Prison pour mineurs de Meyzieu : un camp de vacances ?

Face à la recrudescence des violences à l'Établissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Meyzieu (69) depuis début février, les surveillants appellent de leurs vœux la mise en place de nouvelles mesures éducatives pour éviter que les incidents ne se multiplient. Mais l'administration pénitentiaire n'a toujours pas validé le projet de nouvelles sanctions éducatives.

La prison pour mineurs de Meyzieu accueille depuis juin 2007, 35 jeunes de 13 à 18 ans. Elle présente une capacité totale de 60 places. Loin d'être surpeuplée donc elle a néanmoins bien du mal à favoriser la réinsertion des jeunes qu'elle accueille. Selon les surveillants qui y travaillent, l'EPM fait même face à une recrudescence de violences et d'agressions. Coup de poings et de pieds, crachats, insultes, sont devenus le quotidien des 60 agents pénitentiaires de l'établissement.

"Les détenus disent qu'ils sont en camp de vacances"

Rien que début mars, une jeune fille placée à l'EPM aurait frappé un surveillant à l'œil. Un autre des détenus mineurs aurait balancé un plateau-repas à la figure d'un surveillant. Des accidents mineurs, mais répétitifs, qui ne peuvent faire l'objet de sanctions disciplinaires. "On peut avoir 5 à 6 accidents mineurs dans une seule journée", se plaint Thierry Gidon, délégué régional FO à l'EPM. les mineurs incarcérés prennent ainsi leurs co-détenus ou les surveillants pour cible régulièrement, une à deux agressions ont lieu par semaine selon les surveillants. "Avec l'EPM, on a voulu créer un système de gestion des mineurs très ouvert où les jeunes ont le maximum de chance. Mais on a oublié l'essentiel : on a affaire à des détenus qui sont des écorchés vifs, à fleur de peau", déplore encore Thierry Gidon qui a décidé de dénoncer aujourd'hui cette situation très défavorable aux gardiens de prison. "Il doit y avoir une réinsertion mais pas à n'importe quel prix. Les jeunes ont des droits mais aussi des devoirs. Au bout d'un moment, on ne peut plus leur trouver d'excuses". Pour lui, le manque de mesures éducatives serait la cause de ces violences. "C'est simple, les détenus disent qu'ils sont en camp de vacances à Meyzieu", regrette le surveillant.

Des sanctions éducatives graduées en projet

Pour remédier à cette situation, des mesures de "bon ordre" auraient été envisagées lors d'un groupe de travail mené avec l'administration pénitentiaire récemment. Le projet consisterait à mettre en place "des sanctions éducatives 'graduées', applicables à tout le monde". Exemple : si un détenu crée un incident lors d'une activité optionnelle, comme l'art plastique ou la danse, cette activité sera remplacée par un entretien individuel avec un éducateur. Objectif : faire comprendre au détenu qu'il a commis une faute, même si elle n'est pas punissable disciplinairement parlant. Des propositions simples et qui se révèleraient efficaces pour celles qui sont déjà appliquées. Mais alors que les mesures de bon ordre devait être renforcées dès le mois de mars à l'EPM de Meyzieu, le projet serait toujours en attente de validation à la direction régionale des services pénitentiaires de Lyon. Celle-ci, contactée par Lyon capitale, n'a pas souhaité réagir.

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