Première journée de procès pour l'étudiant meurtrier

C'est dans un climat émotionnel particulièrement fort que s'est ouvert mercredi le procès d'Alexis B., l'étudiant qui avait tué Anne-Sophie C. le 22 novembre 2007 à Sathonay-Camp (69). En quatrième année de médecine à Lyon, il n'avait, semble-t-il, pas digéré la rupture avec son ex-petite amie et l'avait abattue de trois balles alors qu'elle le raccompagnait chez lui.

Le 22 novembre, aux environs de minuit, Alexis B. tire un premier coup de feu à bout portant sur Anne-Sophie, son ex-petite amie, alors étudiante en ergothérapie à l'école Rockefeller de médecine. A partir de là, tout s'enchaîne. Il déplace le corps de la jeune femme en voiture et, croyant qu'elle vie encore, tire un second coup de feu. Le jeune homme dépose ensuite sa victime dans un champ entre Vancia et Sathonay- Camp puis repart chez lui prendre un sac de couchage et un drap pour l'envelopper. En revenant dans le champ, il entend à nouveau des bruits qui lui laissent penser qu'Anne-Sophie est en vie. Il tire alors un dernier coup de feu et se débarrasse de la voiture avec laquelle il a transporté le corps. Les affaires de la victime sont jetées dans la Saône, puis l'étudiant emmène le corps d'Anne-Sophie dans le parc de la Feyssine, il le dissimule sous un tronc d'arbre. En rentrant chez lui, Alexis B. avoue immédiatement le meurtre à ses parents qui, inquiets de son état psychologique, le conduise à l'hôpital du Vinatier où il sera interpellé quelques heures plus tard.

Un “lien existentiel“

Que s'est-il passé dans la tête de ce jeune homme de 21 ans au moment des faits ? Lui-même peinait à l'expliquer au président de la cour lundi, il évoque toutefois une perte de contrôle. “J'étais dans un état second et ce n'était pas vraiment moi", déclare-t-il d'une voix tremblante. Bon élève jusqu'au moment des faits, il est décrit comme quelqu'un de calme et jovial quoiqu'un peu jaloux. Le président de la cour d'Assises, conclut d'ailleurs : “vous {aviez} une vie normale de jeune étudiant, sans difficultés particulières“. Mais au fur et à mesure que sa relation avec Anne-Sophie se dégrade, le jeune homme développe des tendances suicidaires et tente de mettre fin à ses jours en juin 2007.

A la barre, Alexis s'attarde longuement sur ses sentiments envers la jeune femme. Il avoue d'ailleurs au cours de la matinée avoir développé “un lien existentiel“ et un “état de soumission à ce lien“. Les experts auditionnés ont néanmoins contredit lundi matin la thèse du crime passionnel. Ils évoquent plutôt un état limite et un narcissisme fragile mais omniprésent entraînant une peur de l'abandon. Le soir même des faits, Alexis projetait de mettre fin à ses jours avec une arme à feu, il avait déposé une lettre d'adieu dans la boite aux lettres des parents de la jeune femme. Mais c'est après l'avoir rencontré par hasard et avoir discuté avec elle de son nouveau petit ami que le jeune homme serait passé à l'acte ce soir-là.

Des doutes sur la préméditation

Mais le doute plane sur la spontanéité du geste. Les parties civiles soutiennent la thèse du meurtre avec préméditation, étant donné la situation antérieure et le déroulement des faits. Quelques éléments troublants viennent d'ailleurs étayer cette thèse. Le soir des faits, le jeune homme se trouvait en effet près du domicile d'Anne-Sophie à Saint-Didier-au-Mont-d'Or. Quand celle-ci le croise en voiture vers 23h45, il est en train de changer une roue crevée. A-t-elle proposé de le raccompagner ou l'a-t-il menacé, sachant que l'arme était difficile à dissimuler dans la poche de son blouson ? Savait-il ou non que la jeune femme allait rentrer chez elle par cette route ?

Malgré les déclarations de l'accusé au procès, certaines pièces à conviction comme l'arme et la lettre n'ont pas été retrouvées et l'examen de son téléphone portable a montré qu'il se trouvait bien à proximité de Saint-Didier-au-Mont-d'Or deux heures avant le meurtre. Cependant, Alexis nie toujours avoir préméditer son meurtre. Les différents témoignages ainsi que les rapports d'enquêtes devraient permettre d'apporter de nouveaux renseignements sur ce point dans les prochains jours. L'audience doit se poursuivre encore deux jours, le verdict est attendu vendredi. L'étudiant risque jusqu'à 30 ans de prison.

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