A quelques jours du début des soldes, le mercredi 9 janvier, les commerçants de la Presqu'île de Lyon attendent visiblement cette période avec impatience. Avec un mois de décembre globalement difficile, ils doivent faire face à un contexte économique morose. Ils espèrent ainsi inverser la tendance. Certains ont même déjà commencé à vendre à bas prix par le biais des ventes privées. Ambiance en centre-ville.
Rue Emile Zola, cette boutique de vêtements de luxe pour enfants ne désemplie pas; les ventes privées ont débuté ce vendredi 4 janvier. "C'est pour récompenser notre clientèle fidèle de nous faire vivre le reste de l'année", souligne la responsable. "Mais nous ne faisons pas de soldes flottants", qui, selon elle, déstabilise le client.
Un peu plus loin, les magasins haut de gamme de vêtements pour femmes sont nettement moins occupés. Ici aussi on pratique les ventes privées : "nous voulons faire plaisir à notre clientèle privilégiée" , explique, optimiste, Aurélie Bourdin de la boutique Maje. Depuis ce mercredi, les acheteuses qui sont inscrites sur leur fichier peuvent venir faire leurs emplettes avant le grand rush du mercredi 9 janvier. Chez Claudie Pierlot, le même groupe que Maje, la responsable indique que les achats sont multipliés par dix lors du premier jour. C'est avant tout un joli coup marketing qui "marche bien", ajoute-t-elle. Heureusement...
Un mois de décembre difficile
Car, "les cadeaux de Noël ont été une catastrophe", lance une vendeuse dans une boutique de vêtement haut de gamme. Elle préfère rester anonyme et son discours est un peu moins optimiste. "On ne sent plus cette émulation autour des soldes, les clientes qui viennent repérer la pièce rare", observe-t-elle, pensive. "C'est quitte ou double, mais il y a de l'espoir", termine-t-elle en souriant.
Chez Oliver Grant, enseigne de prêt-à-porter essentiellement masculin, le cas est différent. "Mais c'est normal, nos ventes privées ont commencé le 15 décembre", explique le responsable Stéphane Burnichon. Du coup, il enregistre une baisse de 15% de son chiffre d'affaires en octobre et novembre alors que celui-ci a augmenté de 20% en décembre. Preuve que les gens attendent les prix doux pour acheter. Mais globalement cette fin d'année reste dure. "Depuis novembre, on arrache les ventes", témoigne Marge Macquet, directrice du magasin BCBG Maxazria.
Pour les commerçants, les soldes sont avant tout un outil technique pour écouler le stock comme le rappelle volontiers le président des commerçants de la rue Edouard Herriot, Robert Gazarian. "C'est un moment important qui permet de récupérer de la trésorerie", ajoute-t-il.
"une morosité ambiante"
La presqu'île compte environ 1 500 commerces répartis entre grands magasins type Zara et des enseignes indépendantes ou franchisées haut de gamme. Beaucoup attirent une clientèle plutôt aisée. "Même si mes clientes ont les moyens nécessaires, elles dépensent la moitié moins qu'avant; elles attendent de quoi sera fait l'avenir", poursuit Marge, la cinquantaine pleine d'entrain.
Autre explication : certains prix de vêtements ont parfois augmenté de 10 % par rapport à 2011. En cause, l'accroissement du coût de la matière première comme la laine ou le coton. " On a atteint les 100 % d'augmentation; c'est normal qu'il y ait une répercussion sur la marchandise," affirme Stéphane Burnichon.
Morosité ambiante, crise économique, prix plus élevés mais aussi la multiplication de l'offre de textile pour femmes depuis 10 ans... Les raisons sont ainsi multiples pour expliquer ce calme relatif en attendant, les commerçants l'espèrent, la tempête des soldes.