Nathalie Arthaud a lancé sa campagne pour l’élection présidentielle 2022. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

Présidentielle - Nathalie Arthaud répond à Lyon Capitale : "il n’y aura pas d’union de la gauche et il ne faut pas le regretter"

Depuis mercredi 26 janvier et jusqu'à la fin de semaine, Nathalie Arthaud, candidate du parti Lutte Ouvrière à la présidentielle 2022, est en déplacement en région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour Lyon Capitale, elle a répondu aux questions de société actuelles.

Nathalie Arthaud, professeure d'économie, débute sa carrière politique en tant que conseillère municipale à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, entre 2008 et 2014. En parallèle, à partir de 2008, elle est porte-parole du parti d'extrême-gauche Lutte Ouvrière. Elle est finalement connue du grand public, en tant que candidate Lutte Ouvrière à l'élection présidentielle de 2012, où elle obtient 0,56 % des voix. Elle est également candidate lors de l'élection présidentielle de 2017 où elle obtient 0,64 % des suffrages. Nathalie Arthaud est officiellement désignée candidate à l'Élysée pour 2022 par Lutte Ouvrière, à l'occasion du 50e congrès du parti, qui se tenait le 19 et 20 décembre 2020.

Lyon Capitale a rencontré la candidate Lutte Ouvrière Nathalie Arthaud, mercredi 26 janvier

Vous êtes jeudi 27 janvier face à des étudiants de Sciences Po Lyon pour débattre sur les sujets politiques et sociétaux actuels. Quelles sont les propositions que vous adressez à la jeunesse à moins de trois mois de la présidentielle ?

Déjà, la proposition de ne pas se résigner. La proposition de changer cette société. La proposition que, finalement, il est possible et même une nécessité et une urgence de contester cette société capitaliste.

On voit bien que toutes les possibilités qui existent dans la société, les richesses, les moyens scientifiques et techniques ne sont pas mis au service de la population. Ils servent à quelques personnes richissimes. Ce qui m’a frappé, c’est ce qu’il se passe en ce moment sur les vaccins. Le fait que ces brevets empêchent la diffusion des vaccins et empêchent ceux qui voudraient être vaccinés dans les pays pauvres de l’être. Ce que j’ai envie d’apporter à la jeunesse, ce ne sont pas des promesses d’un RSA jeune ou quoi ce que soit. Mais bien la perspective qu’il faut changer cette société. La jeunesse a un rôle à jouer là-dedans.

Le jeudi 27 janvier s'est déroulée  une manifestation interprofessionnelle pour l’augmentation des salaires et pour la défense des emplois. Qu’est-ce que vous avez envie de dire à ces personnes présentes dans la rue ?

Il faut absolument que l'on s’invite dans cette campagne et que l'on mette en avant nos besoins, nos intérêts, nos préoccupations. En particulier, sur les salaires et les petites pensions de retraite. Aujourd’hui, la situation est impossible pour des milliers de femmes et d’hommes qui travaillent, ou qui ont travaillé toute leur vie. Quand vous entendez que beaucoup ne peuvent plus se loger ou se chauffer… y compris des anciens ! Certains sont obligés de s’ensevelir sous des tonnes de couvertures pour pouvoir rester chez eux et regarder la télé. On est confronté à cette situation-là qui est indigne, littéralement indigne ! Face à l’inflation, il faut une augmentation des salaires, des pensions de retraite, des allocations. Et ça, il faut le dire haut et fort !


"Face à l’inflation, il faut une augmentation des salaires, des pensions de retraite, des allocations"


Nathalie Arthaud, à Lyon Capitale 


À quelques mois du premier tour de la présidentielle, quel est votre avis sur la situation de la gauche en ce moment ? Les candidats se multiplient, qu’est-ce que vous en pensez ?

Je pense clairement qu’il n’y aura pas d’union de la gauche. Et il ne faut pas le regretter, parce que les gouvernements d’union de la gauche ont toujours mené une politique anti-ouvrière. Ils ont toujours cogné aussi dur que la droite contre le monde du travail. Il n’y a rien à attendre de ce côté-là. Les travailleurs ont réussi à défendre leur intérêt à travers des rapports de force et des luttes collectives. Et c’est cette perspective-là que je défends.

Au contraire des candidats de gauche, je ne vais pas à l’élection avec un catalogue de promesses électorales. J’y vais avec un programme de lutte, avec des objectifs : augmenter le SMIC et le porter à 2 000 euros net. J’y vais également avec l’idée que l’on doit se répartir le travail entre tous mais je le dis clairement : tout ça, il faudra l’arracher et ça sera une question de rapport de force. 

Vous êtes d’accord que sans union de la gauche, il n’y aura sûrement pas – ou en tout cas moins de chance – d’avoir un candidat de gauche au second tour face à Emmanuel Macron ? Pourquoi ne pas se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon par exemple ?

De toute façon, il n’y aura pas de bon président de la République pour les travailleurs. Et Jean-Luc Mélenchon essaye de ressusciter des illusions. Mais ce n'est pas d’illusions dont les travailleurs ont besoin. Ils ont besoin de la conscience que, c’est à eux de se battre et de se défendre. Parce que Jean-Luc Mélenchon – ou tout autre – se retrouvera au pouvoir, confronté au fameux mur de l’argent [expression imagée et utilisée en 1924 par Édouard Herriot pour caractériser l’opposition des milieux financiers aux politiques de gauche, ndlr].


"Il n’y aura pas d’union de la gauche. Et il ne faut pas le regretter. Parce que les gouvernements d’union de la gauche ont toujours mené une politique anti-ouvrière"

Nathalie Arthaud à Lyon Capitale


Et la réalité, c’est que ça sera encore les financiers et le grand patronat qui feront leurs lois. Mélenchon ou pas, le lendemain de l’élection, qu’est ce qui va gouverner notre société ? Et bien c’est cette concurrence ! Cette concurrence internationale et cette nécessité d’être toujours plus compétitif. Mais pour qui finalement ? Toujours pour une minorité. Ce sont les lois capitalistes qui gouvernent notre société, et ce sont des lois qui sont non-écrites ! Mais ce sont des lois qui imposent ce fonctionnement basé sur l’exploitation. Pour que les uns s’enrichissent et prospèrent, il faut appauvrir, précariser et aggraver l’exploitation des classes populaires. Et même réduire cela, Jean-Luc Mélenchon ne pourrait pas, car pour cela il faut se faire craindre et se faire respecter de la classe capitaliste.

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