Tradition contre modernité. Ouverture 7/7 contre repos hebdomadaire. Gains d'activité ou perte d'acquis sociaux. La bataille juridique continue entre les ardents défenseurs du repos hebdomadaire pour les boulangers et les artisans de l'alignement sur les horaires de la grande distribution pour améliorer leur compétitivité.
Mercredi 24 février, en fin de matinée, les représentants de la Chambre syndicale de la boulangerie du Rhône, des principaux syndicats, de l'Union professionnelle artisanale s'étaient réunis en présence de salariés et de chefs d'entreprises. A la veille d'une réunion avec la direction départementale du travail, une conférence de presse était organisée afin de sensibiliser le grand public sur la question.
Un arrêté plusieurs fois suspendu
Petit rappel : en juin 2009, le Conseil d'État abroge, pour vice de forme, un arrêté préfectoral datant de 1992 qui impose un jour de repos hebdomadaire aux artisans boulangers. Le préfet du Rhône, Jacques Gérault, avait alors décidé, en octobre, de signer un nouvel arrêté préfectoral, en faveur de la fermeture hebdomadaire obligatoire. Cette décision a été suspendue par le tribunal administratif le 24 décembre dernier en raison d'une faute dans la procédure. Depuis cette date, les boulangeries peuvent ouvrir 7 jours sur 7 sans recevoir d'amendes.
73% des boulangers préfèrent le dimanche chômé
Au cours de la conférence, le président de la Chambre syndicale des boulangeries du Rhône, Bruno Cabut a rappelé que 73 % des artisans du Rhône étaient favorables à la fermeture hebdomadaire. Les syndicats de salariés se sont également prononcés favorablement sur un arrêté imposant un repos hebdomadaire.
"Si demain on laisse faire n'importe quoi, ce sont les petites structures qui vont en pâtir". C'est, en effet, tout l'enjeu de l'arrêté : ne pas pénaliser les petites entreprises en laissant les plus grosses ouvrir 7 jours sur 7. Actuellement, on compte 552 boulangeries artisanales dans le Rhône et 60 % d'entre elles ont moins de 5 salariés. "Nous n'avons pas peur de la compétitivité", affirme pourtant Jean-Pierre Crouzet, président de la Confédération nationale de la boulangerie pâtisserie.
Derrière cette problématique, il y également la menace pour les salariés d'une précarisation accrue et d'une généralisation du travail le dimanche : "Ce n'est pas une réponse pour le consommateur car à terme, ils seront aussi salariés le dimanche", affirme le représentant de Force Ouvrière. Avec la loi sur l'ouverture des commerces le dimanche et la rude concurrence des grandes surfaces, la solution est loin d'être simple.
Une affaire réglée avant l'été
Pour Félicien Delzeux, vice-président du Glam, le groupement lyonnais des artisans modernes qui avait bataillé contre l'arrêté de 1992, il est impératif de s'adapter à l'offre pour permettre à la boulangerie traditionnelle de survivre face à la concurrence, notamment les épiceries et les stations-services qui elles vendent du pain le dimanche. "Nous voulons laisser la possibilité d'être ouvert 7/7", affirme-t-il. Pour lui, c'est une question de survie de la boulangerie traditionnelle.
Une affaire qui, selon le vice-président de la Glam, devrait être réglée avant l'été, avec une réunion de conciliation prévue, selon lui, début avril. Reste à savoir si les services de la préfecture pourront amener les différents partis à un compromis acceptable.
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