Le tribunal judiciaire de Lyon a suspendu l’arrêté préfectoral autorisant l’extension de l’entreprise Daikin, au sud de Lyon, après le référé déposé par le collectif "Bien Vivre à Pierre Bénite" et soutenu par la ville d’Oullins-Pierre-Bénite.
"C’est une première victoire dans le parcours judiciaire dans lequel nous nous sommes engagés depuis deux ans", a ainsi déclaré Jérome Moroge, maire d’Oullins-Pierre Bénite. Hier, jeudi 20 juin, le tribunal judiciaire de Lyon a suspendu l’arrêté préfectoral autorisant l’extension de l’usine Daikin au sud de Lyon. Une décision prise après le référé déposé le 4 juin par les collectifs "Bien Vivre à Pierre-Bénite" et "Notre Affaire à Tous", auquel la ville d’Oullins-Pierre-Bénite s’était associée.
L’extension prévoyait notamment la création d’une nouvelle unité de fabrication sur le site de Pierre-Bénite. Un projet soutenu donc par la préfecture du Rhône qui assurait le 31 mai dernier que cette extension "ne conduit pas à des rejets de PFAS dans l'eau".
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Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés ( textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.
"Une décision qui va dans la bonne direction"
Dans un communiqué publié hier, le collectif et la ville se félicitent "de cette décision qui va dans la bonne direction, contribuant à instaurer des garde-fous et une vigilance accrue quant à l’utilisation de substances toxiques par les industriels à proximité des zones urbaines." Le juge des référés aurait donc entendu l’argument selon lequel l’extension "aggraverait une situation environnementale et sanitaire déjà critique." Il aurait en effet estimé "que les modifications successives apportées à l’installation classée ont conduit à une augmentation significative de l’émission de produits toxiques (…) et à l’introduction d’un nouveau produit toxique, le bisphénol AF."
Le tribunal aurait également jugé "nécessaire de soumettre le projet à une autorisation environnementale et à une évaluation environnementale", continuent le collectif et la ville dans leur communiqué. Ils concluent : "Nous restons pleinement mobilisés pour assurer la sécurité des habitants, sans oublier le nécessaire maintien du dialogue avec les services de l’État, toujours dans l’objectif de faire cesser toute forme de rejets de perfluorés à Oullins-Pierre-Bénite."
Le collectif "Bien Vivre à Pierre-Bénite" a, de son côté, entamé une seconde procédure : une requête au fond pour faire annuler l’arrêté préfectoral. La décision doit être rendue dans 18 mois.
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