est prévu pour recueillir des remarques. Mais attention, il ne reste que 6 jours pour voter, le questionnaire étant ouvert jusqu’au 16 août. L’heure tourne !