Mais on sent un frémissement. Collomb a déjà réussi à réconcilier un peu la ville avec ses jeunes. Au printemps, Lyon s’offre aux “teuffeurs" des Nuits Sonores, les berges et leurs péniches branchés ont un air de movida et la place des Terreaux est envahie par les supporters de l’OL fêtant un nouveau titre. Chaque jeudi, pour les traditionnelles soirées étudiantes, le métro est blindé. Les bars à cocktail “hype" font recette. Les Vélo’v, qui fonctionnent 24h/24, offrent une alternative aux soirées Cendrillon, qui se terminaient avec le dernier bus... Il n’est pas rare maintenant de voir un couple d’étudiants sur la même bicyclette, arpenter les rues à 3 heures du matin. Et bientôt, on nous promet du wi-fi gratuit partout.
Mais ce printemps lyonnais est court, et la ville retombe rapidement dans ses travers. Qui a passé quelques jours à Barcelone, San Sebastian, le Becontree de Londres, Montpellier, Toulouse, comprend que Lyon n’est pas encore une ville étudiante. Où sont les jeunes ? On ne les voit pas assez. La raison est historique. Depuis 1968, Lyon a peur des ses étudiants. Ils sont parqués le plus loin possible du centre-ville, dispersés aux quatre coins cardinaux et tout a été fait pour qu’ils ne viennent pas troubler la quiété bourgeoise de la Presqu’île. C’est une faute des années 70, encore plus lourde de conséquences que l’échangeur de Perrache. 40 ans après les révoltes étudiantes, il serait temps de tourner la page, non ?
Lyon a besoin d’un nouveau départ avec ses étudiants, d’une nouvelle histoire d’amour. Les conditions sont réunies. Lyon a déjà d’excellentes grandes écoles et ses universités se réveillent. Lyon 1 a simplement besoin de locaux hi-tech, Lyon 3 a tourné la page “aux années de plomb" et peut rayonner sans complexe, Lyon 2 s’ouvre au monde et aura peut-être bientôt les moyens de ses ambitions grâce aux pétrodollars de Dubaï...
Alors puisque la campagne municipale a commencé, osons une suggestion à Collomb, Perben, Condemine, Millon ou Bonniel-Chalier... En n°1, inscrivez : “Lyon ville étudiante". Avec quelques points simples, mais ambitieux. Un, raser le campus de Bron et créer un vrai campus en centre-ville (au Confluent ? à Gerland ?). Deux, afficher l’ambition d’attirer deux fois plus d’étudiants à Lyon. Trois, rénover en profondeur la Doua et y amener le métro. Quatre, faire de Lyon une auberge espagnole, en construisant 25 000 chambres en colocation. Cinq, convaincre les grandes entreprises lyonnaises à investir dans les Universités et y associer des pépinières à projets. Cela coûtera forcément cher. Mais sans doute moins qu’un Grand Stade pour l’OL ou un autre bout de périphérique.
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