C'est le réseau 'Personne Dehors' qui a réalisé cette enquête* . Le réseau de travailleurs sociaux s'est s'intéressé plus particulièrement aux non-recours à l'hébergement d'urgence des personnes sans domicile fixe de l'agglomération lyonnaise.
Un millier de personnes sans domicile fixe ont répondu, en septembre 2008, aux questionnaires de "Personne Dehors". Les résultats sont éloquents : la majorité des SDF n'appelle pas le 115 quand elles ne savent pas où dormir. A la question "où avez-vous passé la nuit précédente ?", 44% des sans abris ont répondu "chez un tiers", 21% "dans un squat ou abris de fortune " et seulement 11% dans un centre d'hébergement du 115.
Les même raisons reviennent souvent : des conditions d'accueil mal adaptées aux publics qui recherchent avant tout stabilité, sécurité et intimité.
Les structures d'hébergement d'urgence accueillent en effet les personnes sur une courte durée, ce qui oblige ces derniers à changer d'endroit régulièrement. Cécile Flandinet, membre du Réseau Personne Dehors ajoute: 'Les portes ne ferment pas à clé et on ne peut inviter des proches dans sa chambre, cela ne facilite pas l'adaptation des résidents'. D'autres raisons sont également invoquées à ce non-recours à l'hébergement d'urgence, comme les horaires un peu stricts, les difficultés à joindre 115 et la résignation: 'La plupart des gens nous ont dit qu'ils n'appellent pas car ils sont sûrs qu'il n'y aura pas de place', précise Cécile Flandinet.
Plus jeunes et plus longtemps sans logement
Un autre constat de l'enquête, l'âge des personnes interrogées. 35 % d'entre elles sont âgées de moins de trente ans. Pour Cécile Flandinet, cette tendance 'ne fait que se constater depuis plusieurs années'. Autre chiffre important pour Réseau Personne Dehors, un tiers des interrogés déclarent ne pas avoir de logement stable depuis 1 à 5 ans. Cécile Flandinet trouve ce chiffre 'inquiétant", "ce qui tend à prouver que les situations précaires perdurent'.
Plusieurs milliers de personnes concernées à Lyon
Les professionnels estiment que le millier de personnes interrogées pour l'enquête représenterait un dizième de toutes les personnes sans logement stable. 'le chiffre de 10 000 n'a pas été clairement évoqué, mais tous les professionnels s'accordent à dire que plusieurs milliers de personnes sont concernées'. A Lyon, en hiver, le 115 reçoit plus de 800 appels chaque soir, pour une capacité totale d'environ 250 places dans les strucures d'urgence.
Pour Cécile Flandinet et le réseau Personne Dehors, cette enquête 'ne doit pas rester juste un rapport de plus'. Les solutions évoquées par les personnes interrogées sont souvent les mêmes: Il estiment que des structures plus petites avec des prises en charges stables permettraient une véritable appropriation des lieux, et par là même un plus grand recours au 115. Le réseau Personne Dehors parle lui aussi de structures plus petites et qui regrouperaient un même type de public. L'association souhaite maintenant mettre en place des groupes de travail, pour réfléchir à ces propositions.
Annie-Laurence Ferrero
*Enquête réalisée avec l'appui de la MRIE et le soutien de la Fondation Abbé Pierre.
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