Le festival Jazz à Vienne s’est achevé samedi 10 juillet, après 17 jours de concerts. Dans un contexte difficile, en raison de la crise sanitaire, les organisateurs se réjouissaient d’avoir tout de même pu accueillir 72 000 spectateurs. Benjamin Tanguy, le directeur artistique de Jazz à Vienne est revenu pour Lyon Capitale sur cette 40e édition.
Dix-sept jours durant, du 23 juin au 10 juillet, le Théâtre Antique de Vienne a de nouveau résonné au son du jazz. Ce "retour de la musique live", selon les mots du directeur artistique de Jazz à Vienne, Benjamin Tanguy, ne s’est pas fait sans difficulté, entre les annulations d’artistes, la mise en place du pass sanitaire ou encore les nombreux remboursements de clients.
En dépit de toutes ces contraintes liées au Covid-19, les organisateurs ont tout de même réussi à proposer 102 concerts et à accueillir quelque 72 000 festivaliers. Une affluence bien éloignée des 229 000 visiteurs enregistrés en 2019, mais qui a la saveur d’un "succès" pour les organisateurs. Quelques jours après la fin du festival, Benjamin Tanguy est revenu pour Lyon Capitale sur une édition anniversaire "qui restera dans les anales".
Lyon Capitale : Jazz à Vienne est l’un des premiers festivals à avoir été organisé depuis le déconfinement. Vous avez réussi votre pari en accueillant 72 000 spectateurs ?
Benjamin Tanguy : C’est un véritable succès sur plusieurs points. On est assez satisfaits de cette fréquentation, mais aussi du rôle que l’on a pu jouer pour le secteur culturel, dans le sens où, pour les artistes, c’était essentiel de retrouver la scène. Il y avait également un caractère social important, du fait que cela a permis au public de retrouver un lieu culturel. Il y avait beaucoup d’émotions, c’était vraiment très fort, parce que du coup il y avait une certaine fragilité de la part des artistes, c’était assez magique.
Ce que l’on aime à Jazz à Vienne c’est d’avoir une programmation qui ne ressemble pas aux autres, de créer des rencontres entre les artistes que l’on ne peut voir qu’ici. On veut créer des moments un peu rares entre les artistes, comme lors de la carte blanche à Manu Katché où c’est vraiment une relation humaine qui a permis la rencontre du public avec Sting. Il est venu par amitié pour Manu Katché et pour fêter les 40 ans du festival. Il était en Italie juste avant et cela s’est fait en toute simplicité, c’était incroyable.
"C’est une édition qui va rester dans les anales, dans la mémoire des organisateurs et du public. On n’a jamais reçu autant de messages bienveillants." Benjamin Tanguy
Cette année, vous fêtiez vos 40 ans dans un contexte très particulier, cette édition 2021 va marquer l’histoire du festival ?
C’est une édition qui va rester dans les anales, dans la mémoire des organisateurs et du public. On n’a jamais reçu autant de messages bienveillants, de retours sur l’organisation du festival de la part des festivaliers. On a réussi à accueillir le public et les artistes dans de très bonnes conditions, malgré le fait que l’on ait eu beaucoup de changements à apporter avec les nouvelles informations sur le couvre-feu, le pass sanitaire, la distanciation sociale, le port du masque et bien entendu les changements de programmation.
Qu’est-ce qui a été le plus compliqué dans l’organisation de ce festival au temps du Covid-19 ?
L’obligation du pass sanitaire, sans aucun doute. On a dû rembourser une quantité importante de festivaliers par rapport à ça. Le festival s’est déroulé très tôt dans la campagne de vaccination et c’est un événement qui dure 17 jours, de ce fait, nous avons de nombreux abonnés et pour beaucoup l’idée de se faire tester tous les deux jours était trop compliquée. Donc ils sont nombreux à avoir jeté l’éponge et demandé le remboursement.
On le voit bien sur des festivals comme les Francofolies ou les Vieilles Charrues, les organisateurs ont du mal à faire venir le public parce que le pass sanitaire est un véritable frein. Dans quelques mois beaucoup de gens seront vaccinés et donc ce ne sera plus qu’un QR code à scanner, mais actuellement, sur un festival aussi long que le nôtre, c’est très compliqué.
"C’est une édition qui était plus qu’un anniversaire, c’était vraiment le retour de la musique live." Benjamin Tanguy
Quels sont les retours de la part des artistes ?
Ils sont très positifs. Pour certains comme Deluxe, Ibrahim Maalouf ou encore Bokanté il s'agissait de leur premier concert et ils étaient extrêmement contents. Il y avait beaucoup d’émotions de retrouver la scène, le public. Il y a un lien qui s’est créé entre le public et les artistes.
Au milieu de toutes les annonces du gouvernement est-ce que vous avez eu des moments de doutes, quant à la tenue du festival ?
Oui bien sûr, il y a des moments où l’on a vraiment douté avec toutes les annulations en cascade, ce n’était pas simple. Mais nous n’avons pas cessé de nous dire que nous allions faire ce festival-là, qu’importent les conditions, qu’on le devait pour le public et les artistes. Et finalement, nous avons pu proposer une programmation qui correspond à notre ADN et à ce que l’on voulait faire pour nos 40 ans. C’est une édition qui était plus qu’un anniversaire, c’était vraiment le retour de la musique live.
Les spectateurs venus ont constaté que la première des exigences a été de justifier d'un passe sanitaire de 14 jours eu d'un test négatif. Le billet du spectacle lui-même arrivait bien après !